L’australie sous les eaux : la faute à la Niña ?

Le refroidissement des eaux du Pacifique lié au phénomène climatique la Niña pourrait être à l'origine des graves inondations qui ravagent l'est de l'Australie.

Par Romain Lejeune, le 26/01/2011

La ville de Rockhampton sous les eaux

Après avoir affecté le nord-est de l'Australie au début du mois de décembre, causant notamment de nombreux dégâts dans la ville de Brisbane, de fortes inondations frappent l'État du Victoria depuis quelques jours, dans le sud du pays. Près de quarante ans après la crue historique de 1974, les Australiens doivent à nouveau faire face à une catastrophe naturelle qualifiée de « biblique » par les autorités locales.

La surface touchée par ces intempéries est supérieure à la taille de la France et l'Allemagne réunies, soit plus de 1 million de kilomètres carrés. Un phénomène d'autant plus surprenant qu'il fait suite à plusieurs années de sécheresse dans ces mêmes régions. « La transition entre sécheresse et inondation est assez brusque, note Francis Codron, chercheur au Laboratoire de météorologie dynamique. Pour autant, ces inondations sont le résultat d'un phénomène climatique bien défini : la Niña. »

Francis Codron : « La Niña, un phénomène climatique particulier. »

En effet, la Niña est caractérisée par un renforcement des vents (alizés) autour de la zone équatoriale du Pacifique. Ces alizés soufflant de l'est entraînent les eaux chaudes de surface vers l'Australie tandis que les eaux froides situées en profondeur remontent au niveau des côtes du Pérou (phénomène d'upwelling). Les eaux chaudes proches des côtes australiennes réchauffent l'atmosphère : l'air chargé d'humidité s'élève puis se condense en forte précipitations.

« Ces mouvements des eaux de surface réorganisent les zones de précipitations de la région. Lorsque l'océan Pacifique devient froid, les zones de pluie s'en écartent et se déplacent vers les terres situées à l'opposé », précise Francis Codron.

Une Niña très « intense »

Hervé Le Treut : « La canalisation des fleuves peut poser problème. »

En 2010, la Niña a été particulièrement intense. Elle a débuté dès le printemps et s'est renforcée au fil des mois. La raison ? « C'est assez difficile à dire aujourd'hui, avoue Francis Codron. Pour autant, il ne semble pas y avoir pas de liens entre la puissance du phénomène et le changement climatique. »

Pour le directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace, Hervé Le Treut, « si, à l'avenir, ce phénomène ne se répète pas, c'est qu'il s'agissait d'un événement isolé. On ne peut faire d'interprétations liant les mécanismes climatiques et leurs conséquences que sur des échelles beaucoup plus longues ».

D'ici le mois d'avril, les conditions climatiques pourraient connaître un retour à la normale. De telles transitions ont déjà été observées par les chercheurs. « De 1997 à 2000, des épisodes chauds et froids se sont succédés dans la région, rappelle Francis Codron. En revanche, il n'est pas possible de prévoir avec exactitude ce qui se passera l'année prochaine. » Pour l'heure, après une période d'accalmie, les météorologues australiens annoncent à nouveau de la pluie dès les prochains jours. Au total, cinq États australiens ont été touchés par ces intempéries, causant la mort de plus de 30 personnes.

Romain Lejeune le 26/01/2011