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Evolution dépression

Question

L'évolution de la dépression (et les maladies mentales en général également) dans la population mondiale depuis 1900 jusqu'à aujourd'hui. En terme de pourcentages et de nombre de personnes atteintes.

Réponse

Bonjour,

Votre question nous a été transmise par le service Eurekoi en raison de sa thématique santé.

Vous recherchez des statistiques sur l’évolution de la dépression en France et dans le monde ainsi que sur la santé mentale en général.

Concernant les données mondiales, voici des dossiers proposés par l’OMS :

- Dépression (13/09/21)
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/depression

- Dépression
https://www.who.int/fr/health-topics/depression#tab=tab_1

- Troubles mentaux (08/06/22)
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-disorders

Pour des données américaines :

- Centers for disease control and prévention : Depression
Vous y trouverez des chiffres sur la dépression aux USA.
https://www.cdc.gov/nchs/fastats/depression.htm

Pour des données françaises, nous vous proposons de parcourir plusieurs sites qui proposent des informations chiffrées sur la dépression :

- Santé publique France :

  • Dépression et anxiété : données

 Une prévalence de l'épisode dépressif caractérisé qui évolue significativement entre 2010 et 2017 en France. […]

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/sante-mentale/depression-et-anxiete/donnees/#tabs

  • Santé mentale (mise à jour janvier 2023)

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. […]

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/sante-mentale

- Inserm : Dépression : Mieux la comprendre pour la guérir durablement (maj 06/12/19)

[…]
Une maladie transgénérationnelle
On estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. Et selon le Baromètre Santé 2017, une personne sur dix âgée de 18–75 ans déclarait avoir vécu un épisode dépressif au cours des 12 derniers mois.

La dépression peut toucher n’importe quelle catégorie de la population : adultes, personnes âgées et enfants. Selon cette enquête, la prévalence de la dépression au cours des douze derniers mois était comprise entre 11,2 et 11,4% pour les 15–44 ans, puis diminuait progressivement avec l’âge pour atteindre 8,4 % des personnes parmi les 55–64 ans et 5,5 % parmi celles âgées de 65–75 ans. Ces chiffres sont en augmentation depuis 2010, notamment dans les catégories de la population où les chiffres étaient déjà parmi les plus élevés, comme les femmes, les personnes de 35–44 ans et les chômeurs. […]

https://www.inserm.fr/dossier/depression/#%E2%80%A6-en-termes-de-co%C3%BBt-pour-la-soci%C3%A9t%C3%A9

- Fondation pour la recherche médicale : Tout savoir sur la dépression

La dépression en chiffres
La dépression est une maladie très répandue : elle touche environ 280 millions de personnes dans le monde et l’Inserm estime à 20 % la part de la population française qui souffre au moins une fois dans sa vie de cette affection.

Le site de l’Assurance maladie précise que, pour l’année 2017, près de 10 % des personnes de 18 à 75 ans ont connu un épisode de dépression dans l’année.
La dépression constitue un facteur de risque important de suicide : le risque de tentative de suicide est multiplié par 30 en cas d’épisode dépressif d’après le site
Internet de l’Inserm.
Selon Santé Publique France, on compte environ 9 000 décès annuels par suicide, soit un des taux les plus élevés d’Europe et la 1ère cause de décès des 25-34 ans.

Voir le schéma sur la dépression en France.
https://www.frm.org/recherches-maladies-neurologiques/depression/focus-depression

Nous vous proposons ensuite 2 extraits d’articles du Traité de Psychiatrie de l’Encyclopédie médico-chirurgicale (Elsevier-Masson) dans lesquels, outre des informations chiffrées, vous trouverez les noms d’études qui ont réalisées sur ce sujet.

- Troubles dépressifs / I. Nieto, F. Bellivier. - EMC – Psychiatrie (2017;14(3):1-16 [Article 37-450-A-10]).

 Données épidémiologiques
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 350 millions d'individus dans le monde sont concernés chaque année par la dépression. Parmi eux, seul un quart bénéficierait d'un traitement adapté. La prévalence des épisodes caractérisés est variable d'un pays à l'autre avec des données qui émanent d'études épidémiologiques d'envergure réalisées en population générale.

