Premier trou d’ozone en Arctique

2011 restera comme l’année où, pour la première fois, un trou d’ozone s’est formé au-dessus du pôle Nord, frôlant la Scandinavie et le Canada. Causé par les gaz à effet de serre, cet événement pourrait se reproduire chaque année. Explication.

Par Viviane Thivent, le 03/10/2011

Les trous d'ozone observés cette année

On a cru l’affaire entendue : on arrêtait d’émettre des chlorofluorocarbures (CFC) et, en retour, le trou d’ozone qui chaque année se forme au-dessus de l’Antarctique se résorbait. Mais c’est sous-estimer le caractère complexe de la machine climatique qui, faisant fi des réglementations, a continué à s’emballer. Cette année, pour la première fois depuis que les scientifiques suivent la couche d’ozone, un trou est apparu au-dessus de l’Arctique, laissant un flot anormalement nocif d’UV lécher les limites nord de l’Asie, des Amériques et de l’Europe. C’est ce que vient d’annoncer une équipe internationale (G. Manney et al., Nature, 2 octobre 2011).

Bien sûr, on savait que la couche d’ozone du pôle Nord était, à l’instar de celle du pôle Sud, malmenée à la sortie de chaque hiver. On y observait quelques petites percées et des zones d’amincissement. Mais jamais un trou, « entre autres, parce que les courants atmosphériques sont bien plus complexes et instables au-dessus du pôle Nord qu’au-dessus du pôle Sud, explique Francis Codron, du Laboratoire de météorologie dynamique de Paris. Ceci explique que le trou d’ozone apparaisse plus facilement en Antarctique ».

Les gaz à effet de serre en cause

Mais alors, comment expliquer l'apparition soudaine de ce trou d'ozone au nord ? « Par l’augmentation des émissions en gaz à effet de serre », affirme Francis Codron. Et pour cause : pour que l’ozone stratosphérique (20 à 50 km d’altitude) soit détruit, il faut du soleil, des CFC mais aussi une température très basse ; les réactions de destruction ne peuvent en effet se faire qu’à la surface de cristaux de glace. « Or, si les gaz à effet de serre réchauffent l’atmosphère à une basse altitude, ils la refroidissent au niveau de la stratosphère, accélérant le processus de destruction de l’ozone », souligne le chercheur. Ils l’accélèrent d’autant plus que les concentrations de CFC dans cette couche atmosphérique, elles, ne diminueront pas avant une cinquantaine d’années.

Cette année, il a fait particulièrement froid dans la stratosphère de l’hémisphère Nord, d’où la formation de ce trou. Une première qui risque désormais de se répéter.

Viviane Thivent le 03/10/2011