Vega, un nouveau lanceur pour l’Europe

Après une dizaine d’années de développement, l’Europe vient de tester son nouveau lanceur de petits satellites.

Par Bernard Nomblot, le 15/02/2012

Bien que la tendance générale du marché soit à l’augmentation régulière de la masse des satellites, il existe aussi un marché pour des satellites de petite taille, tournant à quelques centaines de kilomètres au-dessus de la Terre. En effet, de nombreux satellites scientifiques, ou dédiés aux observations terrestres, ne pèsent que quelques centaines de kilos et sont positionnés sur des orbites entre 500 et 1000 kilomètres d’altitude. 

Depuis la fin de la Guerre froide, les Russes comme les Américains utilisent, pour ce type de lancement, d’anciens missiles reconvertis en lanceurs de satellites. L’Europe a décidé, en 1998, de se doter de son propre lanceur de petits satellites. Sept pays appartenant à l’Agence spatiale européenne (Italie, France, Belgique, Espagne, Pays-Bas, Suisse et Suède) se sont engagés dans ce projet. Quatorze ans plus tard, c’est chose faite.

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Véga, c’est le nom de ce nouveau lanceur, a effectué son vol inaugural le 13  février  depuis le Centre spatial guyanais. Coût total du programme : 560 millions d'euros, auxquels il faut ajouter 246 millions d'euros pour améliorer le système et favoriser sa commercialisation, pour les cinq premiers lancements.

Vue d’artiste du lanceur Véga

D’une hauteur de trente mètres, ce nouveau lanceur comprend quatre étages, dont les trois premiers fonctionnent avec un combustible solide, plus facile à stocker et à mettre en œuvre que les combustibles et comburants liquides utilisés dans les gros lanceurs de satellites. D’une masse de 130 tonnes, Vega a emporté plusieurs satellites. Tout d’abord, un satellite de géodésie italien, LARES, qui permettra de réaliser des mesures du champ de gravité terrestre. Mais aussi Almasat, satellite italien de démonstration technologique, et pas moins de six nano satellites Cubesat fabriqués par des universités européennes.

Après le succès de ce premier vol, il est prévu de lancer entre deux et quatre Vega chaque année, pendant au moins dix ans. Ce nouveau lanceur est une preuve supplémentaire de la volonté européenne de ne dépendre que de ses propres moyens pour tous ses lancements de satellites. Au-delà de cette volonté, il est bien évident que l’Europe essaiera, avec Vega, de se positionner sur le marché des lancements de petits satellites clé en main.

Véga, les quatre étages d’un lanceur

Le premier étage de Véga est dérivé des accélérateurs à poudre d’Ariane 5 et sa technologie a donc fait ses preuves. Il contient 80 tonnes de combustible solide. Les deux autres étages à combustible solide ont été conçus et développés par l’Italie et contiennent respectivement 24 et 10 tonnes de combustible. Le quatrième étage, développé lui aussi en Italie, est une adaptation de matériel d’origine russo-ukrainienne. Cet étage emportera des combustibles liquides stockables et permettra le contrôle d'attitude et d'orbite, la séparation des satellites et la manœuvre de désorbitation.

Bernard Nomblot le 15/02/2012