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Questions-santé vous apporte une réponse documentaire dans le domaine de la santé dans un délai de 72h (du mardi au samedi)
Nous vous invitons à interroger l’ensemble des réponses que nous avons déjà rédigées ou l’un des dossiers thématiques que nous avons élaborés. Si vous n’avez pas trouvé de réponse adaptée à votre demande, n’hésitez pas à poser votre question sur notre formulaire (en bas de page)

 

Opération TAVI à venir

Question

Bonjour, J'ai 88 ans. J'ai subi : en novembre 2024 infection urinaire avec poche jusqu'à opération prostate. En janvier 2025 coronarographie et valvuloplastie aortique, résultats sains, inflation avec ballon de 23mm. Le 5 février 2025 une opération transurétrale de prostate. Logiquement je dois aller à Bordeaux pour une opération TAVI, j'attends depuis février! Est ce normal?

Réponse

Bonjour,

Vous avez subi récemment un certain nombre d’interventions chirurgicales au niveau de la prostate et en janvier dernier une coronarographie et une valvuloplastie aortique. Devant subir une implantation de valve aortique par voie transfémorale (TAVI) annoncée en février 2025, vous vous étonnez du délai. Vous nous demandez conseil.

Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à notre service mais nous vous rappelons que Questions-santé est un service documentaire animé par des documentalistes. C’est pourquoi, comme indiqué sur notre portail, nous ne pouvons donner d’avis médical.

Cependant et afin d’enrichir le dialogue avec votre médecin, nous vous proposons les informations générales suivantes.

Tout d’abord, l’Institut cardiovasculaire Paris Sud donne des explications concernant l’opération que vous avez subie, dans le dossier Pourquoi faire une valvuloplastie aortique ?

Le rétrécissement aortique est la plus fréquente des maladies valvulaires. Elle touche essentiellement des personnes âgées de plus de 70 ans. Il se peut néanmoins que des patients plus jeunes puissent être atteints avec des formes congénitales.

Sa fréquence augmente dans les pays occidentaux lié au vieillissement de la population. Elle représente 25 à 30% des maladies valvulaires de l’adulte.

La valve aortique est constituée de 3 feuillets, d’une surface de 2,5 à 3,5 cm2, elle se situe anatomiquement entre le ventricule gauche et l’aorte. Lors de la contraction cardiaque, la valve s’ouvre et permet l’éjection du sang du ventricule vers l’aorte sans résistance. Lors du remplissage ventriculaire, elle se ferme et assure l’étanchéité entre ces mêmes parties.

Le rétrécissement aortique est le résultat d’une calcification, d’une rigidification de la valve ce qui diminue l’ouverture de la valve aortique et entrave l’éjection du sang du ventricule vers l’aorte.

La cause la plus fréquente (étiologie) de cette affection est le rétrécissement dégénératif (lié au vieillissement). La valve est très souvent calcifiée.
[...]
Le diagnostic est fait par une échographie cardiaque qui met en évidence une valve aortique peu mobile, s’ouvrant mal et calcifiée. Le caractère sévère du rétrécissement aortique est défini par une surface inférieure à 1 cm² et un gradient entre le ventricule et l’aorte supérieur à 40 mmHg.

Les symptômes de cette affection sont par ordre de gravité  :

  • la mort subite
  • la syncope à l’effort,
  • l’angine de poitrine d’effort ainsi que l’essoufflement à l’effort

Le patient peut être asymptomatique et le rétrécissement est découvert lors de l’auscultation cardiaque par un souffle. L’évolution naturelle de cette maladie est une aggravation progressive au fil des ans de façon plus ou moins rapide. Lorsque les patients deviennent symptomatiques le pronostic vital est engagé à plus ou moins court terme (de 18 mois à 4 ans selon les symptômes).

Le traitement du rétrécissement aortique s’impose quand il devient serré et que les patients sont gênés. Il pourra se discuter dans certains cas chez les patients asymptomatiques selon des critères précis édités par les sociétés médicales savantes comme la Société Européenne de Cardiologie. Seul le remplacement de la valve est efficace. Il n’y a aucun traitement médical à ce jour qui peut traiter cette affection.

La valvuloplastie aortique est un traitement palliatif qui permet de passer un cap (en vue d’une chirurgie, patient en état critique), ce n’est en aucun cas un traitement efficace sur le long terme.

Le principe est simple, il faut accéder à la valve aortique en ponctionnant une artère fémorale (artère du pli de l’aine) et mettre un ballon au centre de la valve aortique. Le ballon est gonflé, ce qui permet de dilater la valve et augmenter la surface de celle-ci. Ceci permet une meilleure éjection du sang du ventricule gauche et ainsi diminuer les symptômes.

https://icps.fr/cardiologie-interventionnelle/valvuloplastie-aortique-2/

Un article de La Presse Médicale intitulé La valvuloplastie percutanée en urgence : quels patients, quels résultats ? confirme :

La Presse Médicale Volume 45, numéro 10 pages 898-902 (octobre 2016)

Points essentiels

La dilatation aortique est une intervention relativement simple qui ne comporte qu’un faible risque de complication malgré la fragilité et la gravité des patients.

