Généraliser le dépistage du sida en France

Dans notre pays, 50 000 personnes vivent avec le virus du sida sans le savoir. Le gouvernement appelle à un dépistage massif du VIH.

Par Paloma Bertrand, le 30/11/2010

Lutter contre le retard au dépistage

Christian Andreo : « 50 000 personnes en retard de dépistage... »

Le 4 novembre dernier, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, rendait public le plan national de lutte contre le VIH-sida 2010-2014. Ce plan vise à infléchir la dynamique de l'épidémie en élargissant les recommandations de dépistage à toute la population et non plus seulement aux populations dites «  à risque  » (homosexuels, migrants, usagers de drogue…). Selon les estimations, 50 000 personnes en France sont séropositives sans le savoir et contribuent à leur insu à la propagation de la maladie. 6 900 nouveaux cas de contamination ont été déclarés en France en 2009. « Pour une personne sur cinq, le diagnostic est encore trop tardif, et pourtant le bénéfice d'une prise en charge précoce, et la plus précoce possible, est bien démontré », souligne Didier Houssin, directeur général de la Santé.

À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le nouveau gouvernement vient de présenter les outils destinés à favoriser cette politique de dépistage généralisé : une campagne d'information grand public diffusée ce mois de décembre sous la forme d'un spot de 30 secondes à la télévision et dans les cinémas, et une campagne de sensibilisation auprès des professionnels de santé.

Les principales mesures du plan national de lutte contre le VIH-sida 2010-2014

Les principales mesures du plan national de lutte contre le VIH-sida s'articulent autour de deux grands axes :

  • la recommandation d'un dépistage proposé à l'ensemble de la population hors notion d'exposition à un risque,
  • un renforcement de l'action en direction des groupes les plus vulnérables et notamment les hommes homosexuels avec la mise en œuvre d'une nouvelle forme de dépistage : utilisation de tests de dépistage rapide qui peuvent désormais être réalisés par des non-professionnels de santé en dehors des centres et laboratoires traditionnels

 

Les objectifs poursuivis par ce plan sont de :

  1. Réduire de 50 % l'incidence de l'infection par le VIH (l'incidence est le nombre de nouveaux cas).
  2. Réduire de 50 % en 5 ans l'incidence du sida.
  3. Réduire de 50 % la proportion de personnes découvrant leur séropositivité VIH au stade sida.
  4. Réduire de 20 % la mortalité liée au sida.

 

Mobiliser les professionnels de santé

En 2009, dans le monde, près de la moitié des nouveaux cas d'infection sont des femmes.

Au-delà du grand public, il est essentiel d'impliquer largement les médecins généralistes. Car « jusqu'à présent, soulignent France Lert et Gilles Pialoux dans l'éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié le 30 novembre, les médecins généralistes tendent, en dehors de signes évocateurs de l'infection VIH, à attendre la demande de la personne. Ils devront désormais proposer le dépistage [à des personnes] qui ne se sentent pas exposées. Une majorité de médecins semblent y être prêts […]. Du côté des [patients], les résultats de l'étude menée dans les urgences d'Ile-de-France montrent qu'une proportion élevée (62%) accepte cette démarche ».

A travers la brochure publiée fin novembre par l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) et destinée aux médecins généralistes, il est ainsi recommandé aux médecins de proposer un test de dépistage pour le VIH à l'occasion d'un bilan de santé ou même lors d'une simple consultation à toutes les personnes âgées de 15 à 70 ans en dehors de toute notion d'exposition à un risque particulier de contamination. Et de sensibiliser leurs patients par des documents et affiches placés dans les salles d'attente.

L'idée étant à terme de banaliser le test de dépistage du VIH et de modifier la perception du public qui considère encore trop souvent que la maladie est liée à des comportements marginaux, voire déviants, qui ne le concernent pas.

Paloma Bertrand le 30/11/2010