Thé vert et le foie

Bonjour,

Après une cholangite biliaire primitive et une hépatite auto-immune, vous avez reçu une transplantation hépatique. Vous nous demandez si la consommation excessive de thé vert peut être à l’origine d’une inflammation et de ces maladies hépatiques.

Nous vous proposons les informations générales suivantes.

Tout d’abord, nous vous proposons la lecture des dossiers concernant la cholangite biliaire primitive et l’hépatite auto-immune.

- Le Manuel MSD des Editions Merck décrit dans le dossier suivant les causes de la Cholangite biliaire primitive (CBP)

La cholangite biliaire primitive (CBP) est une inflammation qui se caractérise par une cicatrisation progressive des canaux biliaires intra-hépatiques. En fin de compte, les canaux sont obstrués, le foie devient cicatriciel et une cirrhose avec insuffisance hépatique se développe.
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Causes de la CBP
Bien que sa cause soit inconnue, la maladie est probablement d’origine auto-immune (le système immunitaire de la personne attaque les tissus de son propre organisme). La cholangite biliaire primitive survient souvent chez les personnes atteintes d’autres maladies auto-immunes, comme la polyarthrite rhumatoïde, la sclérodermie, le syndrome de Sjögren ou la thyroïdite auto-immune. 

Une cause auto-immune est aussi possible parce que plus de 95 % des personnes atteintes de CBP présentent certains anticorps anormaux dans leur sang. Ces anticorps attaquent les mitochondries (petites structures qui produisent l’énergie dans les cellules). Toutefois, ces anticorps ne participent pas à la destruction des canaux biliaires. Ce sont d’autres cellules immunitaires qui attaquent les canaux biliaires. On ne sait pas ce qui déclenche cette attaque, mais cela pourrait être l’exposition à un virus ou à une substance toxique.

https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-du-foie-et-de-la-v%C3%A9sicule-biliaire/fibrose-et-cirrhose-du-foie/cholangite-biliaire-primitive-cbp

- L’AFEF (Association Française pour l’Étude du Foie) référence en matière de recommandations de la prise en charge des traitements des maladies liées au foie, confirme dans le dossier LA CHOLANGITE BILIAIRE PRIMITIVE (CBP) :

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Pourquoi et comment se développe-t-elle ?
La cholangite biliaire primitive est une maladie chronique du foie. C’est le système immunitaire d’une personne atteinte qui cause des lésions lentes et progressives des voies biliaires (les petits canaux qui transportent la bile du foie vers le tube digestif). 

La maladie est nommée cholangite biliaire primitive (CBP) parce que le système immunitaire endommage les canaux biliaires à l’intérieur du foie. L’inflammation des canaux biliaires porte le nom de cholangite. Le terme médical «primitive» employé dans ce cas indique qu’il n’existe aucune raison clairement connue pour cette détérioration. Étant donné que la maladie bloque ou empêche l’écoulement de la bile, on appelle la CBP une maladie cholestatique (2).

La CBP se développe et progresse généralement lentement. Des médicaments peuvent ralentir son évolution, surtout si les traitements sont précoces.

Les causes de la CBP demeurent inconnues, mais les données existantes laissent penser que la CBP se manifesterait chez des personnes génétiquement prédisposées, suite à l’exposition à un facteur environnemental indéterminé.

On considère que la CBP est une maladie auto-immune (le système immunitaire combat ses propres cellules qu’ils jugent comme néfastes). Dans le cas de la CBP, le système immunitaire, normalement conçu pour protéger des infections et du cancer, pense que les cellules de canaux biliaires ne font pas partie de l’organisme et les agresse. Une infection ou une exposition à une quelconque substance environnementale pourrait déclencher cette réaction inadaptée.

https://afef.asso.fr/la-cholangite-biliaire-primitive/

Concernant l’hépatite auto-immune, le Centre Hépato-biliaire Paul Brousse indique dans Les Hépatites Auto-Immunes :

L’hépatite autoimmune (HAI) est une maladie inflammatoire du foie caractérisée par la présence d’autoanticorps (AAc) sériques, d’une hypergammaglobulinémie polyclonale et d’une infiltration lymphocytaire périportale qui n’est pas due à une autre cause (médicamenteuse, virale ou toxique).

Les HAI sont des maladies rares dont l’incidence annuelle est d’environ 1,9/100 000 habitants et la prévalence de 16,9 / 100 000. Elles représentent moins de 6 % des hépatites chroniques en France. La prévalence, comme pour celle d’autres maladies auto-immunes, varie selon un gradient géographique nord-sud. En effet, il existe une fréquence plus élevée en Europe du Nord que l’on peut expliquer par l’association avec l’haplotype HLA A1-B8-DR3.

