Traitements antirétroviraux : ça vaut le coût !

La généralisation des traitements antirétroviraux a permis aux Sud-africains d’enrayer la progression de l’épidémie et de gagner onze années d’espérance de vie. En termes strictement économiques, les bénéfices tirés de cette espérance de vie accrue dépassent largement le coût des traitements.

Par Paloma Bertrand, le 25/02/2013

L'Afrique du Sud, un pays exemplaire ? Réponse de Jean-Françoise Delfraissy

Cinq cents à neuf cents dollars US par personne et par an : c’est le coût, en Afrique du Sud, du placement d’un patient séropositif sous traitement antirétroviral. Un coût qui, dans ce pays très lourdement frappé par l’épidémie, soulève parfois la controverse. Pour autant, deux études portant sur la région du KwaZulu Natal, une région rurale d’Afrique du Sud, montrent que ces traitements permettent d’enrayer la progression de l’épidémie (Science, F. Tanser et al.) et d’accroître l’espérance de vie (Science, J. Bor et al.).

L’espérance de vie, qui était de 49,2 ans en 2003, est estimée à 60,5 ans en 2011, soit un gain de plus de onze années. Cette étude porte sur 101.000 personnes établies dans une des régions les plus pauvres du pays, où la moitié des femmes âgées de 35 à 49 ans et un tiers des hommes du même âge sont séropositifs. Les traitements y sont accessibles depuis 2004.

 

Les financements sont-ils aujourd'hui menacés ?

Le coût total de la distribution d’antirétroviraux de 2004 à 2011 est estimé à 10,8 millions de dollars US. Or, selon Jacob Bor du Centre africain pour les études de démographie et santé (Africa Center for Health and Population Studies), le cumul des années « gagnées » grâce à l’augmentation de l’espérance de vie s’élève à 8.142 années pour la population suivie. En s’appuyant sur le revenu national brut par habitant, son équipe de recherche a ainsi calculé que le « bénéfice » économique lié à cette survie additionnelle équivaut à 26 fois le coût des traitements.

Au-delà des chiffres, l’augmentation de l’espérance de vie a un impact positif sur l’évolution de la société sud-africaine. Comme l’épidémie touche principalement les 35-50 ans, l’Afrique du Sud a été confrontée à une dégradation du tissu familial et social : orphelins toujours plus nombreux, disparition de nombreux citoyens impliqués dans la vie civile et politique comme les enseignants, les médecins, les politiciens etc. Grâce aux traitements, c’est donc toute une tranche d’âge qui peut désormais s’autoriser à élaborer des projets d’avenir, pour elle-même et pour ses enfants. Last but not least, les régions dans lesquelles les traitements sont accessibles constatent aujourd’hui un ralentissement sensible dans la progression de l’épidémie.

Paloma Bertrand le 25/02/2013