Prévention contre le sida : tous circoncis ?

Le 20 juillet, la sixième Conférence internationale sur le sida s’est achevée sur les résultats prometteurs du premier programme de grande ampleur de circoncision.

Par Romain Lejeune, le 25/07/2011

Circoncire pour mieux prévenir. Tel aurait pu être le slogan de la campagne de circoncision menée de 2007 à 2010 en Afrique du Sud, dans le bidonville d'Orange Farm, township situé dans la banlieue de Johannesburg. Soutenu par l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), Bertran Auvert, épidémiologiste à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et coordinateur du programme, est parvenu à convaincre plus de la moitié des hommes d'accepter une circoncision. Objectif ? Diminuer le taux de transmission du virus du sida dans un pays où le taux d'infection est très élevé : au sein du township dans lequel a été menée cette campagne, 45% des femmes et 40% des hommes non circoncis et âgés de 35 à 39 ans sont infectés par le VIH. Révélés lors de la sixième Conférence internationale sur le sida qui se tenait à Rome du 17 au 20 juillet, les résultats de ce programme sont encourageants : ils indiquent une diminution de 30% du taux de transmission du virus du sida pour les hommes ayant subi l’intervention chirurgicale, et une chute de 75% du nombre de nouveaux cas recensés sur une année.

Sida : des raisons d'espérer ? Avec Christine Rouzioux, virologue à l'hôpital Necker à Paris, et Stéphane Vambre, co-président d’Act Up. Débat diffusé le 15 janvier 2010.

Une campagne participative

Ce programme consistait à « proposer une circoncision gratuite et médicalisée à tous les hommes volontaires âgés d'au moins 15 ans ». Au total, plus de 20 000 circoncisions ont pu être réalisées. « Le projet s’est appuyé sur une mobilisation des habitants ainsi que sur une campagne d’information sur la prévention », incluant entre autres le dépistage et la distribution de préservatifs. « Entre 2007 et 2010, la proportion d’hommes circoncis est passée de 16% à 50% parmi les 15-49 ans, avec un pic à 59% chez les 15-24 ans ». Selon les auteurs du rapport, « les comportements sexuels, notamment l’usage des préservatifs, ne se révèlent pas différents chez les hommes circoncis et non circoncis ». Pour le professeur Bertran Auvert, en charge de ces travaux, « cette étude démontre que la circoncision permet de réduire l'épidémie de l'infection à VIH dans les communautés fortement infectées ». L’épidémiologiste de l’Inserm préconise une « généralisation de la circoncision en Afrique australe et de l’Est » et appelle dans ce sens à « un engagement politique fort ». Pour le professeur David Lewis, chercheur à l’Institut national des maladies contagieuses basée en Afrique du Sud, « cette étude montre un résultat extraordinaire pour une intervention qui coûte 40 euros, prend 20 minutes et ne doit être faite qu'une seule fois dans la vie ».

 

Romain Lejeune le 25/07/2011