L'enquête Epidemiologic Catchment Area (ECA), menée aux États-Unis, est la première étude en population générale qui s'est intéressée à l'histoire naturelle de la dépression sur plus de 20 ans. En 1978, les taux de prévalence rapportés se situaient entre 3 et 5,9 % sur la vie entière et entre 1,7 et 3,4 % sur les 12 derniers mois. Quelques années plus tard, l'étude National Comorbidity Survey (NCS) retrouvait des taux supérieurs avec des prévalences de 14,9 % sur la vie entière et de 8,6 % à un an. Si les prévalences étaient différentes de celles rapportées par les études antérieures, il est à noter que les résultats étaient comparables en ce qui concernait l'âge de début de la maladie et la comorbidité psychiatrique dominée par les troubles anxieux et les troubles liés à l'usage de produits [1, 2]. Une étude plus récente, la National Comorbidity Survey Replication (NCS-R), retrouvait des taux de prévalence de 16,2 % sur la vie entière et de 6,6 % sur les 12 derniers mois [3]. Dans cette population, un trouble psychiatrique comorbide à la dépression était retrouvé dans près de deux tiers des cas. Des taux de prévalence de 13,2 % sur la vie entière et de 5,3 % sur l'année étaient rapportés quelques années plus tard par l'étude National Epidemiologic Survey of Alcoholism and Related Conditions (NESARC) conduite sur 43 000 adultes [4]. En Europe, l'étude European Study of Epidemiology of Mental Disorders (ESEMeD) retrouvait une prévalence vie entière des épisodes dépressifs caractérisés de 12,8 % et de 3,9 % pour la dysthymie. Sur les 12 derniers mois, ces taux étaient respectivement de 2,8 % et de 1,1 % [5]. Cette même étude retrouvait en population française des prévalences des épisodes dépressifs majeurs de 6 % au cours des 12 derniers mois et de 21,4 % sur la vie entière. Pour la dysthymie, les taux sur la dernière année et la vie entière étaient de 1,6 % et de 7,9 % [6]. La population féminine est 1,5 à 3 fois plus concernée que l'homme par cette pathologie [7]. L'âge de début variable se situe entre 20 et 50 ans avec un âge moyen à 27 ans. Notons que près de 40 % des sujets présentent leur premier épisode vers 20 ans. La durée moyenne d'un épisode est comprise entre 3 et 4 mois et 40 % des sujets connaissent une récurrence dans l'année [3, 8, 9].

https://www.em-consulte.com/article/1121932/troubles-depressifs

- Épidémiologie des maladies mentales / V. Kovess-Masfety. - EMC - Psychiatrie 2016;14(1):1-10 [Article 37-020-A-20]

Données épidémiologiques
Prévalence et évolution
En France l'enquête nationale la plus complète - ESEMeD - date de 2001. Cette enquête a donné lieu à plusieurs publications sur les données épidémiologiques françaises : la prévalence des troubles [23] présentée dans le Tableau 1, les troubles post-traumatiques [24, 25], le nombre de jours d'arrêt de travail pour problèmes de santé mentale [26]. L'enquête ESEMeD a permis de collecter des informations détaillées sur les troubles mentaux, leurs facteurs de risque, et leur accès aux soins d'une manière très détaillée, y compris aux psychotropes [27, 28] ; qui plus est grâce à sa mise en œuvre européenne, elle a permis de comparer la France aux pays voisins dont les systèmes de soins sont différents tant sur la prévalence des problèmes et leur âge d'apparition [29] que sur l'accès aux soins [30]. Elle a permis de montrer que la prévalence des troubles anxieux et dépressifs ainsi que des comportements suicidaires était plus élevée en France que dans les pays concernés par l'enquête sans qu'on ait pu vraiment comprendre les raisons de ces différences [31]. Malheureusement, cette enquête a été menée en 2001 et n'a été renouvelée.

Par ailleurs en France, un programme de suivi a été instauré dans le cadre du baromètre santé de l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (INPES) qui a intégré un instrument diagnostique standardisé de mesure du trouble dépressif caractérisé et des comportements suicidaires - le CIDI-SF - et qui couvre un vaste échantillon représentatif de la population française métropolitaine. Ce baromètre a montré que la prévalence de l'épisode dépressif caractérisé (EDC) au cours des 12 derniers mois apparaissait stable entre 2005 et 2010 (7,8 %). En revanche, la part de personnes qui présentent des troubles dépressifs mais qui n'ont pas utilisé les services d'un organisme, n'ont ni consulté un professionnel de la santé, ni suivi une psychothérapie, a nettement baissé, passant de 63 % en 2005 à 39 % en 2010.

Chez les hommes et chez les femmes, la prévalence de l'EDC est associée au fait de vivre seul, d'avoir subi des violences au cours des 12 derniers mois ou des violences sexuelles au cours de la vie, ainsi qu'à la consommation quotidienne de tabac. Parmi les femmes, la prévalence de l'EDC est également associée à la situation de chômage. Cependant, le baromètre ne couvre pas les troubles anxieux encore plus fréquents et ne couvre que partiellement les abus de substances.

Une enquête spécifique sur la dépression et sa prise en charge, Anadep, a été réalisée en 2005 par une équipe de l'INPES [32] auprès d'un échantillon de 6497 personnes rigoureusement tirées au sort et dont le taux de réponses a été de 63 %. L'instrument utilisé a été le CIDI-SF ; le taux sur un an de troubles dépressifs a été de 5 % ; (17,8 % sur la vie) ; 2,7 % pour les hommes et 7,1 % pour les femmes sur l'année passée. L'enquête a aussi évalué la prévalence de l'anxiété généralisée sur un sous-échantillon (4042) : 5,1 % sur la vie (6,8 % chez les femmes et 3,2 % chez les hommes). À noter que cette enquête comme celle d'ESEMeD partait d'une évaluation « sur la vie » pour ensuite calculer la prévalence sur un an à partir de la persistance des symptômes l'année passée. Cette méthode peut aboutir à des taux légèrement inférieurs aux enquêtes qui partent directement des symptômes l'année passée dans la mesure où, particulièrement pour la dépression, le début et la fin de l'épisode ne sont pas si tranchés.

