Les enfants de l'assistance médicale à la procréation conçus hors du corps

Le message d’Amandine, marraine de l’exposition

Annonce de la naissance du premier bébé-éprouvette français

« Une surprise bien satisfaisante que le prix Nobel de médecine 2010 remis à Robert Edwards ! Enfin la reconnaissance d’un travail qui, depuis plus de trente ans, “a porté ses fruits”. Issue du balbutiement d’une de ces [Nouvelles] façons d’avoir des enfants, je témoigne de 28 ans de sciences, d’humanité et du bien-fondé de ces recherches. J’ai ici une pensée pour René Frydman, Jacques Testard et pour les nombreuses équipes investies dans ce domaine. Ainsi, nous assistons à l’hommage d’un labeur qui, dans ses débuts, controversé mais dirigé par des esprits dynamiques et convaincus, a su inscrire dans les moeurs ces [Nouvelles] façons d’avoir des enfants. La procréation poursuit son chemin, thème en perpétuel devenir pour le XXIe siècle. Cette exposition retrace les premiers pas, parle des acquis mais aussi des différents points soulevés actuellement par les équipes de recherche médicales et soignantes, les futurs parents, la société tout entière… Elle amène le visiteur alerte à des réflexions personnelles, autant en sens pratique ou éthique que du point de vue scientifique ou sociologique. »

L’AMP, une histoire ancienne

De Louise Brown au prix Nobel...

C’est à la fin du XVIIIe siècle qu’un chirurgien anglais, John Hunter, réalise la première assistance médicale à la procréation (AMP). Après avoir prélevé le sperme d’un patient atteint d’une malformation du pénis l’empêchant d’éjaculer normalement, il l’introduit via une seringue dans le vagin de sa femme (technique dite d’insémination artificielle). Neuf mois plus tard, un garçon naîtra. Pour la première fois, l’acte sexuel n’est plus l’unique moyen de faire des enfants. Cette première se répètera à plusieurs reprises, de façon discrète car l’innovation est jugée immorale par l’Église comme par les autorités médicales. En France, il faudra attendre les années 1970 pour que cette technique se répande, grâce notamment à l’ouverture des centres d’étude et de conservation du sperme humain (Cecos). Toutefois, c’est en 1978 avec la naissance en Angleterre du premier bébé conçu par fécondation in vitro (FIV) que débute réellement l’ère de la procréation assistée. En 1992, une nouvelle étape est franchie en Belgique avec la première injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI*). Cette technique consiste à injecter directement un spermatozoïde dans un ovocyte. Elle est pratiquée lorsque les spermatozoïdes sont incapables de féconder l’ovocyte spontanément ou lorsqu’ils sont trop peu nombreux dans le sperme pour permettre une insémination artificielle ou une fécondation in vitro classique. Aujourd’hui, un très grand nombre de pays dans le monde possèdent au moins un centre d’AMP.

* ICSI : IntraCytoplasmic Sperm Injection.

Objectif embryon !

Micro-injection d'un spermatozoïde dans un ovocyte

Si des couples ne parviennent pas à avoir d’enfant naturellement, différentes techniques peuvent leur venir en aide. Objectif : favoriser la rencontre des gamètes pour former un embryon viable. Cette rencontre peut se faire dans le corps de la femme : il s’agit de l’insémination artificielle (IA), qui consiste à injecter du sperme dans le vagin ou dans la cavité utérine de la future mère. Si cette technique échoue ou si le couple présente une anomalie empêchant la rencontre entre les spermatozoïdes et l’ovocyte*, la fécondation in vitro est alors préconisée. La rencontre des gamètes se fait en dehors du corps de la femme, au laboratoire (FIV classique). Si les spermatozoïdes sont trop peu nombreux pour faire une IA ou une FIV classique, ou s’ils sont incapables de pénétrer tout seuls dans l’ovocyte, la technique d’ICSI**, qui consiste à injecter directement un spermatozoïde dans un ovocyte, est recommandée. En principe, plusieurs embryons sont obtenus au laboratoire, dont un ou deux sont transférés dans l’utérus de la femme, les autres étant congelés pour un transfert ultérieur si le couple le souhaite. Le choix de la technique d’AMP dépend pour l’essentiel de la perméabilité des voies génitales et du nombre de spermatozoïdes fonctionnels utilisables, au moins un million de spermatozoïdes mobiles pour une insémination contre un seul spermatozoïde par ovocyte en cas d’ICSI.

