Juillet-août 2016

Grâce à l’association Science ouverte, Nina, Youssef, Elisa et Arthur âgés de 18 à 20 ans, encadrés par le chercheur en biologie Jacques Moreau, se sont envolés le 19 juillet pour participer à une expédition scientifique à l’extrême nord du Groenland, en terre d'Inglefield. Faisons connaissance avec ces quatre chanceux et la fabuleuse mission qui leur a été confiée.

Un rêve devenu réalité !

L’idée réjouissante et quelque peu farfelue du projet « SO’Arctique » est née dans la tête de Jacques Moreau, explorateur et chercheur en biologie au CNRS, également engagé dans l’association Science ouverte, située en Seine-Saint-Denis.

Ce projet, en préparation depuis décembre 2014, concerne en fait une trentaine de lycéens et d’étudiants de la banlieue parisienne, soutenus par des laboratoires, des chercheurs et des universitaires. En effet, si seulement quatre jeunes ont été sélectionnés pour partir, c’est toute une équipe qui s’est investie dans la préparation du voyage, la récolte des fonds (subventions et financement participatif) nécessaires au coût de l’expédition, et qui va suivre le périple des explorateurs.

Le voyage, qui dure cinq semaines, va les conduire, après plusieurs étapes en avion et une journée en barque, sur la terre d’Inglefield, dans le petit village inuit de Siorapaluk. De là, ils partiront pour une longue expédition pédestre, comportant six haltes plus ou moins longues, à l’intérieur des terres ou près des côtes. Pour gagner ces différents campements,  ils vont marcher dans le froid (l’été, la température varie entre 0 et 5° C) sur des dizaines de kilomètres  avec un sac-à-dos de 20 kg pour transporter le matériel nécessaire.

Portraits de ces quatre explorateurs

Nina Lopez habite Villeneuve-la-Garenne, fréquente l’association depuis deux ans et vient de passer un bac scientifique. Passionnée de musique, elle se destine à devenir ingénieure en agronomie avec le rêve de travailler un jour dans les pays tropicaux.

Quand on lui demande pourquoi elle a voulu participer à cette expédition, elle rétorque qu’elle a envie de voyager, de se familiariser avec des protocoles scientifiques, de découvrir les coutumes inuits, et de vivre une expérience inoubliable qu’elle pourra faire partager à son retour avec les conférences qui auront lieu dans les écoles.

Youssef Souidi habite Aubervilliers et vient de terminer une 1ère ES au Lycée Le Corbusier. Sur les conseils de sa grande sœur, il participe depuis 2 ans aux stages et ateliers que propose l’association Science ouverte. Ce qui lui tient à cœur, c’est d’abord le sport : il pratique le karaté, aime dessiner, écouter et même écrire de la musique ! Sans être vraiment fixé sur un métier, il envisage des études de droit.

Ce qui le motive avant tout dans ce projet, c’est de vivre une expérience hors du commun pour côtoyer des gens nouveaux, découvrir et apprendre beaucoup de choses sur les peuples et le milieu de l’Arctique, puis rediffuser cette expérience inoubliable à son retour.

Elisa Chardon-Legrand, habite Saint-Denis, vient d’achever une terminale scientifique et rêve de travailler dans la recherche. Consciente du peu de débouchés, elle n’a pas encore choisi sa voie et reste ouverte à plusieurs disciplines : neurologie, géologie, agronomie, énergies renouvelables. En attendant, et depuis plus de deux ans, elle s’implique activement dans la vie de l’association.

Motivée dès le début par le projet « SO Arctique », elle entend vivre une aventure unique, aussi bien scientifique que personnelle et espère bien se dépasser physiquement et psychologiquement. À son retour, elle compte aussi se faire l’ambassadrice de ce voyage dans les écoles pour raconter son aventure, diffuser du savoir et donner le goût des sciences à d’autres jeunes.

Arthur Chen habite Suresnes et après deux ans de classe préparatoire, il termine une 2e année à l’école Polytechnique. Bien que sa formation soit centrée sur les sciences, il ne sait pas encore vers quoi se diriger. Ce projet, auquel il participe depuis le début, constitue également un formidable apprentissage pour mener un projet, trouver des financements, des partenaires, s’occuper de la logistique, communiquer…

Dès le début, il a été séduit par cette idée folle ! Outre tout ce qu’il a déjà appris avec la définition des objectifs scientifiques et la gestion de projet, il a hâte de relever ce défi à la fois physique et psychologique car pendant ces cinq semaines, ils devront vivre à la dure, très isolés, sans aucun confort ni communication avec notre monde et devront rester unis et solidaires. Une fois rentré, il entend bien transmettre son expérience, partager son savoir et rompre avec les idées fausses que nous avons sur l’Arctique et les Inuit, à l’ère des changements climatiques.

Une association ouverte aux sciences et aux jeunes de banlieue

L’association Science ouverte située en Seine-Saint-Denis, un territoire socialement défavorisé, a pour objectif de promouvoir la science auprès des jeunes en leur offrant une ouverture culturelle vers les sciences souvent jugées rébarbatives et difficiles, en proposant des activités qui font du lien social autour des sciences, en créant de la mixité et en encourageant les jeunes –notamment les filles - à poursuivre dans les carrières scientifiques. L’association intervient dans les écoles, organise du soutien scolaire, du tutorat, des stages scientifiques, des rencontres avec des chercheurs, des visites de lieux.

François Gaudel, président de l’association, qui a enseigné les maths en Seine-Saint-Denis avant de partir à la retraite, est très sensible au sentiment d’enfermement culturel et social ressenti par nombre de jeunes de ces quartiers éloignés de la culture. Combattre ce sentiment, lutter contre les clichés (« les sciences c’est trop compliqué » ou « c’est pas pour les filles ») et favoriser leur prise de responsabilité face aux enjeux du savoir scientifique, est pour lui une mission de premier ordre qu’il remplit avec passion !

On vous attend !

C’est avec impatience que nous attendons votre retour, probablement chargé de souvenirs et d’images inoubliables. Avec le récit de votre audacieuse aventure sur ces terres du bout du monde, nous partagerons votre expérience de la vie dans des conditions extrêmes, nous en apprendrons davantage sur la faune et la flore du Groenland, le peuple Inuit, l’état de notre planète, qui souffre du réchauffement climatique et nous prendrons ainsi part à ce rêve commun… En attendant, on vous souhaite un magnifique voyage !

Pour aller plus loin…

Un article de la Tomate bleue, rédigé à partir des sources suivantes :

Scienceouverte.fr ; leparisien.fr ; franceinter.fr ; radiocampusparis.org ; kisskissbankbank.com