OGM cultivés et en préparation dans les labos : quels effets recherchés ?

Performances accrues pour les agriculteurs

Désherbage éclair

Les plantes OGM représentent aux États-Unis 91% des cultures de soja, 87% des cultures de coton et 73% des cultures de maïs (1). Principal avantage : leur production facilite le travail de certains agriculteurs, surtout pour les plantes tolérantes à un herbicide. Le désherbage est simplifié et l'agriculteur peut adopter la méthode de culture sans labour (2), laquelle permet un gain de temps, des économies d'énergie (20 à 40 litres de fioul par hectare) et de matériel, et une moindre érosion des sols (3). Néanmoins, la culture sans labour augmente la présence de mauvaises herbes et accroît donc le recours à un herbicide.

La chasse à la pyrale

Pour leur part, les plantes OGM produisant un insecticide réduisent le nombre d'épandages (donc les passages avec des tracteurs et des hélicoptères polluants) et, par une meilleure tenue de la plante, permettent une récolte plus tardive, ce qui peut réduire les coûts de séchage. Enfin, le temps gagné facilite la possibilité pour l'agriculteur d'avoir une deuxième activité ou de s'agrandir : la culture de plantes OGM stimule ainsi la productivité agricole et conduit, au plan mondial, à des exploitations moins nombreuses, plus grandes et de type industriel. Toutefois, l'adoption de ces plantes génétiquement modifiées peut avoir des impacts à long terme sur l'environnement qu'il convient de maîtriser (voir partie 3).

1. Source : service statistiques du ministère de l'Agriculture américain, chiffres 2007. 2. Selon l'ISAAA, les plantes OGM auraient, en dix ans, permis d'économiser 8 millions de tonnes de CO2 en réduisant notamment les besoins en labourage. 3. En France, un tiers des grandes cultures semées en 2006 n'a pas fait l'objet de labour préalable. Source : ministère de l'Agriculture, étude de Catherine Chapelle-Barry publiée le 7 février 2008.

Réduction des pesticides : oui, mais

Moins d’insecticide répandu pour la culture de coton

Selon l'ISAAA, association des industriels de la semence, les plantes OGM auraient permis d'éviter l'épandage de plus de 2 millions de tonnes de pesticides (insecticides et herbicides) entre 1996 et 2006. Il est certain que les plantes qui produisent leur propre protéine insecticide (maïs et coton Bt) vont nécessiter moins d'épandages. C'est particulièrement vrai pour le coton Bt qui représente 35% des cultures de coton OGM aux États-Unis. Revers de la médaille : la plante sécrète en permanence une protéine insecticide, même en l'absence de ravageurs. En revanche, l'adoption de plantes tolérantes à un herbicide semble plutôt conduire à une stagnation, voire à une augmentation, de l'emploi d'herbicide (1).

Moins de mycotoxines

Mais les herbicides utilisés avec ces plantes OGM, à base de glyphosate pour la plupart, seraient moins toxiques, selon leurs fabricants, que les herbicides habituels. Cela dit, l'accroissement des surfaces traitées laisse présager une augmentation de la pollution des eaux par le glyphosate. De plus, l'emploi de ces variétés transgéniques peut conduire, sur le long terme, à l'apparition de mauvaises herbes devenues résistantes à l'herbicide et obliger l'agriculteur à faire appel à des herbicides classiques.

1. La culture de plantes tolérantes à un herbicide semble, sur le long cours, s'accompagner de difficultés de désherbage nécessitant une augmentation des doses d'herbicide. Source : Charles Benbrook, Biotech Infonet Technical n°6, novembre 2003.

Les OGM valent-ils le coût ?

Du blé en hiver... !

De multiples facteurs entrent en ligne de compte pour évaluer la rentabilité des plantes OGM : les économies réalisées d'un côté (pesticides, fioul lié à l'épandage), versus une augmentation des coûts de l'autre (semences transgéniques plus chères que les semences traditionnelles). De plus, la réalité sur le terrain diffère selon la plante, le climat, le degré d'infestation par les ravageurs, la surface des cultures, les subventions accordées à l'agriculteur, la législation du pays (1), etc. Au vu de tous ces critères, il n'est donc pas simple de répondre, le plus justement possible, à la question de la rentabilité des OGM.

