Europe spatiale : un Français à la tête de l'ESA

Le 1er juillet 2003, le Français Jean-Jacques Dordain a pris les fonctions de directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA). A 57 ans, cet expert des arcanes de la stratégie nourrit l'ambition de “mettre l'espace au service du citoyen européen“.

le 02/07/2003

Jean-Jacques Dordain fût l'un des premiers candidats astronautes français au Cnes. Il est passé à la direction de la stratégie et de la politique internationale de l'ESA, puis à la direction des lanceurs pendant deux ans. Il pilote désormais un vaisseau soutenu par 15 Etats-membres, avec un budget de 2,6 milliards d'euros et un effectif de 1 800 personnes.

L'avenir de la fusée Ariane est-il assuré ?

Jean-Jacques Dordain prend la tête de l'Agence spatiale européenne.

« Oui. Après son échec de décembre dernier et en conséquence du tassement du marché des satellites de télécommunication, le lanceur Ariane – porte-drapeau de l'Europe spatiale – se trouvait menacé. La conférence qui a réuni les ministres des 15 pays-membres de l'ESA le 27 mai 2003, à Paris, a remis la filière sur les rails. Plus d'un milliard d'euros y seront consacrés sur cinq ans. La version lourde, Ariane 5 – 10 tonnes sera de retour en vol en 2004. Et les efforts fournis par les industriels du programme permettront de réduire de 30 % les coûts de production sur le lot de trente lanceurs Ariane qui maintenant entre en fabrication. »

En arrivant à la tête de l'Agence spatiale européenne, quelles sont vos priorités ?

« La priorité pour les prochains mois est d'établir de bonnes relations avec l'Union européenne et qu'elles bénéficient à tous les citoyens. L'objectif est de doubler les ressources disponibles pour les activités spatiales. Nous projetons de déployer une constellation de trente satellites de navigation (Galileo) complémentaire du GPS américain, de lancer le programme de surveillance pour l'environnement et la sécurité (GMES) et de soutenir les développements technologiques pour l'industrie. Ceci aidera à accéder à l'internet haut-débit et à réduire la “fracture numérique“ entre les régions. »

La station spatiale internationale (ISS) reste-t-elle d'actualité ?

Au Salon du Bourget 2003, ...

« Clairement. L’Agence apporte deux contributions importantes à ce premier programme de collaboration mondiale dans l'espace. Le véhicule de transfert automatique ATV sera lancé par Ariane 5 à partir de septembre 2004. Le module laboratoire Columbus, lui, sera fin prêt début 2005. Mais il doit attendre la remise en vol de la navette américaine pour pouvoir être arrimé à l'ISS. »

En ces temps de restrictions budgétaires, l'exploration scientifique est-elle en perte de vitesse ?

« Pas du tout. Nous venons de lancer la mission Mars-Express début juin. Le contrat d'emport de la sonde Venus Express (confié à une fusée Soyouz également) a été signé au Salon du Bourget pour l'horizon 2006. L'an prochain, le robot d'exploration cométaire Rosetta s'envolera sur Ariane 5 depuis et la sonde Huygens atterrira sur Titan le gros satellite de Saturne. Le programme d'exploration scientifique constitue la colonne vertébrale de l'ESA. Il permet de maintenir les compétences techniques au plus haut niveau et de développer l'expertise industrielle européenne. »

le 02/07/2003