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BRÛLAGE
« Le feu est un bon serviteur, mais un mauvais maître. » Ce proverbe
souligne le paradoxe du feu porté par son caractère ambivalent, à la
fois domestiqué et sauvage, bénéfique et destructeur, désiré et redouté,
provoqué et combattu. De tout temps l’homme a utilisé le feu dans la
nature pour en gérer et en valoriser les ressources. Le feu a été l’un des
moyens de conquête des forêts pour les convertir en zones de culture
ou d’élevage.
Brûlages et brûlis comme agents de conquête sur la nature •
Au cours
des temps préhistoriques et historiques, des vagues successives d’ouver-
ture et de fermeture des milieux naturels se sont succédé en fonction
des famines, des conflits armés ou des aléas climatiques. À chaque fois,
le feu a fait partie des moyens de reconquête des territoires perdus sur
la dynamique naturelle de la végétation. Ainsi, le terme ancien d’
essar-
tage
comprend une phase de défrichement du milieu forestier, suivie
d’un brûlis pour se débarrasser des végétaux et fertiliser le sol avec
les cendres, en vue d’une mise en culture. Une fois le milieu ouvert,
les pratiques en œuvre dans la plupart des exploitations agricoles se
suffisent à elles-mêmes pour maintenir le milieu propice à la produc-
tion. Le feu n’est alors plus utilisé que marginalement et épisodiquement
pour incinérer des rémanents d’exploitation (sarments de taille de vigne,
brûlage de chaume…). Le feu était également utilisé en prairies, parcours
(zones parcourues et pâturées par les troupeaux) ou agricultures exten-
sives pour la fertilisation du sol par les cendres, avant l’apparition des
engrais chimiques. C’était notamment l’objectif de la technique ancienne
d’écobuage. Le terme, aujourd’hui synonyme de brûlage pastoral,
a complètement perdu son sens d’origine.
Toujours en milieu rural, le feu est aussi utilisé à la périphérie des
parcelles cultivées pour entretenir les fossés et les talus. Ces pratiques
ont lieu en hiver, lorsque l’herbe est suffisamment sèche, sous l’effet
du gel, pour conduire facilement le feu, et incinérer au passage ronces
et arbustes indésirables.
Selon le même principe et sur des territoires parfois voisins, le brûlage
pastoral, une technique d’entretien et de régénération des pâturages
utilisant le feu courant, a été et est toujours une pratique largement
répandue dans les zones montagneuses et autres espaces de pâtures
et de parcours.
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