Sida : des anticancéreux pour débusquer les virus cachés

Lors de la dernière conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2012), les spécialistes du Sida ont présenté leurs recherches sur un nouveau type de traitement permettant de débusquer le VIH même lorsqu'il est caché.

Par Gautier Cariou, le 15/03/2012

Un certain optimisme régnait parmi les chercheurs réunis à Seattle pour la conférence sur les rétro-virus et les infections opportunistes (CROI 2012). « D’ici cinq à dix ans, on devrait être capable d'induire une rémission ou une éradication complète du VIH», estime Christine Rouzioux, présidente de l’action coordonnée « réservoirs viraux » à l’Agence de recherche sur le Sida (ANRS).

Cellule lymphocytaire (CD4) infectée par le VIH

L'objet de cet enthousiasme ? Une nouvelle classe de médicaments qui, contrairement aux traitements actuels, sont capables de dénicher le VIH caché dans certaines cellules humaines. En effet, si les anti-rétroviraux bloquent différentes étapes de la reproduction du VIH, ils sont incapables de s'attaquer à l'ADN viral intégré dans le noyau des cellules. L'ensemble de ces cellules infectées forment ainsi un « réservoir viral » et demeurent invisibles. Si bien que les anti-rétroviraux ralentissent la propagation du virus mais n'arrivent pas à l'éliminer.

Des anticancéreux pour le traitement du VIH

Les médicaments suscitant l’optimisme aujourd’hui sont justement capables de débusquer les virus cachés dans ces réservoirs en s’attaquant à leurs enzymes. La recherche dans ce domaine n'en est qu'à ses balbutiements mais nombre de spécialistes perçoivent d'ores et déjà le potentiel de ce nouveau type de traitement. C'est le cas de David Margolis, immunologiste à l'Université de Caroline du Sud. Lors de la conférence, il a ainsi montré qu’un médicament anticancéreux, le SAHA, pouvait obliger certaines cellules infectées à sortir de leur cachette et à se révéler au système immunitaire. 

Christine Rouzioux, prévoit la montée en puissance des nouveaux traitements contre le VIH

En s’inspirant de ce procédé, les chercheurs espèrent pouvoir détruire les cellules infectées et annihiler pour de bon le VIH. Christine Rouzioux met toutefois l’accent sur une difficulté de taille, la « réplication résiduelle ». En effet, le SAHA n'agit que sur quelques réservoirs viraux, si bien que le virus ne disparaît pas complètement et continue de se propager. Le défi majeur est donc de créer des « combinaisons de plusieurs molécules », une sorte de cocktail médicamenteux capable de dénicher la totalité des cellules infectées, pour mieux les détruire. La virologue de l’ANRS prévient que le travail sera titanesque mais que les chercheurs iront « de déceptions en succès. »

Gautier Cariou le 15/03/2012