La galanterie perdure chez les grillons

Les grillons champêtres mâles sont prêts à risquer leur vie pour protéger leur femelle. Un comportement chevaleresque qui permettrait aux mâles d’accroître leur descendance.

Par Viviane Thivent, le 12/10/2011

Il y a voir et… voir. Ainsi, on peut passer des heures à scruter les faits et gestes d’un individu ou d’un animal et se tromper complètement quant à la nature du comportement observé. C’est ce que viennent de montrer trois chercheurs du Centre d’écologie et de conservation de l’université d’Exeter, au Royaume-Uni, après avoir filmé, 24 heures sur 24, le quotidien des grillons champêtres en milieu naturel. Lancée il y a trois ans, cette expérience a pour objectif de tester la validité de modèles théoriques établis à partir d’observations faites en laboratoire, et qui sont aujourd’hui utilisés pour décrire les lois de la sélection naturelle ou sexuelle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la réalité n’est pas tendre avec la théorie.

La guerre des sexes

Après avoir observé trois saisons de reproduction, les chercheurs l’affirment : ce que l’on a longtemps pris pour du machisme serait une forme aiguë de galanterie… en tout cas, chez le grillon. Explications : juste après la copulation, les grillons restent en couple pendant un certain temps. Un comportement qui, d’après les modèles en vigueur, s’expliquerait par la guerre des sexes. En gros, le mâle resterait près du terrier pour empêcher d’autres mâles de féconder sa femelle. Et en effet, lorsqu’un concurrent s’approche trop près, le mâle installé ne se gène pas pour lui mettre une rouste. Pour autant, la présence du mâle n’aurait pas que cette seule fonction.

Passez la première !

Si les deux membres du couple se trouvent tous deux à l’extérieur du terrier et qu’un danger survient, le mâle laisse toujours la femelle rentrer la première et ce, au péril de sa vie. Ce comportement chevaleresque augmente les chances de survie de la femelle mais diminue d’autant celles du mâle. Un mal pour un bien car, en guise de compensation, les mâles en ménage copulent plus souvent et ont une descendance plus nombreuse. Comme quoi, parfois, la galanterie paye.

Viviane Thivent le 12/10/2011