Soja, maïs, colza, coton... l'état des cultures OGM dans le monde

Plus de 100 millions d'hectares

114,3 millions d’hectares en 2007

Avec près de 60 millions d'hectares, les États-Unis détiennent plus de la moitié des surfaces OGM mondiales. L'Argentine occupe la deuxième place avec 18% des surfaces OGM. Puis viennent le Brésil (13%), le Canada (6%), l'Inde (5%), la Chine (3%). Pour l'heure, l'Europe totalise 0,1% des surfaces OGM. On compte deux nouveaux arrivants en 2007 : la Pologne et le Chili. Quatre plantes se partagent la quasi-totalité du marché : soja (52%), maïs (30%), coton (13%), colza (5%). Elles sont utilisées par 12 millions d'agriculteurs répartis dans 23 pays. Les plantes OGM mobilisent 1% de la population agricole mondiale et représentent un marché de 4,6 milliards d'euros en 2007.

Source : International Service for the Acquisition of Agribiotech Application (ISAAA).

Des plantes tolérant ou produisant des pesticides

Superficie mondiale des différentes plantes OGM
Plus de 99% des OGM cultivés dans le monde sont des plantes tolérantes à un herbicide (2/3) – produit détruisant les mauvaises herbes – ou produisant leur propre insecticide (1/3), pour tuer des insectes ravageurs comme la pyrale du maïs. Certaines possèdent les deux caractéristiques. En tête : le soja tolérant à l'herbicide Roundup de la firme Monsanto qui couvre plus de la moitié des cultures OGM dans le monde. Moins de 1% des plantes OGM ont pour caractéristique d'être résistantes à certains virus ou, plus rarement, à des champignons.

Les « pour » et les « contre »

Evolution ou révolution ?

La grande majorité des organismes génétiquement modifiés (OGM) – bactéries et levures – ne quitte pas le laboratoire et sert d'outils aux chercheurs pour connaître notamment la fonction des gènes. Utilisés depuis trente ans, ceux-là ne font plus débat. Les laboratoires sont confinés selon la dangerosité des organismes manipulés et soumis à des règles de bonnes pratiques définies en février 1975 lors d'une conférence internationale de scientifiques à Asilomar en Californie. En revanche, d'autres OGM – les plantes de grandes cultures commercialisées pour l'alimentation – suscitent de vives polémiques.

Pour certains, ces nouvelles plantes, tolérant ou produisant des pesticides (herbicides, insecticides), s'inscrivent dans la droite ligne des manipulations génétiques par croisements réalisées par l'homme depuis des siècles pour améliorer les espèces végétales et le rendement de l'agriculture.

Pour d'autres, ces OGM représentent un changement de cap radical : on s'affranchit de la barrière des espèces en introduisant des gènes de micro-organismes dans des plantes ; ils sont diffusés dans la nature en un temps record, ce qui ne permet pas, selon les opposants, une évaluation complète des risques pour l'environnement, la biodiversité, la santé animale et humaine ; enfin, ces OGM sont protégés par des brevets détenus par quelques industriels qui ont ainsi le monopole sur des ressources génétiques alimentaires.

<div class="alt"><a target="_blank" title="MGM : Ma&iuml;s G&eacute;n&eacute;tiquement Modifi&eacute;" href="http://www.universcience-vod.fr/media/805/mgm---mais-genetiquement-modifie.html">MGM : Ma&iuml;s G&eacute;n&eacute;tiquement Modifi&eacute;<br /> <img alt="MGM : Ma&iuml;s G&eacute;n&eacute;tiquement Modifi&eacute;" border="0" src="../../../../../../../../../../video.universcience.tv/1/03d0b8d3-2388-4910-803c-6d5c71218ba9/thumbnail.png" /></a><br /> <p>Comment obtient-t-on une plante <a href="http://www.universcience-vod.fr//index.php/tag/transgenique.html">transg&eacute;nique</a> ? De la r&eacute;cup&eacute;ration du <a href="http://www.universcience-vod.fr//index.php/tag/gene.html">g&egrave;ne</a> d'int&eacute;r&ecirc;t &agrave; son introduction dans la plante au moyen d'un &quot;canon &agrave; g&egrave;nes&quot;, de la s&eacute;lection des plantes transg&eacute;niques &agrave; leur culture en champ, ce film d' <a href="http://www.universcience-vod.fr//index.php/tag/animation.html">animation</a> revient sur les principales &eacute;tapes de la fabrication d'une plante <a href="http://www.universcience-vod.fr//index.php/tag/ogm.html">OGM</a> &agrave; travers l'exemple du <a href="http://www.universcience-vod.fr//index.php/tag/mais.html">ma&iuml;s</a> .</p> <p>&nbsp;</p> </div>

 

Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un micro-organisme, une plante ou un animal possédant dans son génome un ou plusieurs gènes étrangers issus d'une autre espèce, introduits artificiellement par génie génétique. Le but est principalement de conférer à l'organisme (et à ses descendants) de nouvelles propriétés.

