J’ai pendant longtemps cru que j’allais pou-
voir progresser seul dans cette voie du
haut niveau, et m’y adapter. Jusqu’à ce que
Sodebo, par l’intermédiaire de sa coprési-
dente Patricia Brochard, m’ouvre les yeux au
fait qu’être aidé de l’extérieur permet de se
poser les bonnes questions. Les réponses
viendront forcément de vous, car elles sont
singulières et doivent le rester. Tandis que les
questions, si c’est vous qui les posez, seront
biaisées et teintées de subjectivité. Il est très
compliqué de trouver soi-même la bonne
question. Le recours à une aide extérieure
est un élément clé de la performance. Une
fois que je l’ai compris, trois volets se sont
ouverts à moi.
VOLET 1 : LA CAPACITÉ À ÉLEVER
SON NIVEAU DE CONCENTRATION
Le premier volet est lié au fait d’élever mon
niveau de concentration et d’associer le
corps et la tête, notamment dans une activité
comme la mienne, sur un bateau aussi com-
plexe que le trimaran Ultim’, où la démarche
d’évaluation, tant du bateau que du sportif,
est systématique.
À titre d’exemple, mon coach, François Bon-
nod, me propose des séances de proprio-
ception d’une durée de vingt minutes. Il me
lit un texte et j’essaye de me concentrer sur
le nombre de voyelles et de consonnes. De
« JE SUIS DANS
UN MONDE IDÉAL
LORSQUE JE SUIS
SUR L’EAU »
THOMAS COVILLE
PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE DORON
même, face à un écran projetant diverses
formes géométriques, je dois être capable
de me remémorer ces formes et les implica-
tions qu’elles ont entre elles. C’est un entraî-
nement. Le sport de haut niveau s’efforce
aujourd’hui d’améliorer la capacité à éle-
ver le niveau de concentration, et de recon-
naître les temps forts et les temps faibles
de cette concentration. Je demande en effet
à mon coach d’intégrer directement à l’en-
traînement ce travail sur l’élévation de mon
niveau de concentration. C’est ce qui me per-
met de progresser. En revanche, il est impos-
sible de créer, pendant l’entraînement, toutes
les situations éventuelles que je peux ren-
contrer en mer. Ça n’a d’ailleurs pas beau-
coup d’intérêt de chercher à les déceler, ni
de chercher à y répondre. Car ça ne marche
jamais comme ça, dans un monde aussi ins-
table que le nôtre. D’autres techniques sont
également efficaces pour élever mon niveau
de concentration. Reconnaître mes points
forts et mes points faibles m’a notamment
amené à travailler sur les pensées parasites.
La méthode dite de la « parade aux pensées
parasites » m’a particulièrement aidé. Roger
Federer est le sportif qui a le plus travaillé sur
cette méthode. Il s’agit d’anticiper les « pen-
sées parasites », c’est-à-dire les mécanismes
que vous reproduisez par erreur. Ces pensées
