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VÉRONIQUE VASSEUR, LANCEUSE D’ALERTE CHRONIQUE
sénateur avait de la peinture fraîche sur son costume. Je lui
ai suggéré de le porter au pressing et d’envoyer la note à la
pénitentiaire, il fallait voir l’œil haineux du directeur de la
prison ! » se rappelle avec un sourire espiègle l’auteure par
qui le scandale est arrivé. La bâtisse, construite entre 1861
et 1867, est ébranlée par l’onde de choc provoquée par ces
révélations à la première personne. Les serrures sautent. Au-
delà de l’encombrement, de la promiscuité, de l’insalubrité,
Véronique Vasseur met en doute le système carcéral. «C’est
plus qu’une punition, c’est l’impasse totale, la bouteille qu’on
referme, l’oxygène qu’on vous coupe brutalement. La plupart
font de courts séjours dehors et se retrouvent vite ici. C’est
notre ghetto, notre honte. » Un constat sans appel. Ses mots
sont repris dans les journaux, elle fait le tour des plateaux
de télévision, le livre s’arrache à 200000 exemplaires !… En
dénonçant l’enfer de l’enfermement, elle a commis un crime
impardonnable contre la vieille institution. Elle le payera. La
direction de la prison accuse la blouse blanche de complot,
de folie, lui reproche son regard «méprisant », demande
aux détenus de rédiger des témoignages «diffamatoires ».
La majorité d’entre eux refusent, donnant raison plutôt à
leur médecin qu’à leurs gardiens, qui revendiquent des
effectifs supplémentaires et l’accusent dans les tracts de
ne penser qu’à son autopromotion. Ils manifestent sous la
banderole de FO «Vasseur va te faire…» et la croquent sur
la couverture de leur bulletin syndical en Marilyn, les jupes
relevées sur une bouche d’aération !
Comme le soulignent les sociologues Francis
Chateauraynaud et Didier Torny, inventeurs de la notion de
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