La détoxification du corps

Bonjour,

Vous souhaitez des informations sur la détoxification du corps, en particulier les organes qui sont mis en jeu et leur fonctionnement. Vous nous demandez si une cure « détox » peut être utile.

Tout d’abord, le Dictionnaire de l’Académie Nationale de Médecine donne la définition suivante :

émonctoire n.m.
Organe qui élimine les déchets du métabolisme.
Le foie, les reins, les intestins et les poumons exercent un rôle d’émonctoire. Le foie a par ailleurs la faculté d’éliminer des substances toxiques. 
Étym. lat. emunctorium, dérivé de emungere : moucher

https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=%C3%A9monctoire

- Concernant le foie, le Centre Hépato-Biliaire Paul Brousse décrit son rôle dans le dossier Les Fonctions du Foie

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Détoxification
Certaines substances qui arrivent au foie sont toxiques pour l'organisme : le rôle du foie est de dégrader ces substances en produits non-toxiques. Les produits lipo-solubles sont ensuite reversés dans la bile, puis dans l'intestin, et éliminés dans les selles. Les produits hydro-solubles sont reversés dans le sang, qui les mène jusqu'aux reins : ils sont éliminés par les urines.
Ainsi, l'ammoniaque, qui est naturellement produite par le colon lors de la décomposition du contenu digestif, possède une forte toxicité neurologique. Menée au foie par la veine porte, celle-ci est dégradée par les cellules hépatiques en urée, puis éliminée dans les urines.
Le foie joue aussi un rôle essentiel dans le cycle de décomposition de l'hémoglobine. Les globules rouges ont une durée de vie d'environ 120 jours. À l'issue de cette période, ils sont détruits dans la rate, où la dégradation de l'hémoglobine produit de la bilirubine libre. La bilirubine libre est toxique et peut être nocive ; elle possède une couleur jaune caractéristique. Elle parvient au foie par voie sanguine et y est transformée en bilirubine conjuguée, non toxique. Celle-ci est ensuite déversée dans la bile, dont elle est un des composants majeurs : c'est elle qui est responsable de la couleur jaunâtre de la bile et, lors de son évacuation par l'intestin, donne la couleur jaune / marron des selles.
L'alcool (éthanol) ingéré parvient aussi pour l'essentiel jusqu'au foie. Absorbé par les cellules hépatiques, il est transformé en acétaldéhyde puis en acétate. Ces substances sont reversées dans le sang et éliminées par voie rénale. Mais l'éthanol et l'acétaldéhyde ont un effet toxique sur les cellules hépatiques : elles possèdent des propriétés chimiques qui perturbent gravement leur fonctionnement, et entraînent la stéatose hépatique.
Les médicaments pris par voie orale parviennent de la même façon au foie : celui-ci absorbe et élimine une partie des substances actives du médicament. Les dosages des médicaments prennent en compte cette intervention du foie, qu'on appelle « effet de premier passage ».

https://www.centre-hepato-biliaire.org/maladies-foie/fonctions-h%C3%A9patiques.html

- Le Nephropôle Lyon-Villeurbanne vous donne des explications sur l’Anatomie et rôle des reins

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Le rôle des reins
Chacun d'entre nous possède normalement deux reins. Ils sont situés dans la partie postérieure de la cavité abdominale, de part et d'autre de la colonne vertébrale.
Les reins sont des organes vitaux sans lesquels on ne peut pas vivre. Ils assurent plusieurs fonctions.

Fonction de filtration / épuration.
Manger, boire, faire de l’exercice physique et tout simplement vivre produit des toxines dans notre corps. Ces toxines sont des molécules produites par le fonctionnement normal de l’organisme. Celles-ci, ainsi que l'excès d'eau, s'accumulent dans le sang qui les transporte vers nos reins, véritable station d'épuration du corps.

