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Téflon

Question

Pourquoi est-ce que le gouvernement n’interdit pas l’usage du Téflon ? Nous savons que c’est toxique.

Réponse

Bonjour,

Vous nous demandez pourquoi le Teflon® n’est pas interdit. Vous faites allusion à sa toxicité.

Tout d’abord, les laboratoires Eurofins donnent une définition du Teflon® et son contexte d’utilisation dans l’article L’histoire des PFAS

Le Téflon®, première molécule de la famille des PFAS
Les substances perfluoroalkylées (PFAS) sont des composés chimiques totalement anthropiques, c’est-à-dire qu’ils ont été créés par l’Homme. Ils sont formés volontairement, mais aussi parfois involontairement par certains procédés industriels.
Le premier composé de la famille des PFAS est le Polytetrafluoroethylène (PTFE) ou Téflon ® qui a été découvert accidentellement en 1938 par la firme DuPont de Nemours aux Etats-Unis. En essayant de refroidir un gaz avec de la neige carbonique, le chercheur a obtenu une poudre polymérisée soluble dans quasiment aucun solvant et résistante à des températures supérieures à 260°C. A l’époque, les chercheurs n’ont trouvé aucune propriété intéressante au PTFE et la molécule n’a pas été exploitée.
C’est seulement en 1940, à l’occasion du projet de développement de la bombe atomique américaine dans le cadre du projet Manhattan, que le PTFE a été utilisé pour la première fois. Les chercheurs avaient en effet besoin de joints résistants aux solvants et aux refroidissants extrêmement puissants utilisés pour maîtriser la phase d’enrichissement de l’Uranium 235.
La molécule a été déclassifiée en 1949, année où DuPont de Nemours a déposé la marque Teflon® et commencé à commercialiser le PTFE à grande échelle via une importante campagne commerciale entre 1954 et 1960. Il était utilisé à la fois dans l’industrie et dans les produits de consommation courante. La première utilisation du PTFE dans les ustensiles de cuisine remonte à 1951.
[…]

https://solutionsdurables.eurofins.fr/blog/lhistoire-des-pfas/

Le site AFP Factuel, service de l’Agence France-Presse traite du sujet de la présence du Teflon® (PTFE) dans les objets de la vie courante, dont les ustensiles de cuisine, dans l’article publié le 16 avril 2024 L'"innocuité" des "polluants" PTFE dans les poêles SEB prouvée par la science ? Pas si simple.

Les parlementaires français envisagent d'interdire les PFAS, ou "polluants éternels", dans des produits de consommation. En avril, lors de l'examen en première lecture du texte, les députés ont exclu les ustensiles de cuisine. Dans les semaines précédentes, le groupe français SEB, un des leaders du secteur, s'était fortement mobilisé contre une interdiction qui pourrait concerner le PTFE, un PFAS qu'il utilise dans les revêtements de ses poêles et casseroles. Ses dirigeants ont affirmé que son "innocuité" est "reconnue par les agences sanitaires française, européenne, et internationale" et que "la science s'est prononcée". Mais attention ce n'est pas si simple. Comme l'ont expliqué agences sanitaires et experts à l'AFP, les données sur ce PTFE sont incomplètes et/ou anciennes. Pour autant, en l'état actuel des connaissances, il n'y a pas de "signal d'alerte" et les autorités jugent son impact sur la santé "négligeable". Les scientifiques rappellent aussi, qu'en cas de mauvaise utilisation, l'innocuité de la substance n'est plus garantie, et les PTFE sont très persistants dans l'environnement.
[…]

https://factuel.afp.com/doc.afp.com.34NW2QT

Pour compléter, nous vous proposons la lecture de deux dossiers récents de l’Anses, agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, consacrés aux substances chimiques per- et polyfluoroalkylées dont fait partie le Teflon® :

  •  PFAS : Mieux connaître les expositions et les dangers (22/10/2025)