Quelques dates clés

1973 : 1re bactérie génétiquement modifiée (dite transgénique)
1983 : 1res plantes transgéniques (tabac et pétunia)
1987 : 1ers essais en champ en France (tabac)
1989 : 1res souris transgéniques (prix Nobel de médecine à leurs auteurs en 2007)
1990 : directive européenne sur les OGM qui impose aux industriels de demander une autorisation de mise sur le marché avant toute commercialisation future d'OGM
1994 : 1re commercialisation d'un aliment transgénique (une tomate américaine dont la culture a finalement été interrompue)
1995 : commercialisation aux États-Unis des 1res plantes transgéniques tolérantes à un herbicide
1996 : commercialisation aux États-Unis des 1res plantes transgéniques produisant un insecticide, et 1res importations en Europe d'une plante OGM (soja tolérant à un herbicide)
1998 : 1res autorisations de cultures de plantes OGM en Europe
1999 : moratoire sur les plantes OGM instauré de fait en Europe par le veto de sept pays de l'Union (Autriche, Belgique, Danemark, France, Grèce, Italie, Luxembourg)
2001 : nouvelle directive européenne sur les OGM
2004 : entrée en vigueur de nouveaux règlements sur l'étiquetage et la traçabilité et levée du moratoire en Europe
2005 : autorisation et culture en Europe du maïs MON810
2008 : arrêt de la culture de cette plante en France et loi en préparation

Nourrir les animaux mais aussi les hommes

De la « vache folle »… au soja transgénique

Aujourd'hui, les grandes cultures OGM sont d'abord destinées à l'alimentation animale. Même le coton, plante pour textile, est utilisé pour nourrir le bétail, via ses parties vertes. Soja, colza, maïs et coton servent aussi à la fabrication d'huile alimentaire. De plus, soja et maïs sont utilisés pour produire deux additifs très courants dans l'alimentation humaine : la lécithine et l'amidon, présents dans bon nombre de produits alimentaires transformés (sauces, chips, glaces, plats préparés, petits pots pour bébés…) et dans certains médicaments.

De fait, sous la pression d'une opinion publique soucieuse de transparence et de libre choix, l'Europe adopte en 2001 une nouvelle directive sur les OGM, complétée par plusieurs règlements sur la traçabilité et l'étiquetage entrés en vigueur en 2004. Résultat : tous les produits alimentaires élaborés à partir d'une matière première génétiquement modifiée (1) doivent être étiquetés, de même que les aliments fabriqués à partir d'ingrédients traditionnels s'ils contiennent plus de 0,9% de présence fortuite d'OGM. En revanche, les produits issus d'animaux nourris avec des OGM (viande, lait, œufs, beurre, crème) ne sont pas étiquetés : la seule solution pour le consommateur qui souhaiterait privilégier une agriculture non OGM est, dans ce cas, d'acheter des produits labellisés « bio ».

1. La France importe 4,5 millions de tonnes de tourteau de soja par an, dont 80 à 85% sont génétiquement modifiés.

France : pas de cultures en 2008 mais une loi

Le seul OGM dont la culture est autorisée en Europe à des fins agricoles, le maïs MON810 de la firme Monsanto, ne poussera pas en France en 2008. 22 000 hectares de ce « maïs Bt » (1) produisant une protéine insecticide contre la pyrale et la sésamie, principaux ravageurs de la plante, avaient été mis en culture sur le territoire français en 2007 (contre 5 000 en 2006 et 1 000 en 2005), ce qui représentait 0,75% des 2,8 millions d'hectares de maïs cultivé dans notre pays.

Dans la foulée du Grenelle…

Le 11 janvier 2008, le gouvernement a décidé, au nom du principe de précaution, de demander l'activation de la « clause de sauvegarde » auprès de l'Union européenne. Celle-ci, officiellement notifiée le 8 février, permet de suspendre une autorisation de mise en culture d'un OGM si des faits scientifiques nouveaux révèlent des impacts négatifs sur l'environnement ou la santé. Une décision applaudie par les anti-OGM mais vivement critiquée par un certain nombre de scientifiques qui remettent en cause le travail effectué dans la hâte par le comité d'experts chargé de l'évaluation de ce maïs (voir partie 3). Dans ce contexte houleux, le Parlement a adopté, le 21 mai 2008, une loi sur les OGM qui a notamment pour fonction de transposer en droit français la directive européenne sur les OGM qui date de 2001.

1. Le maïs MON810 a reçu une forme modifiée d'un gène bactérien provenant du bacille de Thuringe (Bacillus thuringiensis, Bt) et codant pour une protéine aux propriétés insecticides. Le maïs ainsi transformé est dit « maïs Bt ».

Europe/États-Unis : des approches divergentes

Si tous les gouvernements européens ne sont pas à l'unisson sur les OGM – certains se sont positionnés contre (Autriche, Hongrie, Grèce), d'autres pour (Espagne) et la majorité émet des avis au cas par cas – l'Europe a mis en place une réglementation spécifique pour les OGM qui s'applique à tous les États membres et impose de pouvoir suivre les OGM à la trace. Les États-Unis excluent, quant à eux, la traçabilité et l'étiquetage des OGM sur leur territoire. La politique américaine se fonde sur le principe « d'équivalence en substance » : à partir du moment où la composition physico-chimique de la plante transgénique est similaire à celle de la plante conventionnelle, les États- Unis considèrent que l'OGM présente le même niveau de risque que la plante traditionnelle et qu'il n'a donc pas besoin d'être étiqueté ; l'Europe, elle, utilise également ce principe d'équivalence mais met en oeuvre l'étiquetage. Cependant, affirment les instances américaines, si demain des plantes transgéniques avaient une composition physico-chimique différente des variétés traditionnelles de départ, elles seraient étiquetées. L'Europe n'est pas seule à suivre les OGM à la trace. Au niveau international, le protocole de Carthagène entré en vigueur en 2003 et adopté par 143 nations en 2007 – à l'exclusion notamment des États-Unis, du Canada et de l'Argentine – vise à contrôler les échanges d'OGM aux frontières.

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