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RISQUÉ?!
parce que c’était immonde, hors normes, et je n’avais pas
calculé les risques. Je ne regrette pas, même si ça été très dur.
J’ai rencontré là-bas de belles personnes. Mais aussi des
salauds », soupire Véronique Vasseur, soulagée de ne plus
avoir à traverser le lourd portail, les multiples portes et les
sas de sécurité pour se rendre au travail. Sans compter que
voir tous les matins l’emplacement de la guillotine décapite
le moral. « Je culpabilisais de sortir, de partir en vacances, se
souvient-elle, je ne voyais plus la frontière entre le bien et le
mal. Le livre m’a permis de m’évader de la prison. » Elle est
libérée, seulement elle a contracté derrière les grilles le virus
de la contestation. « J’ai envie de dire des choses, je n’ai pas
peur. Le plus grand risque, je l’ai pris la première fois, je ne
m’y attendais pas, je suis sortie essorée, j’avais perdu cinq
kilos. Maintenant j’agis en connaissance de cause… On ne
peut quand même pas rester les bras ballants », s’exclame-
t-elle. Sa cible n’est plus la Santé prison, mais la santé
publique. Notre système médical, sans doute victime de son
succès, est en train de plonger, elle le constate tous les jours
dans son service de Saint-Antoine, qui coule sous l’afflux de
problèmes nouveaux et écope des cas sociaux. On le dit
toujours le meilleur dumonde, par habitude, pour se rassurer.
Le rapport de l’OMS qui accordait à la France la première
position en matière de soins commence à dater (ultime
occurrence, 2000). Au cours des dernières années, sous le
fardeau de la crise, la réalité a basculé, Véronique Vasseur est
bien placée pour le voir et le savoir. Elle retrousse les manches
et assure : « Je n’ai jamais eu de plan de carrière, les
événements s’enchaînent et je suis maintenant chef d’une
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