Les composés per- et polyfluoroalkylés, désignés collectivement sous le nom de PFAS, sont des substances chimiques qui partagent principalement une caractéristique : celle d’être très persistantes dans l’environnement. Cette persistance conduit à en retrouver dans tous les compartiments de l’environnement. Et, compte tenu du très grand nombre de substances, le défi majeur est de prioriser les actions pour prévenir ou limiter les risques sanitaires et environnementaux. L’Anses s’intéresse de longue date aux PFAS. Elle mène en parallèle plusieurs actions dans ce sens : caractériser les substances les plus fréquemment retrouvées, les niveaux de contamination auxquels les populations sont exposées et identifier les PFAS les plus toxiques. Tour d'horizon de ces travaux.
[…]

Etablir un état des lieux des contaminations aux PFAS en France
L’Anses a engagé des travaux pour préciser le niveau de contamination :

  • En général : prévu pour fin 2025, un bilan global est en cours pour décrire les contaminations aux PFAS dans les eaux, les aliments, l’air et les poussières intérieures (incluant les expositions professionnelles), les sols ainsi que leur présence dans les produits de consommation. Ce bilan, qui nécessite de recenser les dispositifs de surveillance existants, sera l’occasion d’en proposer des évolutions si nécessaire.
  • Pour l’eau de consommation : la nouvelle campagne exploratoire lancée au printemps 2024 par le laboratoire d’hydrologie de l’Anses prend en compte plusieurs PFAS, dont les 20 identifiés par la directive eau 2020/2184. Ces campagnes servent à recueillir des données sur des composés émergents non réglementés ou mal connus pour faire évoluer l’évaluation des risques sanitaires et le contrôle des eaux. Les résultats seront publiés d’ici 2026.
  • Dans les aliments : une vingtaine de PFAS ont été intégrés à l’étude de l’alimentation totale dont la 3ème édition est en cours de réalisation. Ces données contribueront à préciser l’exposition de la population à ces substances par voie alimentaire. Les résultats sont attendus pour 2026.
  • L‘Agence prendra également en compte les données collectées dans le cadre du plan d’actions interministériel 2024 sur les PFAS.

Repérer les PFAS les plus présents et les plus toxiques
Les PFAS représentant plusieurs milliers de substances - entre 4 000 et 15 000 selon les définitions -  il est nécessaire d’évaluer en priorité les plus dangereux et les plus présents dans l’environnement. Pour ce faire, l’Agence a développé une méthode de catégorisation des PFAS qui a permis d’élaborer une liste de substances à surveiller en priorité dans les différents compartiments. Ces substances viennent s’ajouter à la liste des polluants toxiques et persistants – dioxines, PCB, retardateurs de flammes…- qui font l’objet d’une surveillance particulière et de mesures de gestion en cas de présence au-delà des seuils. De cette liste découlent également les substances nécessitant la construction de repères scientifiques en appui aux actions de surveillance et celles pour lesquelles l’acquisition de données d’occurrence dans les compartiments ou de toxicité sont nécessaires.
[…]

https://www.anses.fr/fr/content/pfas-mieux-connaitre-les-expositions-et-les-dangers

- PFAS : des substances chimiques très persistantes

[…]
Pourquoi ces composés sont-ils préoccupants pour notre santé ?
Les travaux scientifiques sur certains PFAS connus montrent qu’ils peuvent avoir des effets délétères pour l’être humain : augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie, sur les reins, etc. Ils sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien (thyroïde) et immunitaire. En décembre 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PFOA comme « cancérogène pour l’Homme » (Groupe 1) et le PFOS comme « peut-être cancérogène pour l’Homme » (Groupe 2B).
[…]

Comment les PFAS sont-ils réglementés ?
Au niveau international 
La convention de Stockholm (2001), accord international visant à encadrer certains polluants organiques persistants, réglemente plusieurs composés de la famille des PFAS au niveau mondial. La production et l’utilisation du PFOS sont restreintes depuis 2009 à une liste d’usages spécifiques qui peuvent être acceptés (photo-imagerie, certains revêtements photorésistants et antireflet, agent de gravure pour semi-conducteurs composés et céramiques filtres, fluides hydrauliques pour l'aviation, placage métallique dans les systèmes en boucle fermée, certains dispositifs médicaux, mousse anti-incendie, certains appâts à insectes). Le PFOA est interdit à l’import, l’export, à la production et à l’utilisation, sauf exemptions particulières, depuis 2020. L’inclusion prochaine dans la Convention de la famille de l'acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS), ainsi que ses sels et composés apparentés, est envisagée.

