Para/tétraplégie : état des lieux

Axe central de communication entre le cerveau et le reste du corps, la moelle épinière est enchâssée dans la colonne vertébrale, pièce maîtresse du squelette. Toute lésion de la moelle entraîne une paralysie. À l’inverse de vertébrés comme les lézards ou les salamandres, l’être humain n’est pas doté de la faculté de régénérer les parties blessées ou perdues de son corps. La moelle épinière, qui ne se transplante pas, ne doit pas être confondue avec la moelle osseuse, dont la greffe est destinée, elle, à soigner des maladies graves du sang.

Moelle épinière, les conséquences des lésions

Les fonctions atteintes selon l'emplacement de la lésion

Lorsque la moelle épinière est endommagée, l’influx nerveux est bloqué à hauteur de la lésion. Au-dessous, les nerfs qui relient la moelle aux muscles ne reçoivent plus les ordres du cerveau (perte des fonctions motrices) et ne peuvent plus lui transmettre d’informations (pertes des fonctions sensitives). Plus une lésion se situe haut sur la colonne, plus grand est le nombre de fonctions corporelles atteintes. Dans la paraplégie, les membres inférieurs et la partie basse du tronc sont affectés ; dans la tétraplégie, la paralysie porte sur le tronc et les quatre membres.

Un corps sous surveillance

Jusqu’aux années 40, quelque 70 % des personnes blessées à la moelle épinière mouraient dans les semaines suivant l’accident. Les progrès de la médecine (réanimation, rééducation, traitements) permettent aujourd’hui de sauver la vie de 95 % d’entre elles. Les graves complications urinaires qui représentaient encore la première cause de décès, dans la décennie 1970, sont désormais bien prises en charge. Cela étant, outre la perte de mobilité, les para- et tétraplégiques souffrent souvent de spasmes musculaires fréquents et d’une perte de contrôle de leurs appareils intestinal, urinaire et sexuel. Ces difficultés, ainsi que de fréquentes douleurs, imposent, au quotidien, une importante prise de médicaments.

D’abord, de jeunes hommes accidentés...

La victime d’une lésion de la moelle épinière est souvent un homme (à 76 %) jeune (moins de 35 ans à 52 %). Les accidents de la route sont en cause dans près de la moitié des cas, devant les chutes (22 %) et les accidents sportifs (10 %). Chaque année, un millier de blessés grossissent les rangs d’une population estimée à 50 000 personnes (60 % de para-, 40 % de tétraplégiques). Les progrès de la prise en charge ont toutefois permis de sauver les patients tétraplégiques et d’accroître l’espérance de vie des patients (celle d’un paraplégique avoisine celle de la population générale).

50 000 cas particuliers

Le handicap revêt des formes très différentes selon le niveau et la gravité de l’atteinte. Ainsi, parmi les tétraplégiques, certains, touchés en haut des cervicales, perdent totalement l’usage de leurs membres et doivent être appareillés pour respirer. D’autres, atteints dans le bas des cervicales, conservent la maîtrise de plusieurs muscles de leurs membres supérieurs et peuvent mener une vie autonome. Cette diversité des situations individuelles vaut aussi pour les paraplégiques. Enfin, les para- comme les tétraplégiques conservent certaines fonctions motrices ou sensitives commandées sous une lésion lorsqu’elle est « incomplète » et ils peuvent en regagner d’autres grâce à la rééducation. Un défi presque impossible à relever en cas de lésion « complète ».

Les limites du modèle animal

Pour comprendre les mécanismes en œuvre dans une lésion de moelle épinière, les chercheurs testent leurs découvertes sur un modèle animal. Le plus souvent, il s’agit de souris, quelquefois de porcs et très rarement de primates. Des essais sur des souris et des chats paralysés ont parfois permis de les faire remarcher. Mais la prudence s’impose : la moelle épinière d’une souris ne mesure que quelques centimètres. Les résultats sont donc, en l’état, difficilement transposables à l’homme.

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