Rapport Onusida 2007 : l’épidémie marque le pas

À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, Onusida publie son rapport annuel sur l'ampleur de l'épidémie avec des chiffres en baisse résultant essentiellement d'une nouvelle méthode de calcul. Si le sida semble stagner, il n'en demeure pas moins l'une des causes principales de décès dans le monde.

Par Olivier Boulanger, le 30/11/2007

Une meilleure collecte des informations

Malades porteurs du VIH en 2007 : 33,2 millions

En 2006, Onusida estimait à 40 millions le nombre de personnes porteuses du VIH dans le monde. Pour l'année 2007, l'organisation revoit ses estimations à la baisse : 33,2 millions. Ce chiffre reflète les nouvelles méthodes d'estimation utilisées offrant des données plus précises qui ont d'ailleurs donné lieu à d'importantes révisions des estimations antérieures.

70% de la différence entre les estimations 2006 et 2007 proviennent de corrections effectuées dans six pays : l'Angola, l'Inde, le Kenya, le Mozambique, le Nigeria et le Zimbabwe. En Inde, par exemple, grâce à de nouvelles méthodes de collecte d'informations, le nombre de personnes affectées par le virus initialement évalué à 5,7 millions a été revu fortement à la baisse : 2,5 millions. « Ces statistiques améliorées nous offrent une vision plus claire de l'épidémie en en révélant à la fois les défis et les opportunités », explique le directeur exécutif d'Onusida Peter Piot.

La prévalence* mondiale se stabilise...

Nouvelles infections en 2007 : 2,5 millions

Malgré des chiffres difficiles à comparer, Onusida estime que le pourcentage de personnes infectées dans le monde se stabilise, en partie grâce à la prévention. « Indubitablement, nous commençons à avoir un retour sur investissement, estime Peter Piot. Les nouvelles infections et la mortalité déclinent et la prévalence du VIH se stabilise. Mais avec plus de 6800 nouvelles infections et plus de 5700 morts chaque jour, nous devons accroître nos efforts afin de réduire de manière significative l'impact du sida dans le monde. »

* Prévalence = pourcentage de personnes infectées (à ne pas confondre avec le nombre de personnes infectées)

... mais le nombre de malades reste en hausse

Nombre de malades entre 1990 et 2007

Si le pourcentage de malades stagne, le nombre total de personnes vivant avec le VIH dans le monde ne cesse de s'accroître : une conséquence de la survenue continuelle de nouvelles infections à VIH, associée à des temps de survie prolongés, dans une population générale en perpétuelle croissance.

Le sida demeure par ailleurs l'une des causes principales de décès dans le monde. En Afrique subsaharienne, où quelque 22,5 millions d'habitants sont touchés, il représente la première cause de décès. Malgré une nette diminution depuis 2001, Onusida estime à 1,7 million le nombre de nouvelles infections sur le continent. Huit pays de la région représentent désormais près du tiers de toutes les nouvelles infections à VIH et de tous les décès dus au sida dans le monde.

Nombre de morts par sida en 2007 : 2,1 millions

En Asie, l'évolution de la maladie est contrastée. Ainsi, une baisse des nouvelles infections au VIH a pu être constatée en Asie du Sud et du Sud-Est, notamment au Cambodge, en Birmanie et en Thaïlande. Mais ce n'est pas le cas de tous les pays. Au Vietnam, par exemple, le nombre de malades a plus que doublé entre 2000 et 2005. Et l'Indonésie connaît, cette année encore, le plus fort taux de croissance de l'épidémie.

En Europe, c'est en France et au Royaume Uni que l'épidémie demeure la plus importante : ces deux pays représentaient 54% des nouvelles infections en Europe durant l'année 2006. En France, 6300 cas ont ainsi été déclarés l'an dernier, contre 7000 en 2004 et 6700 en 2005. La majorité concerne des hommes (66%). Les rapports hétérosexuels représentent 42% des découvertes de séroposivité et concernent pour moitié des personnes d'Afrique sub-saharienne. Cinq millions de personnes vivant en France ont fait un test de dépistage l'an dernier. Malgré cela, le Conseil national du sida (CNS) estime que 18 000 à 61 000 personnes ignorent être porteuses du virus.

Olivier Boulanger le 30/11/2007