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VÉRONIQUE VASSEUR, LANCEUSE D’ALERTE CHRONIQUE
C’est alors qu’apparaît la révolte avec la volonté de ne pas
transiger avec la vérité au risque de se priver des protections
qu’offre l’institution et des multiples identités collectives
qu’elle propose à ses agents tant qu’ils restent «compatibles»
avec ses compromissions ordinaires.
Il s’agit donc d’un processus complexe, où le risque
n’occupe finalement qu’une place très secondaire puisqu’il
s’agit avant tout de l’ignorer pour servir une mission supé-
rieure : celle que, malgré ses dénégations ou ses mensonges,
l’institution fait passer au second plan. Le docteur Vasseur
met l’institution face à ses contradictions non pas pour
l’affaiblir, comme cela peut être le cas d’autres lanceurs
d’alerte, qui, avec le même courage, sont animés par
l’objectif de la mettre en échec, mais pour la renforcer en la
ramenant vers la grandeur et les servitudes de ses missions.
En témoigne le fait que c’est la même démarche que le
docteur Vasseur applique à l’institution si décriée qu’est
la prison et à celle nettement plus positivement investie
qu’est l’hôpital, avec, dans les deux cas, le souci prioritaire
de rendre l’une et l’autre plus proches des idéaux qui les
fondent et, finalement, plus « efficaces » et plus éthiques.
Moins spectaculaire que sa version offensive, cette
forme de lanceur d’alerte impose une question, évidente.
Qu’est-ce qui fait que, parmi tous les professionnels qui
interviennent dans ces institutions avec a priori les mêmes
valeurs, seuls certains sont capables de telles exigences à
l’égard de leur mission, au point qu’ils la font passer au-
dessus de toutes les autres considérations professionnelles
ou personnelles ? S’agit-il d’une empathie exacerbée envers
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