L'éco-conception des produits

Les produits manufacturés sont à l’origine de nombreux impacts environnementaux. Pour limiter ces impacts, les industriels ont mis en place depuis quelques années une nouvelle approche, l’éco-conception qui consiste à intégrer l’environnement dès la conception d'un produit, et lors de toutes les étapes de son cycle de vie. Depuis la production des matériaux qui le constituent jusqu'à sa mise au rebut, un produit traverse de nombreuses étapes. Toutes ces étapes méritent d'être considérées lors de la phase de conception, qu'elles soient situées très en amont, comme l'extraction des matières premières, ou très en aval, comme l'incinération ou la mise en décharge. On parle d’analyse du cycle de vie de l'objet.

En plus de l’analyse du cycle de vie, d’autres éléments sont à prendre en compte comme une étude plus approfondie du comportement de l'utilisateur, une attention plus réfléchie portée au choix des matériaux et des technologies mises en œuvre, des réflexions sur la durabilité, la traçabilité, la recyclabilité ou non d’un produit… Si l'éco-conception constitue un axe majeur de prévention ou de réduction des impacts environnementaux (consommation de matières premières et d'énergies, déchets, rejets…), cette démarche est aussi une source d’innovation et de créativité qui dynamise la réflexion autour des produits, une opportunité nouvelle de différenciation, un facteur de compétitivité future pour les industriels.

Du design au design numérique

L'ère numérique modifie notre rapport aux objets et à leur fabrication. Cette nouvelle ère a un impact sur le rôle et le travail du designer, sur la conception et l'offre des produits. Dans ce contexte d'industrie numérique et de nouveaux modèles économiques, le design numérique, application du processus du design sur les objets "connectés" issus des technologies de l'information et de la communication, se développe de plus en plus. On peut définir les objets "connectés" comme une hybridation de produits, de services, de réseaux, d'usages que l'on trouve sous des formes autant immatérielles - web, logiciel, système de communication... - que matérielles - téléphone, ordinateur, télévision, futurs objets "connectés" de la vie quotidienne.

Ce nouveau design s'inscrit dans les enjeux majeurs de la conception de services comme créer de la simplicité, du désir, de l'appropriation... Le designer réfléchit à la relation entre l'objet, l'électronique qu'il contient et l'écran avec lequel il communique. Un objet contemporain réussi est une synthèse d'éléments physiques (le boîtier du smartphone, par exemple), numériques (l'écran tactile) et de services (les applications). L'interface cristallise le potentiel, l'utilisation et la personnalité du produit. Elle est à ce titre un enjeu de création et de différenciation, indissociable du produit dans son ensemble. Si Apple rencontre tant de succès, c'est grâce à ses designers, qui ont su créer des objets avec des images, des symboles, des gestes que l'utilisateur peut comprendre et apprécier.

Des objets fabriqués directement par les designers

La fabrication par les designers de leurs propres outils et protocoles de production est un phénomène qui se développe avec le numérique. Pour être plus indépendants dans la conception des objets, les designers se mettent à élaborer des machines "maison" et à "bidouiller" les programmes qui vont les piloter. Depuis quelques années, plusieurs designers se tournent vers la création artisanale de machines à commandes numériques, comme les imprimantes 3D. À travers elles, ils se plongent au cœur des logiques de production et s’immiscent dans le paramétrage des machines. Insatisfaits des systèmes de production existants, les designers mettent la main à la pâte et endossent des activités relevant du bricolage, de l’artisanat, de l’ingénierie...

Le développement des Fab Labs - Fabrication Laboratories, lieux dédiés au partage d’outils de fabrication et de production - à travers le monde va dans ce sens. Pour certains, l'idée serait de court-circuiter les réseaux de grande production industrielle. Pour la plupart des Fab Labs, le but est avant tout d’encourager un service de proximité et la créativité des individus en proposant à n’importe qui, designer ou non, d’utiliser des technologies qui habituellement sont du ressort de l’industrie.

La tendance slow design

À l’instar du slow food - mouvement créé en Italie en opposition à la culture alimentaire des fast-foods - le slow design se propose de suivre le même combat appliqué à la création des objets. Slow fait référence à la lenteur, la lenteur nécessaire d’un coté à la fabrication des objets (temps nécessaire à la production artisanale, aux études des formes, aux choix des matériaux...) mais aussi du coté de l’acheteur (réflexion sur les besoins réels d’un nouvel achat). Théorisé par l’universitaire anglais Alastair Fuad-Luke en 2004, le slow design suggère de créer des objets en série limitée à partir de techniques de fabrication écologiques : une manière détournée de protester contre l’invasion des objets fabriqués en grande série, standardisés, ignorant les processus du développement durable.

Cette tendance séduit des créateurs et des designers contemporains pour les valeurs qu’elle défend : création opposée à l’idée de "rapidité" de l’industrialisation, recyclage de matériaux, utilisation de matériaux encourageant le développement durable, utilisation de techniques traditionnelles, élaboration simple. Le slow design nous amène à ralentir notre rythme de consommation et à nous faire réfléchir sur la manière dont nous consommons...