Des promesses qui restent à tenir

Qu'est ce qui a changé depuis dix ans ? Réponse de Thierry Delrieu, président de l'association Alarme.

Les progrès de la biologie cellulaire et les interfaces faisant appel à la microélectronique n’ont pas (encore) été à la hauteur des attentes.
Certains effets d’annonce ont sans doute été trop bruyants, suivis d’échos médiatiques exagérément prometteurs. Les désillusions ont été à la mesure de ces espoirs précoces. Au tournant du XXIe siècle, en effet, c’est l’euphorie chez les chercheurs. La découverte de cellules souches dans le cerveau et la moelle épinière, ainsi que la description de mécanismes biologiques nouveaux, permettent d’imaginer des traitements révolutionnaires. Des souris paralysées, voire des chiens très récemment*, recommencent même à marcher ! À ce jour, pourtant, les essais cliniques sur l’homme n’ont pas été concluants, plusieurs ayant été interrompus avant leur terme**. À l’évidence, les cellules nerveuses de la moelle épinière n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Les premières interfaces conçues grâce aux progrès de la microélectronique et de l’informatique, susceptibles de réanimer les fonctions perdues, ont, quant à elles, donné lieu à de spectaculaires images : des paraplégiques au corps tapissé d’électrodes esquissant quelques pas face aux médias ou des tétraplégiques agissant par la seule pensée sur leur environnement... Ces images porteuses d’espoir ne doivent cependant pas dissimuler la réalité : cantonnés dans des laboratoires, les prototypes restent balbutiants, mono-tâches et fastidieux à mettre en œuvre.


* Des chercheurs de l’université de Cambridge ont redonné une mobilité partielle à 23 teckels paralysés des pattes arrière. Le résultat a été obtenu par l’injection au niveau des lésions de cellules olfactives, des cellules nerveuses qui ont une forte capacité à se régénérer.
** Ainsi de l’essai mené par l’entreprise californienne Geron, interrompu fin 2010 au bout d’un an. Il visait à tester un traitement utilisant des cellules dérivées de cellules souches embryonnaires auprès de patients accidentés quelques jours auparavant.
Au même moment était suspendu un essai prévu à Clermont-Ferrand, qui envisageait d’injecter dans la moelle épinière, au niveau de la lésion, des cellules souches adultes de moelle osseuse à des patients blessés depuis un an ou plus.

Partager cette page sur :

Commentaires

Réagir à cet article

e-mail : *
Votre email ne sera pas visible
pseudo : *
Commentaire : *
Saisissez ci-dessous le texte suivant : *