Rio+20 : premières désillusions

Alors que les chefs d’Etat commencent à peine à arriver sur place, plusieurs ONG protestent contre la tournure que prennent les négociations sur le texte de la Déclaration finale de la Conférence mondiale sur le développement durable qui se tient à Rio de Janeiro jusqu’au 22 juin.

Par Yaroslav Pigenet, le 20/06/2012

Après le relatif échec du sommet de Copenhague sur le climat de 2009 consacré à la lutte contre le réchauffement climatique, nul ne se faisait beaucoup d’illusions sur les résultats à attendre de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable (CNUDD) –aussi appelée Rio+20- qui se tient jusqu’au 22 juin à Rio de Janeiro. Reste qu’avant même l’arrivée des chefs d’Etat, de nombreuses voix s’élèvent contre le manque d’ambition du pré-rapport de synthèse présenté à la presse le 19 juin par les officiels brésiliens ; un texte de 49 pages qui a de grandes chances d’être ratifié tel quel par les leaders politiques et devenir ainsi la déclaration finale du sommet. En effet, Sha Zukang, le secrétaire général du Sommet, a confirmé lors de la conférence de presse « qu’il n’y aurait pas d’autres négociations sur le texte ».

Des propositions sans engagement

Ce texte de consensus - présenté mardi soir par Luiz Alberto Figueiredo, négociateur en chef de la délégation brésilienne – aborde les problèmes d’environnement mais aussi de pauvreté, de justice sociale et de développement d’une économie « verte ».   Les différents pays proposent, sans toutefois s’y engager, de modifier leurs modes de consommation, ainsi que d’élaborer de nouveaux indices de croissance qui tiennent compte des dégâts (ou améliorations) écologiques et sociaux. Le texte recommande également la mise en place d’un nouvel ensemble d’objectifs remplaçant les actuels Objectifs du Millénaire pour le développement qui arriveront à échéance en 2015… Mais il ne précise à aucun moment ce que seront ces objectifs, ni par qui, ni comment ils seront mis en œuvre.

Vers un échec historique ?

On ne peut s’empêcher de comparer cette série de déclarations de principe aux résultats du précédent Sommet de Rio de 1992, qui avait abouti à la signature de deux traités majeurs, la Convention Cadre sur le Changement Climatique (CCCC) et la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), et jeté les bases d’une troisième convention sur la préservation des forêts. Même si, par la suite, ces traités ont été en partie torpillés par le refus des Etats-Unis de les ratifier, ils ont durant 20 ans servi de référence et incité de nombreux pays à engager des politiques de développement durable.
 
 Or dans le projet de déclaration finale présenté le 19 juin, « il y a beaucoup de propositions, mais aucun engagement » souligne Samantha Smith. Pour cette responsable de la Global Climate & Energy Initiative du WWF, cet accord a minima met surtout en évidence la profonde défiance entre pays pauvres et pays riches et un scepticisme généralisé quant la portée des traités multilatéraux. Encore plus tranché, Antonio Manganella, représentant du CCFD-Terre Solidaire à Rio affirme que « si le texte demeure en l’état actuel, la Conférence sera un échec historique ».    

Yaroslav Pigenet le 20/06/2012