Des TIC productrices de gaz à effet de serre

Selon un rapport réalisé par Bio Intelligence Service (BIOIS) et publié par l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), courriels, requêtes sur le web et clés USB seraient responsables d’environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre dégagées en Europe.

Par Romain Lejeune, le 10/07/2011

Rendu public le 7 juillet, le rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) sur les impacts environnementaux des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) permet d’en savoir un peu plus sur le niveau de pollution des moyens de communication liés à Internet. Les rapporteurs de l’étude se sont concentrés sur trois éléments liés à la diffusion d’informations numériques : l’envoi de courrier électronique, les requêtes effectuées sur Internet et l’utilisation de supports de transmission de documents comme les clés USB.

La méthode d’analyse

Les transferts d’informations mis en oeuvre lors de l’envoi d’un courriel ou d’une requête nécessitent à chaque étape des équipements qui consomment de l’énergie tant pour leur fabrication en amont que pour leur utilisation. Pour étudier l'impact environnemental de la communication par voie électronique, tout le cycle de vie est pris en compte depuis la consommation des matières premières nécessaires à la fabrication des équipements jusqu'à l'élimination des déchets. Pour l’envoi de mail, les paramètres clés identifiés sont les suivants : la consommation de l’ordinateur ; la production et la fin de vie des composants électroniques de l’ordinateur ; l’éventuelle impression du courrier électronique ; la quantité d’électricité consommée par les équipements informatiques (climatisation…) qui permettent de relayer l’e-mail ; la production et la fin de vie des composants électroniques des équipements utilisés pour le traitement et le stockage de l’information.

Source : ADEME
 

247 milliards de courriels par jour

En 2009, 247 milliards de courriers électroniques ont été envoyés chaque jour dans le monde. D’ici à 2020, ce chiffre pourrait passer à 500 milliards. Dans les entreprises françaises, chaque salarié reçoit en moyenne 58 courriels par jour et en envoie 33. Sur la base de 220 jours de travail par an, les envois de courriels représenteraient l’équivalent de 13,6 tonnes de CO2 dégagés dans l’atmosphère. Plus surprenant, les rapporteurs expliquent que le stockage des courriels et des pièces jointes sur un serveur a lui aussi un impact sur l’environnement. Pour cette raison, les auteurs de l’étude invitent à faire le tri et, concernant les impressions des courriels reçus, de « diminuer de 10 % cette pratique, ce qui permettrait d’économiser 5 tonnes d'équivalent CO2 sur un an ».

Une recherche coûteuse

Effectuer des requêtes sur le web via des moteurs de recherche a également un impact sur l’environnement. Selon le rapport, un internaute français effectuerait en moyenne 2,66 recherches sur Internet par jour, soit 949 recherches par an. Pour un internaute, les demandes via un moteur de recherche représenteraient l'équivalent de 9,9 kg de CO2 dégagés dans l'atmosphère par an. Pour les 29 millions d'internautes français, cela représenterait l'équivalent de 287 600 tonnes de CO2. Premier conseil, « réduire le nombre de pages consultées en utilisant des mots clés lors d’une recherche ». Cependant, il reste préférable de taper directement l’adresse d’un site dans la barre de navigation. Cette méthode permettrait d’économiser 5 kg d'équivalent CO2 par an et par personne.

Qu’est ce que l’équivalent CO2 ?

 

L’équivalent CO2 est l’unité de mesure des émissions de gaz à effet de serre. Elle désigne le potentiel de réchauffement global (PRG) d'un gaz à effet de serre. Le PRG d'un gaz est calculé par rapport à celui du CO2.

Les clés USB ne sont pas épargnées

84% des appareils recyclés en 2008

Enfin, 11 grammes d’équivalent CO2 sont rejetés dans l’atmosphère lorsqu’un document de 10 Mo est transféré via une clé USB de 512 Mo. Le temps de lecture des fichiers a lui aussi des conséquences environnementales. Selon les rapporteurs, il faudrait en moyenne 10 heures pour lire 200 pages, ce qui équivaut à un rejet de 800 grammes d’équivalent CO2. « Si le temps de lecture n’excède pas 2 à 3 minutes par page, il apparaît que la lecture à l’écran a moins d’impact sur le potentiel de réchauffement climatique que l’impression. » Afin d’optimiser le temps de lecture de documents, il est donc conseillé de « faciliter la navigation dans l’ensemble des documents ».

De la même manière, lors d’un séminaire, il est indiqué de privilégier la distribution de fichiers informatiques plutôt que de donner une clé USB. Lors d’une conférence rassemblant 100 personnes, cette dernière méthode permettrait de réduire les émissions de 400 kg d'équivalent CO2. En somme, une manière plus écologique de profiter des nouvelles technologies numériques.

Romain Lejeune le 10/07/2011