Les reins filtrent les substances toxiques indésirables et éliminent l'eau en excès via l'urine qui sera stockée dans la vessie avant d'être évacuée. Le sang épuré, quant à lui, quitte le rein pour rejoindre l'organisme.
Le débit sanguin rénal est élevé, environ 600 mL/min, soit ¼ du débit cardiaque.

https://www.nephrologie-lyon.com/anatomie-et-role-des-reins

- Le Manuel MSD des Editions Merck décrit le rôle de l’appareil digestif dans l’article Présentation de l’appareil digestif

Qu’est-ce que le système digestif ?
La digestion est le processus consistant à fragmenter les aliments en différents nutriments, sources d’énergie pour l’organisme. 

Le tube digestif (également appelé tractus gastro-intestinal ou tractus GI) est le tube creux que les aliments traversent quand on les avale et qu’ils sont digérés, et qui expulse les déchets de la digestion sous forme de selles.

https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/les-faits-en-bref-troubles-digestifs/biologie-de-l-appareil-digestif/pr%C3%A9sentation-de-l-appareil-digestif

- Le Vidal, site de référence des produits de santé, indique dans le dossier Le rôle du gros intestin dans la digestion

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Le rôle de la flore intestinale
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Les différentes fonctions de la flore intestinale
La flore intestinale joue un rôle essentiel dans l’organisme : 

• elle participe au bon fonctionnement du système immunitaire ;
• elle protège le tube digestif et l’organisme contre l’implantation et la multiplication de bactéries potentiellement dangereuses ;
• elle participe à la synthèse de certaines vitamines : vitamines B5, B8 et B12 et vitamine K, par exemple ;
• elle peut neutraliser certaines substances toxiques, les toxines, fabriquées par les germes à l’origine d’infections intestinales.

https://www.vidal.fr/sante/nutrition/corps-aliments/digestion-aliments/gros-intestin.html

- Le Manuel MSD des Editions Merck décrit le rôle des poumons dans l’article Présentation du système respiratoire

La fonction principale du système respiratoire est de prendre l’oxygène et d’éliminer le dioxyde de carbone par l’intermédiaire des poumons. L’oxygène, qui se trouve dans l’air, est inspiré dans les poumons. L’oxygène est nécessaire à l’organisme pour produire de l’énergie et rester en vie. Le dioxyde de carbone, un déchet de la production d’énergie, est dangereux s’il s’accumule et doit être éliminé de l’organisme par les poumons, puis réinjecté dans l’air expiré. Le système respiratoire fonctionne étroitement avec le système circulatoire, qui transporte l’oxygène des poumons vers les autres organes de l’organisme et élimine le dioxyde de carbone des organes pour le transporter vers les poumons.
Le système respiratoire permet également de maintenir la température corporelle (en régulant la température de l’air inspiré), d’éliminer l’eau de l’organisme (par la vapeur d’eau dans l’air expiré), d’éliminer la poussière et les micro-organismes de l’air entrant, d’éliminer le mucus ou d’autres substances des poumons (en toussant et en activant de minuscules structures semblables à des poils appelées cils), de faciliter la perception de l’odorat (en faisant passer l’air par le nez) et de produire la voix (dans le larynx).

https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-pulmonaires-et-des-voies-a%C3%A9riennes/biologie-des-poumons-et-des-voies-respiratoires/pr%C3%A9sentation-du-syst%C3%A8me-respiratoire

S’agissant de détoxification de l’organisme, l’Inserm propose une vidéo dans sa série Canal détox, dans laquelle vous trouverez des éléments de réponse données par l’intervenant Robert Barouki, médecin biochimiste toxicologue de l’Inserm : Une cure détox pour être au top…vraiment ?