La même année, quatre enquêtes régionales (Île-de-France, Rhône-Alpes, Lorraine et Haute-Normandie) ont été conduites auprès de plus de 20 000 personnes avec un taux de réponse satisfaisant (65 %). L'enquête a été conduite par téléphone et utilisait des instruments standardisés tels que décrits plus haut, recommandés par les experts européens : échelles de santé mentale du SF 36 (www.sf36.org/) ; CIDI-SF pour les troubles dépressifs et anxieux, problèmes avec l'utilisation des substances et accès aux soins très détaillés ainsi que des données précises sur la situation socioéconomique : situation professionnelle, niveau d'études, revenu et composition du ménage [33]. L'enquête a trouvé une prévalence de troubles dépressifs sur un an qui varie de 7,8 % en région Haute-Normandie à 10,6 % en Île-de-France (9,1 % sur l'échantillon total). L'anxiété généralisée était évaluée à 3,8 % (Tableau 2).

Dans l'ensemble, les enquêtes citées qui ont été faites sur des échantillons représentatifs et utilisent le CIDI ou le CIDI-SF évaluent la prévalence sur un an de la dépression en France de 5 à 9 %.

On doit cependant citer d'autres enquêtes conduites en France et qui utilisent des méthodes assez différentes, et partant, trouvent des taux beaucoup plus élevés. Dans l'enquête Depression Research in European Society (DEPRES) menée en 1996 à partir d'un panel marketing comprenant plus de 78 000 personnes dans six pays européens dont la France [34], la prévalence de la dépression au cours des six derniers mois mesurée par le MINI y est de 17 %. On peut en rapprocher l'enquête Mental Health in General Population (MHGP) qui trouve une prévalence de dépression de 11 % au cours d'une période beaucoup plus courte : les deux dernières semaines [35]. Cette même enquête trouve aussi une prévalence très élevée de troubles anxieux : 21,6 % dont 12,8 % d'anxiété généralisée [36].

En fait, comme le commentent les auteurs de cette publication, qui ne précisent pas la période sur laquelle les troubles sont mesurés, le MINI semble largement surestimer les prévalences, en partie parce qu'il ne tient pas compte du retentissement. De plus, l'enquête MHGP a choisi de faire les entretiens sur des volontaires recrutés dans la rue ou dans des lieux publics comme les grands magasins, comportant de ce fait un important risque de biais de sélection, même si des ajustements peuvent être faits post hoc sur les variables sociodémographiques. On doit aussi citer l'étude du Centre de recherche, d'études et de documentation en économie de la santé [CREDES] (actuel Institut de recherche et de documentation en économie de la santé [IRDES]) menée au même moment auprès d'un échantillon d'assurés sociaux, qui montre avec le même instrument une prévalence de 12 % au cours du dernier mois [37]. Dans tous les cas, ces prévalences sur deux semaines ou un mois qui pourraient sembler se rapprocher des prévalences sur un an doivent être corrigées et augmentées pour tenir compte de la différence des périodes. À titre d'exemple, dans l'enquête Anadep ci-dessus, la prévalence sur la vie de la dépression était trois fois plus élevée sur la vie que sur l'année passée et dans l'enquête ESEMeD, celle sur un an six fois plus élevée que celle sur un mois.

D'une façon générale, ces enquêtes cumulent les problèmes méthodologiques en ce sens qu'elles sont faites sur des échantillons de panel ou de personnes non sélectionnées au hasard (excepté celle du CREDES) et utilisent un instrument qui n'opérationnalise pas tous les critères diagnostiques, dont le retentissement, ce qui peut faire une grande différence dans l'appréciation d'un trouble dépressif ou anxieux. À ceci s'ajoute une évaluation sur une période beaucoup plus courte : deux semaines ou un mois pour les deux dernières alors que leurs taux sont comparés à des prévalences d'un an habituellement utilisées dans les publications internationales. Elles ne sont donc pas comparables.

https://www.em-consulte.com/article/1084352/epidemiologie-des-maladies-mentales

A noter que ces 2 articles sont consultables dans leur intégralité à la Cité de la santé. Vous trouverez les informations pratiques pour nous rejoindre sur le lien suivant :
https://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/bibliotheque/informations-pratiques

Votre question ayant un aspect historique puisque vous souhaitez des chiffres depuis les années 1900, nous vous invitons à interroger nos collègues de la BIU Santé Médecine qui  

est une bibliothèque de référence au niveau international dans le domaine de la médecine et de l’odontologie

https://u-paris.fr/bibliotheques/biu-sante-medecine/

Sachez que les bibliothécaires répondent également en ligne via le service Poser une question.
https://u-paris.fr/bibliotheques/poser-une-question/

Enfin nous vous proposons de parcourir notre sélection de sites internet sur les statistiques en santé :
https://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/chercher-de-la-documentation/selection-de-sites/recherche-dinformation

Nous espérons que ces différentes pistes vous permettront de trouver les données recherchées et restons à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé,
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.
Service Questions-santé            
http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/

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