Vincent Bontems, philosophe des sciences et des techniques, nous parle des livres qu'il a écrit.

Je m'appelle Vincent Bontems, je suis philosophe des sciences et des techniques
au commissariat à l'énergie atomique (CEA), dans un laboratoire qui s'appelle le LARSIM.
Ma spécialité c'est de travailler sur les instruments scientifiques, sur l'évolution de la technologie
et sur les enjeux éthiques et sociétaux.
J'ai écrit un livre sur Gaston Bachelard dans la collection Figures du savoir aux Belles lettres
Donc Gaston Bachelard c'est un épistémologue du 20ème siècle et aussi un philosophe très attachant
qui a écrit sur la poésie et l'imaginaire. Et puis j'ai publié l'année dernière en 2016,
un petit livre avec l'astrophysicien Roland Lehoucq qui s'appelle les idées noires de la physique.
Et ça c'est un livre de réflexions alternées donc d'un scientifique et d'un philosophe sur les idées noires.
C'est à dire sur ces concepts qu'on qualifie de noir en physique : le corps noir, le trou noir, la matière noire,
l'énergie noire... A chaque fois Roland, avec mon aide mais c'est lui qui tient la plume, explique de quoi il s'agit,
comment ça a été introduit dans le vocabulaire scientifique et puis moi derrière je réfléchis au sens que
prend l'adjectif noir dans ce contexte et aux associations d'idées et d'images qui
surgissent immanquablement quand on évoque l'objet dont il s'agit et qui colore en quelque sorte en retour le concept scientifique lui-même et voilà donc c'est un livre
qui est très joli parce qu'il a été illustré par Scott Pennor's et donc voilà on en est très content Roland et moi.
On écrit effet pour des gens différents, pour différentes cibles, c'est assez juste sur ma pratique de philosophe.
Quand j'écris des articles, très clairement d'une certaine mesure, j'écris pour
moi parce que ça ne va pas être lu par beaucoup beaucoup d'autres gens...
Après quand on écrit un livre, il faut précisément se demander pour qui on
l'écrit et que ça vaille le coup à mon sens, ça sert pas à grand-chose d'écrire des livres pour écrire des livres...
donc chaque fois que j'ai eu un livre je l'ai fait avec une intention particulière.
Quand j'ai écrit Gaston, celui qui s'appelle Bachelard, qui est
une monographie sur Gaston Bachelard, c'était avec une attention très particulière qui était de toucher
deux publics, le premier c'est les étudiants dans la mesure où l'enseignement de la pensée de Gaston
Bachelard dans sa partie épistémologique était tombé en désuétude à l'époque où j'ai fait mes études
dans l'enseignement supérieur et je savais en quelque sorte que j'avais travaillé sous la direction de la dernière
génération formée à cette discipline de pensée et que
après mois les gens n'en auraient peut-être pas entendu parler, donc j'ai voulu écrire un livre qui serve de
jalons pour permettre une transmission. En sachant que moi je ne suis pas à l'université, je ne ferai pas cette
transmission directement. Et la deuxième chose c'est que Bachelard est l'un des rares philosophes qui
intéresse encore les gens au-delà justement de la sphère académique, du fait de sa
personnalité et du fait aussi du deuxième versant,  ce qu'on appelle le versant nocturne de son œuvre,
qui est sur la poésie l'imaginaire avec des livres aussi connus que "La politique de l'espace", "L'eau et les
rêves" et j'ai fait un livre qui était équilibré de ce point de vue, c'est à dire qu'il
traitait les deux Bachelard. Très souvent les gens n'en connaissent qu'un seul et donc c'est pour ça que c'est la
première monographie qui s'occupe de l'intégralité de l’œuvre de bachelardienne.
Et donc mon livre visait à servir de jalons, de manuel introductif pour des d'autres gens qui voudraient
développer cette orientation épistémologique, mais aussi en fait satisfaire l'honnête homme qui
s'intéresse à peut-être qu'à l'autre versant de Bachelard mais voilà qu'il veuille saisir l'unité d'une œuvre.
Donc ça c'était assez évident, enfin le livre sur les idées noires de la physique avec Roland Lehoucq
alors là en revanche, on voulait viser, le grand public ça
veut rien dire, mais on voulait viser les gens qui peuvent s'intéresser d'une façon ou d'une autre à la science,
tous les gens qui s'intéressent à la science dans la mesure où même s'ils s'intéressent à la science
fiction ou à l'histoire des idées ou que dire à l'imaginaire scientifique ou aux controverses
scientifiques,  il y avait un spectre très large, c'était très riche les idées noires, ça permettait de traverser
l'histoire des sciences tout en ayant un fil conducteur,
tout en convoquant tout un contexte historique, tout en ayant aussi cette
résonance avec la poésie, avec la culture, il y a la beauté de l'ouvrage qui tient pas tant à ses auteurs que en fait aux matériaux qui sont convoqués et
puis au travail fantastique de Scott Pennor's, donc là c'était un ouvrage qui a été fait pour avoir une plus
grande audience et d'ailleurs ça a marché, le premier tirage est épuisé et je crois que l'ambition c'était pas
la mienne, c'était aussi celle de Roland Lehoucq, finalement c'était de faire une sorte de classique,
c'est à dire de faire un petit livre qui correspond à la modernité de son époque mais qui est
relativement intemporel qui reste voilà, qui est un joli petit livre dans lequel
les gens peuvent lire par petites touches, apprendre des choses, être inspirés et que ça leur donne un objet
de réflexion et de rêverie et on est très heureux du travail qui a été fait par l'éditeur, par les Belles Lettres
et par l'illustrateur et par la mise en page. ça donne ce petit ouvrage qui n'est pas juste de la vulgarisation
mais qui est un mode d'exposition nouveau, très inspiré de Gaston Bachelard une fois de plus
puisque c'était lui qui a travaillé en parallèle sur les sciences et sur
l'imaginaire, nous on n'a pour ainsi dire mis en pratique cette méthode à notre époque et le résultat nous plaît
et on espère qu'il a plu à tous les gens qui l'ont acheté.