Au niveau européen
En Europe, plusieurs actions sont en cours pour étendre la convention de Stockholm à d’autres substances de la famille des perfluorés. Les initiatives européennes sur le sujet ont été mises en avant en 2020, en cohérence avec la stratégie de l'Union européenne pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques.
Via le règlement REACH 1907/2006 
[…]
Réglementation dans les eaux de consommation
[…]
Réglementation dans les aliments
[…]
Au niveau national
La loi n° 2025-188 du 27 février 2025 vise à protéger la population des risques liés aux substances PFAS et fixe le principe d’interdire l’usage des PFAS dans les cosmétiques, les farts et les textiles (à l’exception de certains textiles aux usages spécifiques) dès le 1er janvier 2026.

https://www.anses.fr/fr/content/pfas-substances-chimiques-persistantes

Enfin, le site des Ministères économiques et financiers Economie.gouv.fr donne les informations suivantes dans le dossier Tout savoir sur l’interdiction progressive des PFAS écrit le 19/08/2025

Face aux risques sanitaires et environnementaux associés aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), la loi n° 2025-188 du 27 février 2025 instaure de nouvelles mesures de protection. Cette réglementation prévoit l’interdiction progressive de certains produits contenant des PFAS dès le 1ᵉʳ janvier 2026. Comment anticiper dès à présent ces évolutions pour adapter vos pratiques et vos gammes de produits ? On fait le point.
PFAS : quelle réglementation en France et en Europe ?
Au niveau européen
La réglementation européenne encadre déjà certaines substances de la famille des PFAS via le règlement REACH (enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques). Plusieurs composés comme l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), l’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS) ou l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS) sont restreints ou interdits dans certains usages.
En janvier 2023, un consortium de cinq pays (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Suède et Norvège) a déposé un projet de restriction auprès de l'Agence européenne des produits chimiques (AEPC ; en anglais : European Chemicals Agency, ECHA) concernant la fabrication, la mise sur le marché et l’utilisation de PFAS dans le cadre du règlement REACH. Cette proposition de restriction large a été soutenue par la France. 
En France
Le plan d’action national sur les PFAS, publié en janvier 2024, prévoit des mesures de réduction, de surveillance et de substitution des PFAS dans les produits de consommation et les procédés industriels.
La loi du 27 février 2025 vient concrétiser ces engagements, notamment par des interdictions progressives de mise sur le marché de produits contenant des PFAS.
PFAS : quels produits seront interdits en 2026 et 2030 ?
À compter du 1ᵉʳ janvier 2026, seront interdits à la fabrication, à l’importation, à l’exportation et à la mise sur le marché des produits suivants contenant des PFAS :

  • cosmétiques,
  • farts (revêtement sous les skis),
  • vêtements, chaussures et leurs imperméabilisants (excepté les vêtements et chaussures de protection, comme ceux des militaires ou des pompiers).

Cette interdiction sera étendue au 1ᵉʳ janvier 2030 à tous les textiles (d'ameublement, par exemple) contenant des PFAS (sauf exceptions, comme les textiles techniques à usage industriel, qui seront listés par décret).
Ces interdictions ne concerneront pas les produits contenant seulement des traces de PFAS. Des seuils de concentration résiduelle seront définis par décret.
[…]

https://www.economie.gouv.fr/entreprises/tout-savoir-sur-linterdiction-progressive-des-pfas#

En tant que service documentaire, nous ne pouvons aller plus loin dans notre réponse. Nous espérons que ces informations vous seront utiles et restons bien entendu à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, 
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.
Service Questions-santé
http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/

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