Exoplanète : une Super-Terre d’enfer !

La planète extrasolaire Corot-7b continue d'abonder au livre des records. Annoncée en février 2009 comme la plus petite exoplanète connue à ce jour et la plus rapide dans sa révolution autour de son soleil – sur Corot-7b une année dure 20 heures – elle est aussi, depuis le 16 septembre, la première planète rocheuse découverte hors de notre système solaire.

Par Paloma Bertrand, le 25/09/2009

Une parmi tant d'autres ?

Depuis la découverte des premières exoplanètes au début des années 1990, leur nombre ne cesse de croître. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires, la bible sur le sujet, recensait 353 planètes extrasolaires au 10 juin 2009. Le 17 septembre, elle en dénombrait déjà 21 de plus. Autant dire qu'une nouvelle venue n'est plus un événement que la communauté des astronomes célèbre à grand bruit.

Pourtant l'annonce en février 2009 de la découverte par le satellite Corot d'une nouvelle planète, perchée à 500 années-lumière dans la constellation de la Licorne, a éveillé l'intérêt. Car elle appartient à la famille encore restreinte des Super-Terres, des planètes à la taille bien plus modeste que les géantes gazeuses découvertes, elles, par centaines. Restait à connaître la masse et la densité de cette nouvelle planète et à élucider l'énigme : Corot-7b est-elle gazeuse ou rocheuse ?

La méthode des transits

La méthode des transits

Il existe plusieurs méthodes pour découvrir des planètes hors du système solaire. Celle utilisée par le satellite Corot, la méthode des transits, repose sur un principe assez simple : le « transit » planétaire est le passage d'une planète devant son étoile, qui se traduit par une diminution temporaire de l'éclat de cette étoile. La variation de luminosité est donc le signe de la présence d'une planète. Cette méthode permet la détection de planètes de dimension modeste, semblables à la Terre.

Elle possède néanmoins un défaut. Pour qu'un transit planétaire soit visible, il faut que le plan de l'orbite soit aligné avec la direction d'observation. Et cet alignement planète-étoile ne se produit qu'une fois par période orbitale (une fois par an pour le système Terre-Soleil, par exemple).

Harps entre en scène

HARPS

Un spectographe, Harps, installé au foyer du télescope de l'Observatoire européen de La Silla au Chili, vient d'apporter la réponse. Après 70 heures d'observation, le plus long cycle jamais effectué avec cet appareil, le résultat tombe : la masse de cette planète est environ cinq fois supérieure à celle de la Terre, et sa densité, très proche de celle de notre planète. Ainsi, Corot-7b entre dans l'histoire comme la première planète « tellurique », c'est-à-dire rocheuse, découverte hors de notre système solaire. Une première dans la famille des Super-Terres ! D'autres Super-Terres sont susceptibles de rejoindre Corot-7b dans cette catégorie des planètes telluriques mais aucun instrument n'en a encore donné la preuve.

Corot-7b, c’est aussi l’enfer

Corot-7b, vue d’artiste.

Malheureusement, les points communs avec notre planète bleue s'arrêtent là : Corot-7b n'est située qu'à 2,5 millions de kilomètres de son étoile (en comparaison, la Terre est à 150 millions de kilomètres du Soleil) et la température y est plus qu'hostile – probablement 2000°C « au soleil », -200°C « à l'ombre » – et sa surface pourrait être soit un océan bouillonnant, soit un tapis de lave. En cherchant à connaître la masse de Corot-7b, les chercheurs ont aussi découvert autour de l'étoile une autre Super-Terre qui porte désormais le nom de Corot-7c. Mais sa position dans l'espace n'a pas permis d'étudier sa densité. Tellurique ou pas, cette énigme-là, restera.

* Didier Queloz (observatoire de Genève), François Bouchy (IAP, Paris et OHP, St. Michel l'Observatoire), Claire Moutou (laboratoire d'astrophysique de Marseille), Artie Hatzes (Thüringer Landessternwarte Tautenburg, Allemagne).

Paloma Bertrand le 25/09/2009