Les épidémies dans le monde : un bilan inégal suivant les pays

Grippe du poulet : état d’alerte maximum

L’épidémie de grippe aviaire de type H5N1, qui a démarré à la mi-décembre 2003 en République de Corée du Sud, s’est propagée dans une dizaine de pays asiatiques (Chine, Cambodge, Indonésie, Vietnam, Thaïlande, Laos …) au cours de l’année 2004 avant de franchir l’Oural en 2005. Après le Kazakhstan et la Russie, des oiseaux infectés ont été découverts en Turquie et en Roumanie au mois d’octobre 2005, semant la panique dans toute l’Europe.

A Hô Chí Minh-Ville, le 18 janvier 2004...

Pour l'heure, le virus se transmet entre espèces d'oiseaux par voie respiratoire ou digestive via les sécrétions, les fientes ou l'eau. Mais il n'a pas encore acquis la capacité d'infecter facilement l'humain. Toutefois, le risque n'est pas nul puisqu'une centaine de personnes ont déjà été contaminées en Asie du sud-est après avoir respiré le virus suite à un contact prolongé avec des volailles infectées - notamment lors de plumaisons - et 66 en sont mortes. Les experts craignent maintenant que le virus mute et devienne transmissible d'homme à homme. Ce serait là le point de départ d'une pandémie grippale, qui pourrait faire, selon l'OMS, jusqu'à 150 millions de morts.

Face à ce risque, les pays riches investissent dans des préparatifs coûteux : achat de masques de protection, d'antiviraux et de vaccins à l'efficacité encore hypothétique. Mais les pays en développement, et particulièrement les pays asiatiques, n'ont pas les moyens de constituer des stocks à la hauteur des recommandations de l'OMS…

Voir aussi notre reportage « Grippe : sur les traces du virus », dans la partie 4 du dossier

Des infections meurtrières

Dans les pays occidentaux, l’impact des maladies infectieuses est à relativiser : elles seraient la cause de seulement 1 % des décès, contre 43 % dans les pays en développement, selon une étude de l’OMS réalisée en 1998.

La pandémie* de sida : une urgence sanitaire

Les maladies infectieuses tuent davantage que les guerres et les catastrophes naturelles. Elles sont responsables d’environ 15 millions de morts chaque année, soit plus d’un quart des décès dans le monde. Cinq maladies sont à elles seules responsables de 80 % des morts : les infections respiratoires – pneumonie, grippe – (3,9 millions de décès par an), le sida (2,9 millions), les maladies diarrhéiques (1,9 million), la tuberculose (1,6 million) et le paludisme (1,1 million). Des maladies comme la rougeole et la coqueluche tuent chaque année des centaines de milliers d’enfants.

Quelques chiffres de l'OMS

Le nombre de morts n’est pas le seul indicateur des ravages causés par les maladies infectieuses. Ainsi des dizaines de millions de personnes infectées souffrent-elles de problèmes de croissance, de retard mental ou de cécité.

Source : Organisation mondiale de la santé (OMS)

L'Afrique en première ligne

Hôpital de Chiradzulu au Malawi (Afrique)

L’Afrique se relèvera-t-elle des épidémies actuelles ? Le continent tout entier est menacé par les grandes maladies infectieuses, à commencer par le sida, le paludisme et la tuberculose. Environ 80 % des personnes tuées par le sida dans le monde sont des Africains (2,2 millions de morts en 2001). Les pays les plus touchés ont vu leur espérance de vie chuter de moitié pour tomber autour de 30 ans. En Sierra Leone, les enfants nés en 1999 n’ont qu’une espérance de vie moyenne de 26 ans.

« Nous pleurons nos camarades morts »

Dans certaines régions d’Afrique, plus de 80 % des enfants souffrent de paludisme.

Des infections anciennes que l’on croyait en voie de disparition font même leur retour sur ce continent.

La maladie du sommeil, ou « trypanosomiase africaine », véhiculée par la mouche tsé-tsé, est en recrudescence depuis trente ans et a tué près de 50 000 personnes en 2001, selon l’OMS.

