Deepwater Horizon : la marée noire, un an après

Le 20 avril 2010, la plateforme Deepwater Horizon explose au large de la Louisiane, entrainant la mort de 11 personnes. Elle sombre le lendemain par 1500 mètres de fond. Trois fuites sont détectées et 780 millions de litres de pétrole se déversent dans le golfe du Mexique durant trois mois. Le 15 juillet 2010, la fuite est enfin stoppée. Etat des lieux, en avril 2011.

Par Anaïs van Ditzhuyzen, le 20/04/2011

Polémique sur les chiffres

Selon la NOAA

Que sont devenus les 780 millions de litres de pétrole ? Une partie a été pompée directement au fond, récupérée ou brûlée à la surface. Le pétrole a pu aussi s'évaporer ou se dissoudre. L'épandage de dispersants chimiques a permis d'en transformer une partie en microgoutelettes. La houle, le vent et les courants ont aussi joué un rôle de dispersant naturel. Au final, selon l'Agence fédérale américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), un peu plus du quart du pétrole écoulé subsiste encore dans la nature.

Selon l'université de Géorgie

Charles Hopkinson, directeur de l'étude menée à l'université de Géorgie explique la principale raison qui explique cette différence : "le pétrole dissous et dispersé ne peut être considéré comme ayant disparu. Il est toujours présent même si c'est à l'échelle microscopique". Des travaux menés par Samantha Joye de l'université de Géorgie montrent d'ailleurs qu'une couche de pétrole de 4 centimètres d'épaisseur s'est formée à proximité de l'ancien puits.

Littoral souillé, marécages en danger

Nettoyage des marécages le 3 juillet 2010, baie de Terrebonne.

1600 kilomètres de côte ont été touchés par la marée noire. Malgré le nettoyage opéré, des boulettes apparaissent encore aujourd'hui sur les plages et le ramassage se poursuit.

L'état des marécages est plus inquiétant. Certains ont littéralement changé de couleur : le pétrole suinte du sol. "Ils sont difficiles voire impossibles à nettoyer", explique Tom MacKenzie du U.S. Fish and Wildlife Service. Depuis des dizaines d'années, ces zones sont en danger : l'implantation d'industries pétrolières réduit leur surface. Cette nouvelle dégradation met en danger les régions avoisinantes. En effet, la capacité de ces zones humides à absorber l'eau stoppe les vagues dévastatrices lors de grandes tempêtes.

Les dernières marées noires

Les dernières marées noires

Une faune durement touchée

Le pélican brun, emblème de la Louisiane, venait d'être retiré de la liste des espèces en danger.

Selon le US Fish and Wildlife Service, plus de 8.000 oiseaux ont été recueillis et parmi eux, 6000 sont morts. 600 tortues de mer ont également péri.

"Ces chiffres ne permettent pas d'évaluer le réel impact sur la faune, regrette Tom MacKenzie. Beaucoup d'animaux morts en mer n'ont pas pu être récupérés."

 

Les thons rouges se reproduisent chaque année à cette époque dans le Golfe du Mexique...

153 dauphins se sont échoués sur les côtes. La marée noire serait-elle coupable ? Difficile à dire. Cependant, selon la NOAA, la moitié des cétacés étaient des nouveaux-nés conçus au moment de la catastrophe, laissant présager que la marée noire est à l'origine de leur mort.

En mai 2010, une partie des eaux fédérales avaient été fermées à la pêche mais depuis leur réouverture en octobre, des contrôles ont été réalisés par les autorités américaines. Ils assurent que les produits issus de la mer sont sans risque pour la santé. Par ailleurs, l'interruption de la pêche aurait permis aux stocks de poissons comme le rouget et le macquereau roi de se reconstituer.

Des milliards de dollars pour BP

Coût total estimé par BP : 40,9 milliards de dollars

Selon BP, la marée noire devrait coûter près de 41 milliards de dollars. "Nous dépensons encore environ 5 millions de dollars par jour", précise BP. Environ la moitié de la somme serait reversée en indemnisations.

Y aura-t-il un “après Deepwater Horizon“ ?

Jean Guesnon est directeur expert pour les technologies offshore à l'Institut Français du Pétrole

"Les normes de sécurité n'ont pas changé mais des directives ont été communiquées pour que les procédures de sécurité soient bien respectées." Pour Jean Guesnon, directeur expert pour les technologies offshore à l'Institut français du pétrole, les causes de la catastrophe provenant du non-respect des procédures de prévention, les normes de sécurité ne sont pas à remettre en cause.

Les méthodes d'intervention en cas d'urgence ont, elles, été revues. "Les sociétés pétrolières du Golfe se sont rassemblées pour créer des moyens d'interventions", explique-t-il. Les experts réfléchissent aux moyens les plus rapides pour intervenir en cas de fuite, mais rien n'est encore en place. Toutes les plateformes ont été contrôlées aux États-Unis et les forages en eaux profondes ont repris depuis le mois dernier. Ainsi Transocéan, la compagnie propriétaire de la plateforme qui a sombré l'année dernière, vient de battre un nouveau record de forage : plus de 3000 mètres, au large de l'Inde.

Anaïs van Ditzhuyzen le 20/04/2011