P001-224-9782100776580.indd - page 23

7
BRÛLAGE
L’usage du feu en forêt est moins commun, même si des pratiques
anciennes consistaient à brûler des litières de châtaigneraies dans les
Cévennes ou dans les Maures pour faciliter le ramassage des fruits.
Ces forêts cultivées, installées parfois sur des terrains remodelés par
l’homme en terrasses, s’apparentent plus à des vergers qu’à des milieux
forestiers classiques.
De véritables usages du feu en forêt sont attestés dans le domaine de la
prévention des incendies des pinèdes méditerranéennes en France et
au Portugal dès le
xix
e
siècle, mais ces pratiques du «petit feu», comme
on l’appelait à l’époque, se sont perdues pour ne resurgir qu’à la fin du
xx
e
siècle, avec l’émergence du brûlage dirigé. Il s’agit de se servir du
feu pour débroussailler périodiquement les forêts en hiver en vue de
leur protection contre les incendies estivaux. Le terme
brûlage dirigé
a été proposé par les Québécois pour qualifier ce brûlage prescrit (
pres-
cribed burning
) initié dans certaines régions d’Amérique du Nord dans
les années 1930.
Le brûlage dirigé, ou les règles de l’art de l’usage du feu •
L’objectif prin-
cipal du brûlage dirigé est de réduire le combustible en excès afin de
réduire le risque d’incendie de forêt. Un bénéfice essentiel du brûlage
dirigé est de consommer le combustible de la litière, des herbes et des
arbustes alors que le débroussaillement mécanique se contente de le
transformer en une couche de débris végétaux toujours susceptible de
propager l’incendie l’été venu. Le brûlage dirigé peut aussi répondre
aux objectifs d’entretien des pâtures, de maintien des habitats de la
faune, et parfois même de gestion forestière.
Le principe du brûlage dirigé, comme d’ailleurs du brûlage pastoral,
consiste à allumer le feu en haut de parcelle, et à faire descendre le feu
à contre-pente et à contrevent, de manière à aller à l’encontre de la
dynamique naturelle du feu qui a tendance à prendre de la vitesse en
montant la pente, poussé par le vent. Le front de flammes ainsi contrarié
dans sa progression, avance lentement, de l’ordre de dix mètres par
heure, et les flammes sont de petite taille. Ces principes élémentaires,
qui sont les clés de la maîtrise constante du feu pendant l’opération
de brûlage dirigé, peuvent faire l’objet de quelques variantes. Parmi
celles-ci, l’allumage en bandes successives vise à accélérer la réalisation
du chantier en allumant une seconde ligne de feu en aval et à quelques
mètres de distance de la première, puis progressivement d’autres lignes
en suivant le même schéma (voir figure p. 10).
c
Drip-torch
lors d’un brûlage dirigé. Le rythme d’allumage
implique des pauses pour contrôler la mise à feu selon
les prescriptions préalablement définies.
1...,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22 24,25,26,27,28,29,30,31,32,33,...44
Powered by FlippingBook