Fonte des calottes polaires et niveau marin

Une étude menée par des chercheurs de l'université de Californie et de la Nasa réévalue à la hausse l'évolution du niveau des mers d'ici 2100.

Par Romain Lejeune, le 30/03/2011

Des mesures plus pointues

Décryptage de l'étude d'Eric Rignot, par Valérie Masson

Selon une étude publiée le 4 mars dans la revue Geophysical Research Letters, le niveau des mers pourrait augmenter de plus d'un mètre d'ici à 2100. « Si la fonte des glaciers se poursuit au rythme actuel, nous devrions voir le niveau des mers augmenter de 30 centimètres d'ici à 2050, explique Eric Rignot, auteur de l'étude et professeur des sciences de la Terre dans l'une des universités de Californie (Croul Hall, Irvine). D'ici à 2100, les prédictions sont plus difficiles. Cependant, si les choses n'évoluent pas, le niveau marin augmentera certainement de plus d'un mètre ».

Cette étude se base sur des données obtenues grâce à des mesures satellitaires qui permettent d'observer l'évolution de la masse glaciaire, son relief, son altitude. Des observations qui ont bénéficié des nouvelles possibilités de mesure de la fonte des glaciers. « Une calotte perd de l'eau soit par fusion soit par écoulement, explique Valérie Masson, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE). Jusqu'en 2007, on ne parvenait pas à évaluer la part de l'écoulement dans la fonte des glaciers. Cette fonte est directement liée à la température extérieure. L'écoulement est issu de cette fonte : ce sont les fleuves de glace fondue qui se jettent directement dans l'océan. Plus l'écoulement est rapide, plus la masse d'eau redistribuée est importante. Désormais, les nouveaux systèmes d'observation permettent de mesurer la part de cet écoulement. C'est ce qui a aidé Eric Rignot à évaluer l'état de nos calottes polaires avec plus de précision ».

Révision des prédictions du GIEC

Les nouvelles possibilités d'étude des glaciers, par Valérie Masson

Ne bénéficiant pas des outils qui permettent de calculer la part de l'écoulement dans la fonte des glaciers, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estimait en 2007 la hausse du niveau des mers de 18 à 59 centimètres d'ici à 2100. « Malheureusement, l'influence des accélérations d'écoulement est la plus grosse partie du signal, et il est très probable que cela le restera, note Eric Rignot. Une partie du GIEC a refusé de prendre en compte les observations effectuées avant 2006, pensant que l'accélération de la fonte pouvait être lié à quelques étés chauds. En tant que co-auteur, je n'étais pas du tout d'accord avec ce résumé, mais le rapport est un consensus, et le consensus était : on ne sait pas. Désormais, je crois que les choses sont beaucoup plus claires pour tous ».

Un avis que partage Valérie Masson. « L'augmentation du niveau des mers a pu être sous-estimé dans le rapport du GIEC car il n'intégrait pas l'écoulement des glaciers, explique t-elle. La raison est simple : on ne savait pas le quantifier. Dans le prochain rapport du GIEC, les travaux publiés récemment seront très certainement pris en compte ». Réponse en septembre 2013.

Romain Lejeune le 30/03/2011