La maladie peut débuter à tout âge, mais elle est particulièrement fréquente entre 10 et 30 ans et de 40 à 50 ans. Elle touche à la fois les hommes et les femmes, mais il existe une nette prédominance féminine selon un ratio de 4 pour 1.

https://www.centre-hepato-biliaire.org/maladies-foie/hepatite-autoimmune.html

Au sujet de la consommation de thé vert et de l’hépatotoxicité, un article est paru dans le Bulletin d’information toxicologique de l’Institut national de santé publique du Québec :
Arnaud Canneva, Éric Villeneuve, Bulletin d’information toxicologique Volume 33, Numéro 2 pp. 13-14

Extraits de thé vert et hépatotoxicité : un réel danger?
Résumé
Le thé vert, souvent proposé en infusion, est aussi offert sous forme d’extraits concentrés dans des suppléments pour diverses indications. Même si cette substance est habituellement considérée comme anodine pour la santé, plusieurs cas d’hépatotoxicité reliés à la consommation de suppléments qui en contiennent ont mis en doute sa sécurité sans pour autant établir un lien de causalité direct. Dostal et collab. ont donc tenté de mieux décrire le profil d’innocuité des suppléments de thé vert dans le cadre d’une étude randomisée, contrôlée et à double insu d’un an, réalisée auprès de femmes postménopausées risquant de développer un cancer du sein. Au terme de l’étude, plus de patientes faisant partie du groupe recevant des suppléments de thé vert présentaient une élévation de l’enzyme hépatique alanine aminotransférase (ALT) que celles faisant partie du groupe recevant le placebo. Toutefois, la majorité des cas d’hépatotoxicité se sont avérés légers et autorésolutifs. Quoique l’étude présentée ici ait pu être influencée par certaines variables confondantes, il serait approprié de déconseiller au public la consommation de suppléments de thé vert en raison de leur profil d’innocuité et du manque de données prouvant leurs vertus. Enfin, vu les doses utilisées dans cette étude, il semble aussi possible que des cas d’hépatotoxicité puissent survenir lors d’une consommation massive et chronique de thé vert en infusion, même si cela reste à prouver.
[…]
Conclusion
En résumé, la consommation chronique d’une quantité importante d’extraits de thé vert semble augmenter le risque de subir des perturbations hépatiques, bien que les conséquences cliniques significatives soient rares. Plus d’études seront toutefois nécessaires pour déterminer quelles populations vulnérables se verraient déconseiller la consommation de ces suppléments. Même si une consommation abusive peut théoriquement induire des troubles hépatiques, une consommation occasionnelle et raisonnable de thé vert en infusion ne pose vraisemblablement aucun risque pour la santé. 

https://www.inspq.qc.ca/toxicologie-clinique/extraits-de-vert-et-hepatotoxicite-un-reel-danger

Le Manuel MSD  des Editions Merck consacre un article au Thé vert :

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Effets indésirables
Les effets indésirables sont le plus souvent liés aux effets de la caféine. Ils comprennent insomnies, anxiété, tachycardie et légers tremblements. Les femmes enceintes doivent éviter un excès de caféine.
De rares cas d'hépatotoxicité ont été rapportés. Une revue de 2016 portant sur des essais contrôlés randomisés ayant évalué l'hépatotoxicité a mis en évidence des événements hépatiques indésirables chez quelques sujets des groupes d'intervention sur le thé vert, principalement des élévations spontanées des enzymes hépatiques (8). Cependant, la revue de l'United States Pharmacopeia (USP) de l'hépatotoxicité du thé vert a rapporté que le jeûne augmentait considérablement la biodisponibilité de la catéchine, probablement en saturant l'élimination hépatique de premier passage (9). Puisque des types hépatocellulaires de lésions hépatiques sont possibles, les produits qui ont des tampons de vérification USP ont des étiquettes qui indiquent que le thé vert infusé ne doit pas être pris à jeun et de consulter un professionnel de santé si des symptômes hépatiques se développent. Le risque de lésions hépatiques en buvant du thé vert en infusion sur un estomac vide n'a pas été suffisamment étudié.

https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/sujets-sp%C3%A9ciaux/compl%C3%A9ments-alimentaires/th%C3%A9-vert

En complément, un article écrit par Anne-Marie Roussel, Professeur émérite de biochimie nutritionnelle, et paru dans Pratiques en nutrition étudie les effets du thé sur la santé :

