Juin 2016

Toujours plus puissants et plus « intelligents », les ordinateurs ne se réduisent plus à la simple exécution de tâches répétitives. Devenus irremplaçables dans les calculs et les opérations logiques, le traitement et la transmission d’informations,  la manipulation d’images, le pilotage de robots… ils sont aujourd’hui capables d’apprendre par eux-mêmes grâce à des réseaux de neurones artificiels calqués sur le cerveau humain.

Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?

L’intelligence artificielle (IA) est une discipline scientifique dont le but est de faire faire par une machine des tâches que l'homme accomplit en utilisant son intelligence.

Cette discipline est née en 1956 avec les travaux du mathématicien Alan Turing, qui s’intéressa à la « conscience » des machines. Il pensait que celles-ci seraient un jour capables de nous imiter (nous, les humains) et de dialoguer avec nous. Il était entre autre persuadé qu’un programme d’échecs serait capable de battre un champion du monde. Sa prophétie se réalisa en 1997 lorsque Kasparov fut battu par Deep Blue.

À l’origine des travaux de recherche, l’intelligence artificielle se fonde sur :

  • les mathématiques ;
  • les algorithmes, c’est-à-dire les programmes qu’un ordinateur exécute grâce à des langages de programmation ;
  • la sémantique, c’est-à-dire l’étude du langage et du sens des mots.

Depuis quelques années, l’IA puise de nouvelles sources d'inspiration dans le fonctionnement du cerveau humain. Le laboratoire  Google X, travaille sur les réseaux neuronaux artificiels profonds. Les chercheurs ont mis en place un réseau de plusieurs millions de neurones artificiels connectés à des milliers de processeurs, qui permet aux machines d’apprendre en partie par elles-mêmes.

Avec cette nouvelle capacité qu’ont les machines, l’avancement de l’IA progresse très rapidement. Les ordinateurs étaient capables :

  • de résoudre des problèmes mathématiques ;
  • d’analyser des données en vue de les modéliser : cartes météo, par exemple ;
  • de raisonner de manière logique : exemple des jeux de stratégie.

Ils peuvent désormais :

  • traduire des langues de manière automatique ;
  • reconnaître une voix : exemple des assistants vocaux comme Siri ou Cortana ;
  • comprendre la parole et le langage naturel, avec l'exemple des logiciels de dictée vocale : je parle et l’ordinateur écrit ce que je dis ;
  • reconnaître les formes, les visages, les images ;
  • acquérir des connaissances et apprendre par l’expérience : le système apprend par lui-même et progresse en permanence, exemple du robot Icub.

L’apprentissage en profondeur

L'objectif des chercheurs et des entreprises qui travaillent sur l’intelligence artificielle est que les logiciels puissent un jour comprendre toutes les données qu’un humain peut traiter. Il s'agit aussi bien de ce que l'humain perçoit (grâce aux informations que nos sens nous fournissent), que de la compréhension des données et du raisonnement.

Déjà, les assistants personnels intelligents - tels Siri, Cortana ou Google now - se pilotent et obéissent à la voix une fois que certaines informations nous concernant ont été entrées dans leur mémoire. Ils rendent des services pour gérer un agenda, créer des rappels, dicter un sms ou une recherche à effectuer sur le Web, lancer un itinéraire, trouver l’adresse d’un restaurant et répondre même à certaines questions. Siri est ainsi capable d’identifier un morceau de musique  et de nous donner son titre et le nom de son interprète grâce à son moteur de reconnaissance musicale.

Le géant américain Google dispose de milliards de données collectées par ses robots qui analysent en permanence les innombrables bases qui stockent des pages Web, des livres numérisés, des images et des vidéos ; cela lui permet, avec son projet "Google Brain", de poursuivre le développement d’une intelligence artificielle fondée sur l’apprentissage en profondeur des machines.

À l’instar du cerveau humain qui apprend à reconnaître une image et sait distinguer un chat d’un chien, ou sait faire la différence entre un « sot », un « seau » et un « saut »,  l’objectif de ce projet de recherche est d’améliorer la compréhension des machines pour que nous puissions un jour dialoguer avec elles en langage « naturel ».  

Zoom sur quelques projets de recherche en intelligence artificielle

Les machines sont aujourd’hui plus performantes que nous pour raisonner de manière logique : preuve en est le programme AlphaGo de Google qui a remporté 4 parties sur 5 contre un des meilleurs joueurs mondiaux de go en mars dernier. Cette victoire montre la puissance et la capacité d’apprentissage des programmes d’IA car le jeu de go propose un nombre incommensurable de combinaisons à explorer pour trouver la meilleure tactique.

Par ailleurs, le programme d’IA Deep Dream du même géant américain a pour but d’apprendre aux machines à générer de l’art et à développer la créativité des machines. On « nourrit » leur mémoire de milliards d’images pour leur apprendre à classifier des formes, des motifs, des couleurs. Une fois entraîné, le réseau de neurones est capable d’analyser et de distinguer des formes dans une image, puis par association de formes, il peut trouver des images similaires : lorsqu’on lui montre l’image d’un ciel avec des nuages, Deep Dream peut y voir des oiseaux, des anges, des arbres, des palais, et toute sorte d’images issues de l’imaginaire humain. Le programme imite ainsi notre capacité à reconnaître des visages, des corps ou des animaux dans des formes.

Depuis que le code source du projet est à disposition des développeurs, des milliers d’images ont été soumises à Deep Dream, qui a généré des images loufoques et psychédéliques, bourrées de têtes de chiens ou d’animaux étranges. Ces images produites par des machines font même l’objet d’un mouvement artistique appelé « inceptionisme » ! Ces machines, aussi intelligentes soient-elles, ne sont pourtant pas des artistes : les productions qu’elles génèrent sont issues de programmes et non pas de leur imagination et de leur sensibilité.

Il est clair que l’intelligence artificielle n’en est qu’à ces balbutiements et n’a pas fini de nous ébahir. Elle peut nous rendre bien des services et nous aider à vivre mieux. Mais gardons toujours à l’esprit qu’une intelligence froide et sans conscience peut nous conduire à notre perte. Alors, servons-nous de notre intelligence d’humain et  prenons le temps de cogiter la formule de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Pour aller plus loin...

Un article du Radis vert, rédigé à partir des sources suivantes :

Latribune.fr ; huffingtonpost.fr ; lemonde.fr ; lefigaro.fr ; slate.fr ; wikipédia.fr ; humanoïdes.fr  ; Deep Dreamgenerator