Les rayures du zèbre ? Un répulsif à insectes

D’après une équipe suédoise et hongroise, les rayures du zèbre auraient été sélectionnées au cours de l’évolution parce qu’elles rendaient l’animal invisible aux insectes suceurs de sang.

Par Viviane Thivent, le 10/02/2012

Pourquoi les zèbres sont-ils rayés ? La réponse classique, celle proposée par le biologiste britannique Wallace au XIXe siècle, c’est que les rayures permettent au zèbre de se fondre dans les hautes herbes de la savane. Il s’agirait d’un camouflage contre les prédateurs. Logique, mais faux. Car les zèbres vivent surtout dans des zones de basse végétation. Dans ce contexte, leur pelage les rend aussi discrets que la reine d’Angleterre dans une foule. Alors à quoi peuvent donc bien servir ces rayures ?

Depuis Wallace, de nombreuses hypothèses alternatives, allant de l’interaction sociale à la thermorégulation, ont été proposées. Un large éventail d’explications auquel vient s’ajouter celle de chercheurs hongrois et suédois. D’après leur étude en effet, les rayures permettraient à l’animal de devenir invisible, non pas aux prédateurs, mais aux insectes suceurs de sang comme les taons qui sont d’importants vecteurs de maladie.

Un piège à taons, à la surface collante, en forme de zèbre

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont disposé, en Hongrie, à proximité d’une écurie, des pièges à insectes, noirs, blancs, quadrillés, rayés verticalement ou horizontalement, finement ou grossièrement (A. Egri et al., Journal of exp biology). Ils ont même poussé le vice jusqu’à installer, non loin des chevaux "organiques", des maquettes 3D de chevaux blanc, noir, marron ou rayé. Ou encore des mosaïques complexes de carrés et de traits.

Ils ont ainsi pu montré que les rayures, particulièrement quand elles étaient irrégulières, attiraient moins les taons : elles rendraient le zèbre invisible, du moins dans le système de vision, polarisé, des insectes suceurs de sang. Pour les auteurs, cela expliquerait que ce trait de caractère ait été sélectionné au cours de l’évolution.

Viviane Thivent le 10/02/2012