Notre organisme produit ses propres déchets, surtout lors des périodes de fêtes où il carbure à plein régime. Et puis, il y a les substances étrangères qui viennent de notre environnement : pesticides, métaux lourds et autres composés plastiques. Mais pas de panique. Si l’on en croit les médias et les magazines, une bonne cure détox devrait nous aider à nettoyer tout ça. Mais au fait, peut-on compter sur les bains de pieds ioniques pour nous décrasser ? Et les cures d’artichaut, de millepertuis… ça fonctionne ? Canal détox coupe court aux fausses infos… sur la détox !
[vidéo]

https://www.youtube.com/watch?v=Kv0jf7FTB0w

Enfin, un article de la revue Pratique en nutrition écrit par Ghislain Grodard Diététicien nutritionniste, responsable de la commission scientifique et recherche de l’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN), fait le point sur ce sujet : Le concept de l’alimentation détoxifiante : détox ou intox ?

Pratiques en nutrition Volume 15, numéro 57 pages 17-20 (janvier 2019)
Résumé
Le concept de l’alimentation dite “détox” est très médiatisé. Porteur de messages riches de promesses, il revêt des formes variées. Si les réactions de détoxification sont physiologiques, il n’est cependant pas démontré avec un niveau de preuve satisfaisant qu’il existe un intérêt à suivre des cures détox ou des régimes hypotoxiques. La stratégie est marketing et l’objectif mercantile. La prudence est recommandée car ces pratiques sont loin d’avoir fait la preuve de leur innocuité.
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Le détox et les régimes hypotoxiques
La cure détox est associée à des termes comme “détoxification” ou des néologismes comme “détoxication” ou “détoxination”. Les allégations sont protéiformes : “programme de nettoyage interne”, “favorise l’élimination”, “facilite la digestion et élimine la congestion du foie”, “stimule le métabolisme”, “dépolluant”, etc. (encadré 1). En pratique, le détox rassemble trois modalités : le jeune, la cure et les régimes “hypotoxiques”.
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L’argumentation est souvent, sinon toujours, basée sur une dichotomie entre bon et mauvais, bien et mal, reposant sur une vision manichéenne de l’alimentation humaine. Ainsi, il y aurait d’un côté les “ennemis”, selon l’idée que des aliments riches en nutriments comme les protéines génèrent des toxines, et de l’autre les “amis” avec, en premier lieu, les aliments riches en antioxydants capables de “nettoyer” les émonctoires. Emprunté à l’anatomie, le terme désigne les organes ayant pour rôle d’éliminer les déchets organiques du métabolisme (foie, reins, intestin, peau et divers canaux d’excrétion comme l’anus et l’urètre).

La détoxification comme processus physiologique
Avant de parler de détoxification, il paraît important de définir ce qu’est une substance toxique. Pour les toxicologues, il s’agit d’un poison capable de perturber le fonctionnement normal d’un organisme vivant. Une telle substance peut être de source naturelle (poussières, pollen, etc.), artificielle (urée-formaldéhyde, par exemple), chimique (comme l’acétone) ou biologique (aflatoxines, anthrax, toxine botulique, etc.) [2]. Les toxines biologiques sont pathogènes et produites par des bactéries, des champignons ou d’autres organismes vivants. Une substance toxique peut induire des cancers, provoquer des altérations du matériel génétique, l’irritation ou la sensibilisation des muqueuses, diminuer les facultés mentales ou motrices, voire porter atteinte à la santé d’une personne en mettant sa vie en danger.
En cas d’exposition à une substance toxique, les défenses de l’organisme reposent sur les réactions dites “de détoxification”. Celles-ci sont physiologiques et sont en réalité des réactions de désactivation et d’excrétion des molécules biologiques (issues du métabolisme) et des xénobiotiques (molécules étrangères au métabolisme telles que médicaments, alcool, etc.) en raison de leur potentielle toxicité. Elles se déroulent le plus souvent dans le foie et en deux temps : les réactions de phase I permettent l’inactivation des substrats et celles de phase II, dites “de conjugaison”, rendent le composé plus hydrosoluble et plus polaire pour mieux l’excréter (bile, urines). Ce processus se nomme la clairance hépatique. L’excrétion peut se réaliser par voie rénale (urine), gastro-intestinale (selles), pulmonaire (air expiré), cutanée (sueur) ou lactée (lait). Par exemple, le sang transporte de nombreux produits vers les reins, dont plusieurs déchets provenant du métabolisme. Les reins filtrent le sang, remplissant ainsi une fonction essentielle au maintien de l’équilibre des éléments sanguins, et assurent l’élimination de nombreuses substances.

