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Pierre Ancet, «Les savoirs de la philosophie», dans Charles Gardou
(dir.),
Handicap, une encyclopédie des savoirs,
Toulouse, Érès,
2014, p. 193-208.
Henri-Jacques Stiker,
Corps infirmes et sociétés,
Paris, Dunod,
1982 ; rééd. 2013.
DYNAMIQUES DU HANDICAP PHYSIQUE
comme une
force,
une source de dépasse-
ment, de soi bien sûr, mais aussi des
autres et des situations. Comment inter-
préter cela? Pour ce qui est de la «prothé-
tisation » des athlètes et de sa
catégorisation dans la compétition, il est
du ressort de la législation sportive de lui
accorder un statut, présent et à venir, qui
garantisse l’intégrité physique et morale
des personnes. Pour ce qui est d’évaluer
l’avenir du handicap à l’aune de ces cas
exceptionnels, il faut évidemment rester
vigilant quant à la banalisation de ces
«augmentations» et la sous-estimation de
ce qu’est le quotidien avec une prothèse.
Il reste ici à souhaiter que la pression de la
compétition ou de la conformité aux stan-
dards ne joue aucun rôle moteur, et que
l’inlation des prothèses et des modiica-
tions puisse être contenue par une attitude
de prudence. À force de changements, l’in-
dividu risquerait de ne plus se retrouver
lui-même ou, dans la dépendance tech-
nique accrue, de voir son potentiel d’auto-
nomie altéré. En outre, de même que
chacun ne peut devenir un sportif de haut
niveau, de même chaque déicience ne
peut être transformée en performance.
Enin, concernant l’image renvoyée par
ces athlètes, un pas a été franchi, dans la
reconnaissance et la médiatisation mais
aussi dans les représentations d’un corps
« esthétique » ou « fonctionnel ». Selon
cette perspective, et bien que tous les
«handicaps » ne se valent pas, on peut
espérer des bienfaits de l’éclairage porté
par le sport sur le handicap, et du chemi-
nement qui s’opère ainsi vers une évolu-
tion plus positive et plus universelle de
ses représentations.
Le corps «augmenté» de prothèses fait aujourd’hui
fantasmer : il invite à questionner le «corps naturel»,
le «dopage technologique», les nouvelles
représentations du corps et de la beauté et
l’hybridation de l’homme avec la machine.
Ici, l’athlète et mannequin Aimee Mullins
photographiée par Patrik Andersson.
