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Allo-immunisation foeto-maternelle

Question

Ma femme a fait 2 avortements dans le passé sans faire le sérum anti D car elle ignorait qu'elle était rhésus négatif tandis que je suis de rhésus positif.

Réponse

Bonjour,

Votre femme, de rhésus négatif est enceinte de 5 mois et demi et a perdu un bébé lors d’une 3ème grossesse. Vous vous inquiétez des risques d'apparition d’anticorps irréguliers d’ici l’accouchement. Vous souhaitez des explications.

A titre d’information générale, nous vous invitons à consulter le document rédigé par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), qui explique le mécanisme de l’allo-immunisation et notamment ce passage :

Peut-on éviter une immunisation Rhésus?
Oui, il existe un traitement préventif qui évite l’apparition des anticorps; mais ce traitement n’est plus efficace si une immunisation anti-RhD est déjà présente. Il consiste à injecter, à la mère, des immunoglobulines anti-RhD. Le principe est d’éliminer le plus tôt possible les globules rouges de l’enfant passés chez la mère à l’aide d’anticorps anti-D «prêt à agir» contenus dans ces immunoglobulines. Ainsi, le système immunitaire de la maman n’est pas alerté.

Quand ce traitement est-il proposé?
- Pendant la grossesse :
. après un événement qui a pu favoriser le passage des globules rouges RhD positif du bébé dans la circulation de la mère (liste ci-dessous), l’injection des anticorps anti-D doit se faire dans un délai bref (72 h);
. de plus, au début du 3e trimestre de grossesse, les professionnels de santé vont vous proposer une dose d’anti-D pour neutraliser les passages «spontanés» de globules rouges du bébé vers votre circulation, qui se font plus facilement à cette période.
- A la naissance ou à l’arrêt de la grossesse : moment où se produit souvent un important passage de globules rouges de l’enfant dans la circulation maternelle, l’injection d’une nouvelle dose d’anticorps anti-D sera faite dans les 72h. La dose sera calculée en fonction de l’importance du passage de globules rouges évalué sur une simple prise de sang après l’accouchement.
[…]

Et pour la grossesse suivante?
-Il faut d’abord s’assurer que le traitement préventif a été efficace par une recherche d’agglutinines irrégulières (RAI) 6 mois après la fin de la grossesse.
-Si, au vu du résultat, il apparaît que vous vous êtes immunisée contre le Rhésus-D, il s’agit d’un échec de la prévention - rare mais possible.
-Si la RAI ne montre pas d’immunisation, il faudra alors, pour une nouvelle grossesse, prévoir les mêmes surveillance et prévention que pour celle-ci.

http://www.cngof.net/Journees-CNGOF/MAJ-GO/RPC/rhesus_patientes2006.pdf  

En complément, nous vous proposons de parcourir le site Périnat France (association de médecins autour de la périnatalité) : L'incompatibilité rhésus entre père et mère :

Quel est le mécanisme de l'immunisation foeto-matenelle ?
Supposons qu'une femme de rhésus négatif soit enceinte d'un homme de rhésus positif. Il est possible que l'enfant dont elle est porteuse soit de rhésus positif. Nous allons supposer qu'elle a deux grossesses successives, et que les deux enfants sont de rhésus positif.
- Première grossesse :
aucun problème. Les circulations sanguines de la mère et de l'enfant sont séparées par une membrane, le placenta, qui est tout à fait étanche. La mère tolère sa grossesse sans problème, et l'enfant naît tout à fait sain.
Le jour du premier accouchement, le placenta se rompt, et des globules de l'enfant vont passer dans la circulation sanguine de la mère. Ces globules sont différents de ceux de la mère, puisqu'ils sont porteurs de la molécule rhésus, contrairement à ceux de la maman. Dans le sang de la maman, on trouve des globules blancs, dont la mission est de détruire tout ce qui est étranger. Les globules blancs de la mère vont identifier les globules rouges de l'enfant, noter à leur surface la présence de la molécule rhésus, et donc considérer qu'il s'agit d'une cellule étrangère, à détruire. Ils vont fabriquer pour cela une arme puissante, un anticorps anti-rhésus, ou "agglutinine irrégulière". Cela n'a aucune importance pour l'instant, puisque de toutes façons le premier enfant est déjà né, et donc à l'abri de ces anticorps.