Le concept de détox d’un point de vue scientifique
L’idée de renforcer le processus naturel de détoxification par l’ingestion de certains aliments ou extraits de plantes ne repose sur aucune donnée scientifique valable (encadré 2). Ainsi, entre 2008 et 2012, une soixantaine d’allégations santé portant sur des plantes ou des substances revendiquant un effet détox ont été soumises à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui les a toutes rejetées, en raison d’un effet revendiqué trop imprécis, d’une relation de cause à effet non établie ou encore d’un manque de données scientifiques [3].

Encadré 2
La détoxification en question
L’organisme est autonome face aux toxiques. L’idée qu’il est urgent de se “détoxiquer” parce qu’il peut être faillible, “dépassé”, “surchargé” par les toxiques, et qu’il faudrait lui venir en aide relève de la croyance populaire. Elle va de pair avec la notion de purification du corps et de maîtrise de sa santé envisagée comme un capital.
Une poignée d’études a montré que les cures et régimes détox commerciaux améliorent la détoxification du foie et éliminent les polluants organiques persistants du corps, mais leur qualité est mise à mal par des méthodologies erronées et des échantillons de petite taille. Des preuves préliminaires suggèrent que certains aliments tels que la coriandre, les algues nori et l’olestra (une graisse synthétique) ont des propriétés de détoxification, mais la majorité de ces études a été réalisée sur des animaux. À ce jour, aucun essai contrôlé randomisé n’a été mené pour évaluer l’efficacité du détox chez l’homme (encadré 3) [4].

Encadré 3
L’efficacité du détox en question
Il n’existe aucun mécanisme connu capable d’améliorer le fonctionnement d’organes sains afin qu’ils soient plus efficaces en matière de détoxification et de maintien de l’homéostasie.
Les régimes monodiètes ont été pointés du doigt par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en 2011, en particulier les cures “soupe au chou” et “citron-détox”. La première est un régime très hypocalorique basé sur l’ingestion d’un bol de soupe au chou à chaque repas, l’autre consiste en la consommation exclusive d’une boisson composée de jus de citron, de sirop d’érable ou de sirop de palme. Pour l’Anses, ces alimentations particulières ne sont pas équilibrées et peuvent entraîner des carences et des troubles du comportement alimentaire [5].
L’innocuité de ces méthodes est loin d’être reconnue sur le plan médical. La survenue de pathologies liées à la mise en œuvre de cures détox a été décrite, notamment celle d’affections neurologiques [6]. Le contrôle des produits destinés spécialement à ces cures peut également poser un problème. Un cas d’empoisonnement létal au manganèse à la suite de l’ingestion d’un produit alimentaire détoxifiant a été relaté en Espagne [4].
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La vérité sur les cures détox
Ces pratiques se fondent sur des arguments pseudo-scientifiques et relèvent davantage de la stratégie marketing. Le but est commercial et mercantile. Le bien-être et l’idée de purification sont des moyens au service d’une rationalité stratégique plus que d’une véritable action thérapeutique. L’objectif semble être de vendre des produits de consommation ou des objets s’y rapportant (livres, magazines, applications, etc.) en sachant que l’argument détox est très convaincant. Mais ces méthodes sont des artefacts des industries de parapharmacie et agroalimentaires. Les allégations avancées ne sont pas vérifiées et ne bénéficient d’aucune caution des institutions sanitaires.
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https://www.em-consulte.com/article/1277454/article/le-concept-de-l-alimentation-detoxifiante-detox-ou

Nous espérons que ces informations vous seront utiles et restons bien entendu à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, 
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.
Service Questions-santé
http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/