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CORPS ET SPORT
es sports sont parfois présentés comme
une philosophie de vie, dont le fondement
serait une forme d’égalité protégée par de
nombreux règlements qui ixent les pra-
tiques et les compétitions. Ainsi, une des
premières règles constitutives consiste à
catégoriser les pratiquant(e)s selon divers
critères : le handicap (pensons aux Jeux
paralympiques), le poids (dans la plupart
des sports de combat : judo, boxe, haltéro-
philie…), l’âge et, surtout, le sexe.
LES PRINCIPES
DE LA CATÉGORISATION
SPORTIVE
Ce principe de catégorisation répond à
celui de la garantie d’une incertitude du
résultat, pour respecter « l’égalité des
chances sur la ligne de départ». Cette règle
est censée permettre le bon et juste dérou-
lement de la compétition pour «que le/la
meilleur(e) gagne». Elle autorise la régula-
tion en amont des avantages physiques,
corrigés par la création de catégories
d’athlètes, autorisés à concourir entre eux
au sein de chaque discipline sportive.
Toute référence à une catégorie de clas-
sement mobilise un ensemble de normes
qui ont des conséquences concrètes sur
les institutions et les individus. Les catégo-
ries de pensées et de principes de classe-
ment ne sont pas innées ou naturelles : la
catégorisation sportive s’imbrique dans
des rapports liés au contexte social et his-
torique dans lequel elle est générée, main-
tenue et légitimée. Cette classiication, en
tant que résultat mais aussi comme pro-
cessus, constitue un enjeu de luttes
sociales et symboliques autour de la déi-
nition de leurs frontières, des positions
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L’athlète polonaise Stanislawa Walasiewicz
(Stella Walsh, 1911-1980), championne olympique
du 100 m en 1932, se révéla, à sa mort,
être une personne intersexe.
Kinue Hitomi (1907-1931), médaillée d’argent
à l’épreuve du 800 m femmes aux Jeux olympiques
d’Amsterdam en 1928, avec Lina Radke (1903-1983),
médaillée d’or.