* Ovocyte : cellule sexuelle féminine ou gamète femelle qui n’est pas encore arrivé à maturité ; lorsque l’ovocyte atteint son dernier stade de maturation, on parle d’ovule. Spermatozoïde : cellule sexuelle masculine ou gamète mâle.

** ICSI : IntraCytoplasmic Sperm Injection (Injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde).

« On n’arrive pas à avoir d’enfant »

Qui peut bénéficier d'une AMP en France ?

L’assistance médicale à la procréation (AMP) s’adresse avant tout aux couples qui souffrent d’un problème d’infertilité, voire de stérilité*. Soit les gamètes sont en nombre insuffisant ou n’ont pas les caractéristiques nécessaires à la fécondation ; soit il existe un obstacle au niveau des voies génitales masculines ou féminines empêchant la rencontre naturelle des gamètes. L’AMP peut aussi être envisagée en cas d’infertilité inexpliquée. Quand les gamètes utilisés sont ceux des futurs parents, on parle d’AMP intraconjugale. Si les spermatozoïdes ou les ovocytes sont absents ou non fonctionnels, ou en cas d’échec de l’AMP intraconjugale, on peut utiliser les gamètes d’un donneur ou d’une donneuse. L’AMP peut aussi être utilisée quand la procréation naturelle risque de transmettre au partenaire et/ou à l’enfant une maladie d’une particulière gravité, qu’elle soit infectieuse** ou héréditaire. En effet, des tests de dépistage peuvent être réalisés sur les embryons fécondés in vitro afin de détecter la présence éventuelle d’anomalies chromosomiques ou de mutations génétiques (diagnostic préimplantatoire). Dès lors, seuls les embryons dépourvus de ces mutations sont transférés dans l’utérus de la future mère. Enfin, dans certains pays, l’AMP peut être mise en œuvre sans raison médicale pour aider des femmes seules ou des couples de femmes homosexuelles à devenir parents.

* On parle d’infertilité lorsqu’après un an de relations sexuelles non protégées, un couple ne parvient pas à procréer ; on évoque une stérilité lorsqu’il existe une incapacité biologique à procréer.

** Afin d’éviter une contamination par le virus du sida, les couples dont l’un des membres est malade doivent utiliser un préservatif lors des rapports sexuels ; la fécondation n’est donc possible qu’au laboratoire, avec un tri des spermatozoïdes non porteurs du VIH (si c’est l’homme qui est contaminé).

Augmenter les chances de succès

Gare à l'hyperstimulation des ovaires !

Les taux de succès de la fécondation in vitro s’améliorent régulièrement : 25% de grossesses et 20% d’accouchements par tentative en France en 2008. Cependant, les contraintes et les risques de ces techniques sont relativement importants. De nombreux embryons se développent anormalement dès les premiers jours ; pour les autres, moins de 20% donnent naissance à un enfant quand ils sont transférés dans l’utérus. Pour améliorer les chances de grossesse, les médecins transfèrent souvent plus d’un embryon dans l’utérus de la future mère (74% des cas en 2008 en France), ce qui est à l’origine de grossesses multiples (20% en 2008). Pour augmenter l’efficacité des techniques d’assistance médicale à la procréation, il faudrait non seulement mieux sélectionner les gamètes utilisés, mais surtout mieux identifier les embryons les plus aptes à s’implanter et à donner naissance à un enfant vivant. Pour cela, des recherches doivent être menées sur l’embryon. Mais pour des raisons éthiques et en dépit des contestations de nombreux scientifiques, ces recherches sont interdites en France (sauf à titre dérogatoire), contrairement à ce qui se passe dans de nombreux autres pays.

Pour faire un point sur l'AMP, voir aussi le dossier du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), à télécharger sur leur site.

Partager cette page sur :

Commentaires

Réagir à cet article

e-mail : *
Votre email ne sera pas visible
pseudo : *
Commentaire : *
Saisissez ci-dessous le texte suivant : *