Ses livres disponibles à la Bibliothèque :

Bachelard

Vincent Bontems. 2010
Bibliothèque Est Niveau -1   RC1 44 BACHG  

Gaston Bachelard (1884-1962), figure exemplaire de l'école laïque - boursier d'origine modeste, il finira par occuper la chaire d'histoire et de philosophie des sciences de la Sorbonne - est un penseur non conventionnel : s'appuyant sur une physique, une chimie et des mathématiques en pleine révolution, mais aussi sur Freud et Jung (réinterprétés), il a construit une épistémologie d'un rationalisme subtil qui a largement fait école, comprenant le progrès de la science comme une suite de discontinuités ; métaphysicien, il s'est opposé à Bergson sur le problème du temps, défendant une philosophie de l'instant contre sa philosophie de la durée ; il a aussi renouvelé l'approche de la poésie, en donnant une importance inédite à l'Imaginaire. [4e de couverture] 

Catalogue, notice détaillée

Les idées noires de la physique

Vincent Bontems, Roland Lehoucq, Scott Pennor's. 2016
Bibliothèque Est Niveau -1   XE2 2 BONTV   

Loin d'être anecdotique, cette interrogation permet de traverser l'histoire de la physique et d'en soulever une bonne part des enjeux actuels. L'énigme du ciel noir a préoccupé les astronomes pendant des siècles ; l'étude du rayonnement du corps noir est à l'origine de la révolution quantique ; le trou noir est une singularité cosmique fascinante ; la matière noire et l'énergie noire sont des hypothèses mystérieuses de la cosmologie contemporaine. À partir de leurs disciplines respectives, l'astrophysicien Roland Lehoucq et le philosophe des sciences Vincent Bontems éclairent tour à tour la signification du qualificatif « noir » pour chacune de ces idées.[4e de couverture]

Catalogue, notice détaillée