Les grandes pathologies : une première évaluation

Du point de vue comptable à l’approche médicale

Le coût des principales pathologies en France

Les comptes annuels de la santé apportent une grande quantité d’informations mais sont incapables de préciser quelles maladies engendrent le plus de frais.

Une première étude sur ce sujet a été publiée en septembre 2002, basée sur les chiffres de l’année 1998. En différenciant les pathologies, elle permet d’évaluer le poids de chacune et d’avoir une idée des moyens mis en œuvre pour la traiter (soins hospitaliers ou ambulatoires, médicaments…).

Ce travail a permis de répartir 83% des sommes dépensées en France au titre de la santé mais tous les postes de dépenses ne sont pas identifiés avec la même précision. Ainsi, s'il a été possible de répartir 92% des soins hospitaliers en fonction des pathologies traitées, c’est seulement 57% des analyses de laboratoire et 78% des dépenses de médicaments qui ont pu être repérées.

Globalement, les chiffres de cette étude ne doivent pas être interprétés comme une définition du coût exact de chaque pathologie. Ils fournissent simplement un état des lieux partiel des sommes réellement dépensées pour soigner certaines affections. Notamment, le modèle de calcul ne permet pas de relier les frais occasionnés par les complications d’une maladie à cette maladie.

Dans le futur, il est prévu d’appliquer le même principe de calcul aux actes de médecine préventive effectués à l’hôpital ou chez les médecins de ville et qui ne sont pas identifiés comme tels dans les comptes de la santé.

Cette étude est la première du genre réalisée à cette échelle en France. Souhaitée depuis une quinzaine d’année, elle n’avait pu se mettre en place plus tôt faute de systèmes d’information adaptés. Elle reste un prototype dont de futures éditions pourraient apporter des renseignements encore plus précis.

Les acteurs « des comptes de la santé par pathologie »

Cette étude a été demandée par la DREES (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la Santé) au CREDES (Centre de recherche en économie de la santé).

Elle s’appuie sur de nombreuses sources et enquêtes réalisées dans les secteurs hospitaliers et ambulatoires et sur les données de la Caisse nationale d’assurance maladie.

Ses résultats ont été publiés en septembre 2002 dans le bulletin « Etudes et résultats » n°188 de la DREES et dans la collection « Questions d’économie de la santé » du CREDES (n°56).

Depuis le 1er juin 2004, le CREDES est devenu l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé).

Les maladies de l’appareil circulatoire

Les maladies de l'appareil circulatoire

Responsables de 10,7% de la consommation de soins et de biens médicaux, elles apparaissent comme la pathologie la plus coûteuse. Leur traitement intervient pour la plus grande partie en milieu hospitalier et elles sont les plus grosses consommatrices de médicaments, presque cinq fois plus que les maladies infectieuses et parasitaires, par exemple.

Les troubles mentaux surévalués ?

Structure des dépenses au titre des troubles mentaux

Avec 9,4% des dépenses totales de santé, les troubles mentaux se classent en deuxième position des pathologies les plus coûteuses et en première position des coûts engendrés dans le secteur hospitalier (avec 15,5% des dépenses contre 11,9% pour les maladies de l’appareil circulatoire, deuxième poste du secteur hospitalier). Leur coût représentait plus de 10 milliards d’euros en 1998.

Pour autant, les auteurs de l’étude réalisée par le CREDES pensent que ce domaine est surévalué par rapport aux autres et les raisons de cette surestimation sont révélatrices des limites de cette étude.

Tout d’abord, la totalité des dépenses effectuées par les hôpitaux psychiatriques a été intégrée à ce coût, faute d’éléments permettant de les ventiler autrement. Or, ces établissements dispensent aussi des soins ne relevant pas directement de ces pathologies (en cas de tentative de suicide, notamment) mais il est très difficile de les évaluer.

D’autre part, la prise en charge des troubles mentaux est particulièrement bien repérée et il est fort peu probable qu’une partie significative de ses coûts ne soit présente dans les 17% de dépenses non réparties. Il s’ensuit donc une sous-évaluation relative des autres catégories diagnostiques qui alourdit le poids visible des troubles mentaux.

Les plus grosses consommations de médicaments

Dépenses en médicaments

Cinq pathologies consomment ensemble près de la moitié (46,7%) de la dépense nationale en médicaments. Si quatre d’entre elles sont aussi parmi les plus coûteuses globalement, ce n’est pas le cas de la cinquième.

En effet, le regroupement des maladies endocriniennes, métaboliques et immunitaires ne pèse que pour 2,8% dans la consommation totale de soins et biens médicaux mais représente 6,6% des dépenses en médicaments.

En revanche, les tumeurs qui sont le troisième poste en matière de soins hospitaliers (avec 9,4%) n’occasionnent que 1,2% des frais en médicaments.

Les « autres biens médicaux », une consommation peu identifiée

56% des dépenses en "autres biens médicaux" n'ont pu être affectées aux pathologies qui les occasionnent. La quasi totalité des dépenses identifiées (52,4%, soit 94% des montants repérés) concerne les maladies de l'oeil. Il s'agit là principalement des lunettes.

Si l'on rapportait ces pourcentages à l'année 2002, ce poste représenterait plus de quatre milliards d'euros non imputables à une classe de maladies. Et globalement, les 17% de dépenses qu'il n'a pas été possible d'affecter à une pathologie atteindraient un montant de 23 milliards d'euros.

 De futures éditions des ces comptes de la santé par pathologie permettront probablement de lever certaines de ces imprécisions.

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