Fuse dévoile l’environnement de Bêta Pictoris

Les récentes observations de l'étoile Bêta Pictoris par le satellite franco-américain Fuse prouvent que, contrairement à ce que pensaient les astronomes, les systèmes planétaires sont extrêmement actifs dans les premières centaines de millions d'années de leur existence.

Par Céline Ravallec, le 10/10/2001

L'étoile Bêta Pictoris est entourée d'un disque de gaz et de poussières, disque que l'on voit par la tranche depuis la Terre. On suppose qu'il s'agit d'un jeune système planétaire.

Le satellite Fuse (Far Ultraviolet Spectroscopic Explorer) vient de révéler l’absence d’hydrogène moléculaire (H2) dans le disque de matière entourant l’étoile Bêta Pictoris. Cette découverte est surprenante car le télescope spatial Hubble avait préalablement détecté la présence de molécules de monoxyde de carbone (CO) dans ce disque soupçonné depuis longtemps par les scientifiques d’abriter un système planétaire. Or ceci est à l’opposé de ce que l’on observe dans les nuages de gaz de notre galaxie, où il n’y a de CO qu’en présence de H2.

Cette apparente contradiction s’explique en fait par la présence de millions de comètes autour de Bêta Pictoris. On sait que les comètes libèrent les gaz congelés en leur sein lorsqu’elles s’approchent de leur étoile. Mais l’hydrogène moléculaire ne pouvant être piégé sous forme de glace comme le CO, cette évaporation de comètes alimente le disque de Bêta Pictoris en CO sans y ajouter d’hydrogène moléculaire.

Cela prouve donc l’intense activité qui règne dans le proche environnement de l’étoile, âgée de 20 millions d’années. Alors que l’on pensait que les systèmes planétaires étaient rapidement figés après leur formation, il apparaît désormais qu’ils sont en réalité extrêmement actifs pendant les premières centaines de millions d’années de leur existence. Bêta Pictoris illustre la phase finale de formation des systèmes planétaires et pourrait permettre de reconstituer ce qui s’est passé dans notre propre système solaire.

Lancé le 24 juin 1999, Fuse a été conçu et réalisé grâce à une collaboration entre la Nasa, le Cnes et l’agence spatiale canadienne (ASC). C’est un satellite dédié à la spectroscopie à haute résolution dans le domaine ultraviolet. Ses observations dans l’ultraviolet, impossibles depuis le sol terrestre, permettent de détecter des signatures uniques de l’hydrogène. Cette molécule constituée de deux atomes d’hydrogène est la plus abondante puisqu’elle représente plus de 90 % des atomes de l’Univers.

Céline Ravallec le 10/10/2001