L'audace de prendre un risque est tout d'abord stimulée par le cerveau limbique. Celui-ci réagit à la fois en fonction de la perception éprouvée et des expériences mémorisées. La perception joue un rôle important dans l'évaluation du risque. C'est alors qu'intervient la prise de décision pour oser ou non le risque. Elle nécessite d'avoir confiance en soi. La pédagogie positive donne et renforce cette assurance. Enfin, face aux risques, 3 profils comportementaux émergent : les éviteurs qui souhaitent l'éviter, les réducteurs qui en minimisent les effets, les optimiseurs qui en acceptent les conséquences. Chacun d’eux obéit à un principe.

La perception du risque

Il existe une grande diversité de perceptions et d'appréciations du risque : les craintes ne sont pas les mêmes d'une culture, d'une classe sociale ou d'une époque à l'autre ; le souci de sécurité non plus. Un adolescent ne perçoit pas comme un adulte car son cerveau n'est pas complètement formé.

Comment fonctionne notre perception ?

La perception met en jeu des capteurs (appelés récepteurs sensoriels) capables de transformer l'information reçue en message nerveux de nature électrique. Cette transformation s’effectue  par l'intermédiaire de substances chimiques (les neurotransmetteurs). Face à une information nouvelle, certains neurones vont s'associer pour créer de nouvelles connexions synaptiques, comme si l'on construisait des routes pour relier plusieurs villes. Plus l'information est répétée,  plus elle est conservée dans la mémoire à long terme.

Le passage du message nerveux de neurone à neurone ou de neurone à cellule musculaire est une opération délicate qui peut être perturbée par des substances psychotropes, en particulier par les drogues.

Comment est-elle biaisée ?

La perception du risque peut être entravée ou amplifiée non seulement par des facteurs subjectifs, propres à chaque être humain, mais aussi par des facteurs culturels ou conjoncturels propres à des communautés humaines ; raisonnements fallacieux, illusions, conscients ou inconscients; erreurs de jugement ; perceptions erronées.

La décision est donc prise en suivant rarement un choix purement logique. Les individus perçoivent plus intensément les pertes que les gains (loss aversion). Ils ont beaucoup de mal à percevoir la Loi des grands nombres et ont plutôt tendance à appliquer la Loi des petits nombres : ainsi, même si les accidents de voiture sont beaucoup plus fréquents que les "crash" d'avion, ce sont les voyages aériens qui les effraient le plus. 

Dès lors un biais cognitif s’introduit dans leurs perceptions. Les personnes tendent à extraire plus d'informations des données qu'elles n'en contiennent. Lorsqu'elles pensent être dans une période de chance, elles sous-estiment la probabilité des événements qui leur sont défavorables et surestiment ceux qui leur sont favorables.

Le système limbique: son rôle dans une situation à risque

Le cerveau limbique régule les émotions, la mémoire, les capacités d'apprentissage. Il agit lors de toute prise de décision à partir de nombreuses réactions chimiques internes. Celles-ci sont influencées par nos actes et notre environnement qui modifient nos émotions, nos comportements, nos capacités cognitives et même nos pensées. Il évalue les émotions procurées par les situations et envoie le message adapté (mécanisme de réflexe corporel, production d'hormones comme l'endorphine qui freine, l'adrénaline qui stimule l’action).

Plus précisément, c'est l'amygdale du cerveau limbique qui reconnait une situation risquée (voir schéma ci-dessous) et envoie un message adapté selon deux voies :

  • la voie rapide qui permet, via l’amygdale, une réponse précoce, instinctive;
  • la voie lente qui permet une analyse de la situation et compare avec des expériences antérieures mémorisées. Cela permet une réponse plus appropriée. Cette réponse réfléchie se décide dans une autre partie du cerveau, le cortex préfrontale (partie consciente : siège de l’intelligence, de la pensée, de la raison, des mouvements volontaires et de la sensibilité).  

La pédagogie positive : donner confiance pour oser

Sans jugement et valorisante, la pédagogie positive permet de prendre confiance en soi pour pouvoir oser, se dépasser, lutter contre la peur de l'inconnu. Car « prendre un risque n'est pas une mauvaise chose s'il permet de le comprendre et le maîtriser, d'oser l'impossible et le réaliser ». Il n'y a pas de progrès sans risque. Tout progrès suppose un saut vers le nouveau, l'inconnu, le passage d'un état stable et connu à un nouvel état, par une situation momentanément perturbée.

La transformation des propres conceptions d’un individu provoque chez lui de l'angoisse. Il s'agit donc de lui laisser la possibilité, tout d'abord, de s'exprimer, sans risquer d’être jugé ; de poser des questions ; puis d'avoir le droit à l'erreur. « Une erreur n'est pas un échec, et comprendre d'où elle vient est souvent bien plus porteur que la réussite dès le premier essai...surtout si c'est par hasard ! »

Principe de précaution, principe de prévention, principe d'attrition

Le principe de précaution 

vise à tenir compte des incertitudes scientifiques dans l’évaluation et la gestion des risques. Il a été annexé au droit international de l’environnement puis à la Charte de l’environnement en 2004 et à la Constitution en 2005. Il permet de s’interroger sur un risque de façon précoce, d’engager des recherches scientifiques sur des domaines inconnus. Le principe de précaution oblige encore plus à s’interroger sur les conséquences de certains progrès.

Mais c'est d'abord un principe d'évaluation. Il ne va pas jusqu'à demander au chercheur ou à l'industriel de prouver l'absence de risque, car le risque zéro n'existe pas. La mesure doit être provisoire. Après avoir identifié la possibilité de la survenue d'un risque, à l'aide de connaissances empiriques ou scientifiques, cette mesure est révisable, car le risque devient connu.

Le principe de précaution fait débat dans notre société. Ceux qui sont contre évoque le blocage à l’innovation, à la prise de risque. Ceux qui sont pour le voient comme un outil à la prise de décision.

Une fois le risque identifié, le principe de prévention est appliqué

Il donne des directives, des prévisions, des réglementations et des mesures de protection envers un risque connu mais dont la probabilité de réalisation est inconnue (risque nucléaire, industries chimiques).

Mais souvent il faut risquer malgré les pertes car elles sont négligeables au vu des résultats bénéfiques attendus.

C'est le principe d'attrition qui définit le taux acceptable de pertes matérielles (objets, équipements, meubles…), immatérielles (libertés, clients, relations…) et humaines (individus). L'individu ou l'organisme assument les conséquences de leurs choix.