De fait, les réponses varient selon les études. Ainsi, une étude américaine annonce que les plantes OGM cultivées aux États-Unis ont permis en 2005 d'abaisser les coûts de production de 1,4 milliard de dollars (0,9 milliard d'euros), d'accroître le rendement des récoltes de 4 millions de tonnes et d'engendrer 2 milliards de dollars (1,3 milliard d'euros) de bénéfices supplémentaires (2). Pour l'association « Les Amis de la Terre » qui, dans un rapport publié en janvier 2007, fait le tour des études menées sur les performances des cultures OGM dans le monde, le bilan est nettement plus contrasté (3).

1. En Argentine, du fait des garde-fous financiers mis en place dans le pays, il n'y a pas une grande différence de prix entre les semences OGM et non OGM (moins de 3 euros par hectare), ce qui explique l'engouement des fermiers argentins pour le soja OGM. 2. Source : National Center for Food and Agricultural Policy, Sujatha Sankula, novembre 2006. 3. Source : Les Amis de la Terre, « Qui tire profit des cultures OGM ? », janvier 2007.

La deuxième génération d’OGM verra-t-elle le jour ?

Du riz OGM en cours d’essai

Au plan théorique, les plantes OGM pourraient permettre de combattre certaines carences (vitamines A et C, fer), enrichir les aliments en protéines, en oméga-3, faire des cultures dans des régions arides, sur des sols salés, améliorer la conservation des céréales dans les greniers, fabriquer des plastiques biodégradables, fournir des anticorps contre certaines maladies, produire des agrocarburants… Bref, beaucoup de défis en perspective, certains OGM pouvant même trouver une utilité pour les consommateurs, contrairement à ceux cultivés aujourd'hui. Dix ans après la commercialisation des premières plantes « biotech », on est cependant loin de ces perspectives prometteuses.

Le retour de la tomate OGM

La raison principale est que cette deuxième génération d'OGM implique le plus souvent d'intervenir dans le métabolisme de la plante, une tâche beaucoup plus complexe que l'ajout d'un gène lui conférant une propriété supplémentaire. Ces projets de recherche sont principalement développés en Amérique du Nord. Suite aux campagnes d'arrachage des essais en champ et vu l'hostilité d'une partie du public, la France ne mène pratiquement plus de recherches dans ce domaine. En janvier 2008, le gouvernement a décidé d'allouer une somme de 45 millions d'euros sur trois ans (2009-2011) afin de relancer les biotechnologies végétales dans l'Hexagone.

Une technologie extrêmement puissante

Un OGM est obtenu grâce à la technique dite de transgénèse, qui consiste à transférer un ou plusieurs gènes d'une espèce à une autre afin d'ajouter, améliorer, remplacer ou inactiver un ou plusieurs caractères. Ce transfert de gènes est réalisé au laboratoire et il est transmissible à la descendance de l'organisme génétiquement modifié.

Pour ses promoteurs, cette technique présente de nombreux avantages. Si l'on s'en tient aux plantes, elle permet d'accélérer la création de nouvelles variétés : le processus classique de sélection de plantes par croisements successifs est en effet beaucoup plus long. En outre, elle permet d'introduire un seul nouveau caractère et si l'on ne maîtrise pas encore le lieu d'intégration du gène étranger dans le génome de la plante, on peut connaître sa place a posteriori. Enfin, cette technique peut aussi servir à introduire un gène de la même espèce (par exemple, un gène de pomme de terre dans la pomme de terre), voire enlever un gène puis le réintroduire au même endroit dans le génome de la plante après l'avoir muté au laboratoire.

Donc, la transgénèse offre de multiples possibilités. Reste à décider de la finalité de cette technologie. Entre les OGM confinés au laboratoire, les OGM médicaments et les OGM agricoles, les enjeux et les impacts se situent sur des échelles différentes.

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