Thé vert, thé noir, quels bénéfices pour la santé?
Pratiques en nutrition Volume 16, numéro 62 pages 29-34 (avril 2020)

Résumé
Une partie des flavonoïdes du thé vert, les catéchines, est oxydée en théarubigines et une partie de celles du thé noir en théa-flavines. Le risque de maladies cardiovasculaires, d’hypertension, de syndrome métabolique et de déclin cognitif diminue chez les buveurs réguliers de thé, en relation avec ses propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, vasodilatatrices, insulino-potentialisatrices et modulatrices du microbiote. Ces bénéfices potentiels semblent aussi importants pour le thé noir que pour le thé vert, en particulier dans la protection vasculaire.
[…]
Toxicité potentielle
Le thé consommé de façon raisonnable, à raison de trois à cinq tasses par jour, n’affecte pas négativement notre santé.
Des effets délétères peuvent apparaître chez les grands buveurs de thé noir (plus de huit tasses par jour), en lien avec :
• un excès de caféine : les apports de caféine par le thé doivent rester globalement inférieurs à 400 mg/jour et dépendent de la consommation d’autres sources de caféine (café, boissons à base de cola, boissons énergétiques) ;
• la réduction de l’absorption du fer non héminique dans le tractus gastro-intestinal par les polyphénols tanniques, dont le thé noir est riche, et qui inhibent davantage que les catéchines l’absorption du fer : les sujets déficitaires en fer devraient donc s’abstenir de boire du thé noir [38] dont la consommation est en revanche recommandée en cas de surcharge en fer (hémochromatose, ferritine élevée, risque cardiovasculaire) ;
• les interactions : au-delà de huit tasses par jour, les tannins du thé peuvent interférer avec l’absorption intestinale de certains nutriments ou médicaments, entraînant l’inhibition des isoenzymes du cyto-chrome (CYP) 450, CYP3A4, CYP1A1 et CYP1A2 [39].
La question de l’ajout de lait fait encore débat, mais il semble que l’addition au thé noir diminue ses bénéfices vasculaires et son effet hypotenseur [40]
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Points à retenir
• Le thé vert et le thé noir contiennent la même quantité de composés bioactifs polyphénoliques. La différence de composition entre ces deux boissons vert résulte du procédé de fabrication et de fermentation.
• La faible biodisponibilité et la métabolisation complexe des composés bioactifs du thé suggèrent des mécanismes d’action indirects sur la signalisation cellulaire plutôt qu’une action directe.
• Les mécanismes d’action du thé vert et du thé noir sont très proches et complémentaires : antioxydants, anti-inflammatoires, insulino-potentialisateurs, vasodilatateurs et modulateurs du microbiote. Les bénéfices santé concernent essentiellement la sphère cardiovasculaire, la prévention du syndrome métabolique et du diabète de type 2, ainsi que la neuroprotection.
• Les effets santé du thé s’observent pour une consommation régulière moyenne de trois à six tasses par jour.
• Il est difficile de privilégier une forme de thé particulière : le thé vert, plus étudié, semble particulièrement adapté à la prévention du vieillissement cellulaire et à ses conséquences, et le thé noir, à la protection cardiovasculaire.

https://www.em-consulte.com/article/1366634/the-vert-the-noir-quels-benefices-pour-la-sante

Enfin, le Réseau Nutrition Activité physique Cancer Recherche (NACRe) propose une fiche sur le thé vert, dans laquelle figurent les informations suivantes tant sur la forme infusée que sur les extraits de thé vert, Thé vert et cancer :

Peut-on consommer du thé vert à volonté ?
Sous forme d’infusion
- Il diminue l’absorption du fer : consommer le thé en dehors des repas et dans des quantités limitées.
- En cas de consommation régulière : boire de préférence du thé vert issu de l’agriculture biologique.
- Les boissons trop chaudes (à plus de 65°C) augmentent le risque de cancer de l’œsophage : laisser refroidir le thé avant de le consommer.
Sous forme de compléments alimentaires
- Une dose trop importante (800 mg/jour) est associée à des risques de toxicité hépatique : ne pas consommer ces compléments alimentaires en grande quantité.
- Le Haut Conseil de la Santé publique recommande d’éviter la prise de compléments alimentaires en dehors de prescriptions médicales.

https://www.reseaunacre.eu/content/download/5661/48752?version=4

Nous espérons que ces informations vous seront utiles et restons bien entendu à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, 
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.
Service Questions-santé
http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/