Le retour des cigognes

Depuis Louise Brown (32 ans) et Amandine (28 ans), environ 4 millions de «bébés-éprouvette», conçus au laboratoire, sont nés de par le monde. Preuve qu’en un peu plus d’une génération nos sociétés occidentales ont parfaitement intégré ce fait nouveau et à bien des égards révolutionnaire : avec l’assistance médicale à la procréation (AMP), la conception d’un enfant sort du lit conjugal et n’est plus l’affaire exclusive du couple.

Même si le parcours de l’AMP est souvent laborieux – tout comme celui de l’adoption –, les couples infertiles ont vu là une chance inespérée de devenir parents. Et les couples fertiles risquant de transmettre une maladie grave et incurable y ont trouvé une possibilité de mettre au monde un bébé en bonne santé. Résultat : parmi les 800 000 enfants qui naissent chaque année dans notre pays, environ 20 000 sont issus de l’AMP.

Formidables prouesses techniques, certes, mais qui repoussent toujours plus loin les limites du désir d’enfant et obligent au passage à redéfinir les modèles familiaux acceptables pour la société. Qu’il s’agisse de la levée de l’anonymat pour les donneurs de gamètes, de l’élargissement de l’AMP aux couples homosexuels et aux femmes seules, ou encore des «mères porteuses»… toutes ces revendications portent les germes de nouvelles formes de filiation. Pour la France, la révision de la loi de bioéthique a été l’occasion de débats passionnés. On est loin, très loin, de l’intimité des corps et du couple. Les [nouvelles] façons d’avoir un enfant concernent aujourd’hui bel et bien la société tout entière.

Isabelle Bousquet et Alain Labouze

Rédaction : Lise Barnéoud. Conseiller scientifique : Pierre Jouannet. Iconographie : Katrine Le Gallou. Rédaction en chef : Isabelle Bousquet et Alain Labouze.

le 27/07/2011