Les maladies les plus médiatisées ne sont pas toujours les plus graves

Au plus fort de l’épidémie de Sras à Hong-Kong

Des maladies infectieuses émergentes comme la pneumopathie atypique (Sras) suscitent de véritables psychoses dans les pays développés. Or, seuls 916 décès liés au Sras ont été recensés entre novembre et juin 2003.

La nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob, qui a fait chuter la consommation de bœuf dans les pays occidentaux, a touché 140 personnes en Europe et en Amérique du Nord entre 1996 et 2002.

À l’inverse, des maladies peu médiatisées (comme la maladie du sommeil) font tous les ans des dizaines de milliers de victimes. Touchant essentiellement les populations des pays pauvres, donc non solvables, elles ne font pas l’objet d’un gros effort de la part de l’industrie pharmaceutique. Aussi, en mars 2003, plusieurs organismes (Médecins sans frontières, Institut Pasteur, OMS) se sont-ils associés pour financer la mise au point de médicaments contre ces maladies « négligées».

L'économie affaiblie

Certaines épidémies atteignent de telles proportions qu’elles menacent l’économie de pays entiers.

La « Cité interdite » désertée

C’est le cas du sida et du paludisme : ces maladies touchent en priorité les jeunes, catégorie d’âge la plus productive, et entraînent des coûts importants (dépenses de soins, prise en charge des orphelins, arrêts de travail…).

Une enquête réalisée par l’OMS dans trente et un pays africains montre que le paludisme peut, à lui seul, entraîner sur quinze ans une baisse de 20 % de la production d’un pays.

Pour les pays riches, le coût des maladies infectieuses est également loin d’être négligeable. Par exemple, aux États-Unis, toujours selon l’OMS, les épidémies de grippe coûtent chaque année entre 71 et 167 milliards de dollars en hospitalisations, dépenses de santé et congés maladie.

Le retour de la tuberculose en Europe

Touchés de plein fouet par le sida dans les années 80, les pays industrialisés ont dû se rendre à l’évidence : les épidémies, qu’ils croyaient avoir vaincues, sont de retour sur leur propre sol.

“Mycobacterium tuberculosis“

Ainsi, la tuberculose que l’on pensait quasiment éradiquée en Europe, est en nette recrudescence et ce notamment dans les pays de l’ex-empire soviétique. Ce retour s’explique à la fois par la désorganisation des services de soins depuis les années 90, par l’épidémie de sida (les personnes infectées par le VIH sont plus vulnérables au bacille de la tuberculose) et par la résistance croissante du bacille aux antibiotiques.

Entre 1995 et 2001, le nombre de cas annuels de tuberculose enregistrés en Europe de l’Est est passé de 163 000 à 267 000. En France, ce nombre est estimé à 7000. Et dans le monde, 8 millions de personnes développent chaque année la maladie.
Source : OMS, EuroTB

Toujours plus de légionellose ?

Radio pulmonaire d’un patient de la région de Lens atteint de légionellose lors de l'épidémie de décembre 2003 - janvier 2004

Fin 2003-début 2004, la région de Lens (Pas-de-Calais) est frappée par une importante épidémie due à la bactérie Legionella pneumophila. Bilan final établi par l'enquête rendue publique le 16 avril : 86 cas déclarés dont 17 décédés.

Selon l’Institut national de veille sanitaire (Invs), l’augmentation du nombre de cas déclarés (plus d’un millier en 2002 contre moins d’une centaine par an dans les années 80-90) aurait deux causes : une meilleure surveillance épidémiologique mais aussi un mauvais entretien des tours aéroréfrigérantes, considérées comme les principales sources de contamination.

Les hépatites virales continuent…

Les hépatites virales toujours…

L’hépatite C, identifiée en 1989, toucherait plus de 180 millions de personnes dans le monde dont 500 000 à 650 000 en France.

Le virus de l’hépatite B, quant à lui, infecte 350 millions de personnes dans le monde, dont 100 000 en France.

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