Remarcher, une priorité ?

Recommencer à se mouvoir, même partiellement, est la priorité des premiers mois. Mais bien vite, d’autres enjeux prennent le relais.

Au cours des mois suivant l’accident, tout est mis en œuvre pour tenter de récupérer les fonctions atteintes – un objectif plus accessible en cas de lésion dite « incomplète » que « complète ». En général, une récupération possible se manifeste dès le premier mois pour les membres inférieurs et dans les deux mois pour les supérieurs. Juste après l’accident, recommencer à marcher constitue la préoccupation majeure du patient. Puis, les choses changent. Ainsi, selon une enquête de 2004 menée auprès de 200 000 handicapés américains, les tétraplégiques souhaitent avant tout retrouver l’usage de leurs bras et de leurs mains, alors que les paraplégiques désirent surtout récupérer le fonctionnement normal de leurs appareils urinaire, digestif et sexuel. Commandées en bas de la colonne vertébrale, ces fonctions, atteintes chez presque tous les blessés de la moelle épinière, font l’objet de soins quotidiens (sondage urinaire, percussions du ventre...) qui nuisent à la qualité de vie du patient. Pourtant, les budgets de recherche restent prioritairement affectés à la locomotion.

Une sexualité handicapée

Les lésions de la moelle épinière n’affectent pas directement la fertilité des hommes ni des femmes. En revanche, la vie sexuelle est bouleversée. L’érection reste possible, mais souvent insuffisante pour permettre des rapports sans assistance médicamenteuse. Les hommes n’éjaculent que rarement et ne connaissent pas d’orgasme. Toutefois, avec le temps, les zones sensibles situées au-dessus de la lésion peuvent devenir une source accrue de plaisir, comme les oreilles pour Philippe, le héros du film Intouchables d’Éric Toledano et Olivier Nakache (2011). Quant aux femmes, 80 % d’entre elles ont une vie sexuelle active et plus de la moitié continuent à éprouver du plaisir. Elles peuvent aussi mener une grossesse à terme.

Chirurgie fonctionnelle pour 80 % des tétraplégiques

Un tétraplégique conserve souvent la maîtrise de certains muscles du haut du corps. La chirurgie fonctionnelle consiste à les redéployer pour récupérer des fonctions disparues et prioritaires : un muscle de l’épaule transféré sur le triceps redonne un contrôle du coude, un extenseur du poignet est redirigé pour la flexion des doigts, un muscle de l’avant-bras réanime le mouvement du pouce… Ces opérations sont pratiquées environ un an après l’accident, une fois l’état du patient stabilisé. La chirurgie fonctionnelle permet ainsi à huit tétraplégiques sur dix de récupérer des gestes indispensables au quotidien.

Le bloc opératoire, passage obligé ?

Dans les heures qui suivent l’accident, une course contre la montre s’engage pour stabiliser l’état du patient (contrôler les fonctions respiratoires et cardiovasculaires menacées de détérioration) et limiter les lésions secondaires. Le passage au bloc opératoire s’impose alors pour réduire la fracture et les oedèmes, arrêter les hémorragies et implanter un montage métallique au-dessus et en dessous de la lésion afin de soutenir la colonne. Après cette phase cruciale, d’autres interventions chirurgicales peuvent se révéler nécessaires pour conforter l’état de santé du patient tout au long de sa vie.

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