Dans la nébuleuse d'Orion : des éclipses d’étoiles binaires...

Des astronomes viennent de déterminer directement les masses respectives de deux jeunes étoiles dans la nébuleuse d'Orion. Ces mesures ont été réalisées grâce au système optique Adonis (Adaptative Optics Near Infrared System) à l'observatoire de La Silla, au Chili.

Par Céline Ravallec, le 10/10/2001

Le sujet observé était un système binaire d’étoiles localisées dans la Nébuleuse d’Orion, à 1 500 années-lumière de la Terre et appelé RXJ 0529.4+0041. Ces toutes jeunes étoiles, âgées de 10 millions d’années, tournent l’une autour l’autre en seulement trois jours. Durant une révolution totale, elles s’éclipsent à tour de rôle pendant environ six heures. Ces éclipses successives provoquent un affaiblissement de la luminosité du couple stellaire perceptible depuis la Terre. En mesurant ces variations de luminosité, une équipe d'astronomes italiens de l'Eso est parvenue à mesurer la masse de chaque étoile, ainsi que leurs tailles approximatives et la température qui y règne.

L’étoile cachée lors de la première éclipse, l’étoile “primaire“, est la plus massive et la plus brillante du système : sa masse a été estimée à 1,3 fois celle de notre Soleil, soit environ 2,6.1030 kg. Son diamètre est de 1,6 fois celui du Soleil et sa température en surface est légèrement supérieure à 5 000°C, soit quelques centaines de degrés de moins que notre étoile.

L’étoile “secondaire“ est plus petite. Ses critères sont : poids d’environ 1,8.1030 kg, soit 90 % de celui du Soleil, pour un diamètre plus large de 20 % (environ 1,7 million de kilomètres) et une température de surface d’environ 4 000°C. Connaître la masse des étoiles permet de prévoir leur destin. Les étoiles massives ont une vie courte : chaudes, très lumineuses, elles épuisent leur énergie en quelques millions d’années. Les étoiles peu massives, à l’image de notre Soleil, libèrent par contre leur énergie beaucoup plus lentement et brillent plusieurs milliards d’années. Les étoiles de RXJ 0529.4+0041 auront donc un destin similaire à notre propre Soleil. C’est la première fois que de telles mesures sont réalisées sur un système binaire d’étoiles jeunes et de faible masse.

Céline Ravallec le 10/10/2001