- Une deuxième grossesse survient et l'enfant est à nouveau de rhésus positif. C'est là que le problème se pose. En effet, le placenta est étanche, et ne laisse pas passer les globules. En revanche, les anticorps sont des molécules assez petites, et elles arrivent à traverser le placenta. Les anticorps anti-rhésus (dont la mère est porteuse depuis le premier accouchement) vont donc traverser le placenta et aller détruire, dans la circulation sanguine du second enfant, les globules rouges de l'enfant. Celui-ci naîtra donc avec un grave manque de globules rouges (on parle "d'anémie hémolytique du nouveau-né"). […]

A la lecture de cet article, on comprend que le risque survient si la mère est à nouveau enceinte d’un enfant de rhésus positif. Concernant la prise en charge, il est indiqué :

- Quelle est la prévention ?
La prévention de cette affection est très simple. Le jour du chaque accouchement, après la délivrance, on pratique chez la mère une injection de sérum anti Rhésus (ou anti D). C'est à dire qu'on injecte dans la circulation de la mère une forte dose d'anticorps anti rhésus : ceux ci vont détruire immédiatement les quelques globules de l'enfant qui sont passés dans la circulation maternelle. Les globules blancs de la mère n'auront pas le temps de les identifier, et ne pourront pas se mettre à fabriquer leurs propres anticorps. Quant aux anticorps injectés, ils disparaîtront en trois semaines environ de la circulation maternelle. A la grossesse suivante, il n'y aura donc pas d'anticorps anti rhésus (agglutinine irrégulière) dans le sang de la mère.

Jusqu'à présent nous avons parlé de grossesses suivies d'accouchements. Mais une grossesse ne se termine pas nécessairement par un accouchement: elle peut se terminer par une fausse couche, ou par une interruption volontaire de grossesse. Bien évidemment, le risque d'immunisation maternelle est exactement le même, et une injection de sérum anti D doit être pratiquée chez la mère après chaque fausse couche et chaque IVG.
[…]

- Que faire si la recherche d'agglutinines irrégulières est positive ?
Une femme de rhésus négatif peut être porteuse d'agglutinines irrégulières (elle a pu s'immuniser lors d'une fausse couche ou d'une IVG après laquelle l'injection de sérum anti D n'a pas été faite). Pas de panique. La grossesse devra être surveillée, et un traitement entrepris pour réduire le risque de destruction des globules du foetus. L'efficacité de ce traitement est conditionnée par la précocité du diagnostic: c'est dès le début de la grossesse que les agglutinines irrégulières doivent être repérées.

Remarque : nous n'avons parlé ici que de la plus fréquente des immunisations foeto maternelles, celle qui est due à la molécule rhésus. Il existe d'autres immunisations, dues à d'autres molécules sanguines. Elles sont plus rares et en général moins graves. Le laboratoire qui détermine votre groupe sanguin vous les signalera, et votre médecin vous expliquera la conduite à tenir.

https://www.perinat-france.org/en/node/288

En tant que documentalistes, nous ne pouvons aller plus loin dans notre réponse et vous invitons à échanger sur ce point avec l’équipe médicale qui suit votre épouse. Eux seuls, connaissant son dossier médical et l’ayant examinée, seront en mesure de lui proposer des traitements adaptés si nécessaire.

Nous espérons que ces informations vous seront utiles et vous aideront à enrichir le dialogue que vous aurez avec l’équipe médicale. Nous restons bien entendu à votre disposition pour toute nouvelle recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé,
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.
Service Questions-santé

NB : Nous vous remercions d'avoir autorisé la publication de votre question. Vous pourrez la retrouver dans les pages de la Cité de la santé  (les questions-réponses sont classées par dates)

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