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Changer une prothèse mécanique par une prothèse biologique

Question

J'ai 43 ans, non mariée. Je fais une opération chirurgie de cœur pour remplacer la valve mitrale par une prothèse mécanique de type Saint Jude N°29 au 02/06/2022. Est-ce que je peux changer la prothèse mécanique par une prothèse biologique parce que je ne veux pas prendre le médicament à cause des effets.

Réponse

Bonjour,

Porteuse d’une valve mécanique depuis peu, vous souhaitez savoir si vous pouvez recevoir une valve biologique car vous ne souhaitez pas prendre le traitement anticoagulant.

Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à notre service mais nous vous rappelons que Questions-santé est un service documentaire animé par des documentalistes. C’est pourquoi, comme indiqué sur notre portail, nous ne pouvons donner d’avis médical. Seule l’équipe médicale qui vous suit pourra vous indiquer si cet échange est possible et dans quel délai.

A titre d’information générale, voici ce que l’on peut lire sur le site de la Fédération française de cardiologie :

Les prothèses mécaniques
Elles furent d’abord à bille, puis à disque et, désormais, à ailettes. Celles à double ailettes utilisées aujourd’hui se présentent comme un disque séparé en son milieu en deux hémi-disques pivotants.
Le grand avantage des valves mécaniques est qu’elles ne s’altèrent pas avec le temps. Mais cette absence d’usure à une contrepartie : l’obligation d’un traitement anticoagulant, surveillé régulièrement par des tests de coagulation (INR).

Les prothèses biologiques
Constituées de tissu naturel, les valves biologiques ne nécessitent pas, elles, de traitement anti-coagulant. L’inconvénient est qu’elle se dégradent avec le temps et nécessitent donc, à terme, une nouvelle intervention.
97 % des valves biologiques sont de bioprothèses constituées de tissus d’origine animale : péricarde de veau ou valve aortique de porc, qui sont fixées avec une solution pour éviter les réactions de rejet. Les 3 % restants sont constitués d’homogreffes (valves humaines prélevées sur des cadavres humains et cryopréservées) et d’autogreffes (la valve pulmonaire normale du patient est utilisée pour remplacer l’orifice aortique malade, l’orifice pulmonaire étant appareillé avec une homogreffe). Ces homogreffes sont utilisées dans les cas les plus difficiles et apportent un avantage indiscutable dans le traitement des endocardites complexes.

Surveillance et durée de vie
D’une durée de vie théoriquement illimitée, la prothèse mécanique nécessite donc un traitement anticoagulant, surveillé régulièrement par des tests de coagulation (INR).
Sans cette surveillance et adaptation correcte du traitement anticoagulant, le patient s’expose à des risques thromboemboliques ou hémorragiques pouvant entraîner des accidents graves, en particulier neurologiques.

La bioprothèse ne nécessite pas d’anticoagulant mais sa durée de vie limitée peut poser problème. Elle reste cependant la valve la plus utilisée pour corriger la valvulopathie la plus couramment observée en France : le rétrécissement aortique calcifié serré du sujet de plus de 70 ans.

https://www.fedecardio.org/je-m-informe/les-valvulopathies-les-traitements/

Nous vous proposons ensuite la lecture d’un article rédigé par l’Unité de cardiologie et chirurgie cardiaque de l’hôpital Jacques Cartier à Massy (France) et intitulé Les principaux facteurs de choix d’une prothèse cardiaque :
 

On voit que l’âge et la nécessité ou non de suivre un traitement anticoagulant vont, pour un patient donné, conduire au choix d’une bioprothèse ou d’une prothèse mécanique. Schématiquement, les patients au-delà de 65-70 ans recevront une bioprothèse qui ne nécessite pas de traitement anticoagulant mais avec un risque de dégénérescence structurelle après 10 à 15 ans de fonctionnement avec une bioprothèse mitrale alors que cette dégénérescence ne surviendra qu’après une vingtaine d’années avec une bioprothèse aortique. A l’inverse, les patients de moins de 65-70 ans recevront plus volontiers des prothèses mécaniques mais seront soumis à vie à un traitement anticoagulant. En position aortique un patient de plus de 65 ans chez qui on implante une bioprothèse n’a que 10% de risque d’être réopéré après 15 ans et ce risque n’est que de 15% après 20 ans dans la série française la plus ancienne. Le risque d’une réintervention est le même que celui de la primo-implantation si elle est réalisée « à froid », dans un contexte non urgent et en l’absence d’endocardite.

En plus de ces critères importants de l’âge et du traitement anticoagulant, d’autres critères vont orienter le choix de la prothèse valvulaire, notamment le désir du patient correctement informé, ses activités physiques professionnelles et sportives.
Par ailleurs, chez la jeune femme en âge de procréer, on préfèrera une bioprothèse afin d’éviter les risques tératogènes du traitement anticoagulant qui, de plus, est difficile à équilibrer au cours de la grossesse en raison de la variation du volume du sang (volémie).
Chez les patients dialysés et en l’absence d’hyperparathyroïdie non contrôlée, on peut préférer les bioprothèses qui permettent une gestion plus aisée des séances de dialyse du point de vue de l’anticoagulation.
Chez le patient qui ne peut pas suivre un traitement anticoagulant ou qui ne peut pas en contrôler son efficacité pour des raisons économiques, sociales, géographiques ou psychiques, on préfèrera utiliser une bioprothèse plutôt qu’une prothèse mécanique.
Les patients qui sont déjà sous traitement anticoagulant en raison d’une autre pathologie (troubles du rythme cardiaque, antécédents d’embolie pulmonaire, autre prothèse cardiaque mécanique déjà implantée…) recevront plus volontiers une prothèse mécanique qu’une bioprothèse.

On voit ainsi que si l’âge, la possibilité de suivre et de contrôler un traitement anticoagulant, le désir du patient correctement informé sont les facteurs principaux du choix d’une prothèse cardiaque, au final, ce choix doit être l’objet d’une discussion entre le patient, le cardiologue et le chirurgien.

http://www.chirurgiecardiaquejacquescartier.com/bioprothese-ou-prothese-mecanique/

Nous espérons que ces éléments d’information vous permettront d’enrichir le dialogue avec vos médecins qui connaissant votre dossier médical, restent vos interlocuteurs privilégiés. 

Nous restons bien entendu à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé,
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.

Service Questions-santé

NB : Nous vous remercions d'avoir autorisé la publication de votre question. Vous pourrez la retrouver dans les pages de la Cité de la santé 

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