La valvuloplastie aortique en urgence est particulièrement utile chez les patients ayant une contre-indication temporaire au TAVI ou en cas de situation clinique difficile.

Elle permet une amélioration fonctionnelle pendant au moins 6 mois.

Cette période doit être utilisée pour amener le patient à un remplacement valvulaire chirurgical ou à un TAVI, la réalisation isolée d’une valvuloplastie n’ayant pas d’impact pronostique à moyen terme.

Avec le vieillissement de la population, le rétrécissement aortique calcifié (RAC) de l’adulte est devenu la plus fréquente des valvulopathies dans les pays occidentaux [1] et pose un problème clinique fréquent. De nombreux patients ne pouvant être opérés, essentiellement du fait d’un âge très avancé ou de comorbidités, Alain Cribier avait introduit dans notre centre, en 1985, le concept de traitement percutané du RAC en réalisant la première valvuloplastie aortique au ballonnet [2]. Après un engouement initial, la technique a été progressivement abandonnée par la plupart des équipes du fait d’un taux de resténose très élevé à court terme. Les travaux ultérieurs d’Alain Cribier ont alors conduit en 2002 à Rouen à la première implantation de valve aortique par voie transfémorale (TAVI) [3]. Plusieurs études randomisées ont validé la place de cette technique qui est devenue la technique de référence pour les patients ayant une contre-indication ou à haut risque chirurgical [4, 5, 6, 7, 8, 9] et est même récemment apparue comme au moins équivalente voire supérieure à la chirurgie chez des patients à risque intermédiaire [10, 11]. Ce développement du TAVI s’est accompagné d’un regain d’intérêt pour la valvuloplastie aortique, partie intégrante du TAVI, d’une part, d’autre part car un TAVI ne peut pas raisonnablement être réalisé immédiatement chez certains patients, notamment en situation d’urgence.

Patients

La valvuloplastie peut devoir être réalisée en urgence du fait de l’instabilité hémodynamique des patients : choc cardiogénique [12], insuffisance cardiaque réfractaire, bas débit, insuffisance rénale aiguë, syndromes coronariens aigus. Parfois, la valvuloplastie devra être réalisée en urgence de façon à permettre une chirurgie non cardiaque urgente [13]. Le risque de la chirurgie doit alors être pesé par rapport à celui de la valvuloplastie et la décision de valvuloplastie dépendra notamment du caractère symptomatique du rétrécissement aortique [14]. Enfin, la valvuloplastie pourra être proposée en urgence dans certains cas, du fait non pas d’une instabilité hémodynamique, mais de la nécessité d’une prise de décision urgente quant à la stratégie thérapeutique chez des patients pour lesquels une décision de TAVI paraît difficile.
[…]

Conclusion

Du fait des améliorations techniques, la dilatation aortique est devenue un geste de cathétérisme interventionnel relativement simple avec un risque de complication acceptable malgré la fragilité et la gravité des patients. La période d’amélioration fonctionnelle obtenue est courte et doit être utilisée pour envisager un geste définitif, TAVI ou remplacement valvulaire aortique chirurgical. La valvuloplastie aortique garde donc encore une place importante, notamment en urgence, en cas d’instabilité hémodynamique ou de situation clinique difficile, lorsque les patients ne peuvent bénéficier immédiatement d’un TAVI.

https://www.em-consulte.com/article/1090652/la-valvuloplastie-percutanee-en-urgence-quels-pati

Des précisions concernant les traitements que vous mentionnez sont également données dans l’article Rétrécissement aortique orificiel du Traité de Cardiologie de l’Encyclopédie Médico Chirurgicale des Editions Elsevier Masson:

S. Maréchaux, P.-V. Ennezat, A. Altes, N. Thellier, C. Tribouilloy. Rétrécissement aortique orificiel. EMC - Cardiologie 2024;39(1):1-19

Résumé

Le rétrécissement aortique orificiel (RAO) ou sténose aortique est la valvulopathie la plus fréquemment diagnostiquée dans les pays occidentaux. Elle est reliée épidémiologiquement aux facteurs de risque d'athérosclérose. Les deux principales étiologies sont l'atteinte dégénérative (maladie de Monckeberg) et la bicuspidie aortique. Longtemps asymptomatique, le RAO s'accompagne de symptômes survenant tardivement dans l'évolution de la maladie. Initialement fondé sur l'hémodynamique invasive, le diagnostic de sévérité du RAO repose essentiellement sur l'échodoppler cardiaque transthoracique. L'évaluation du score calcique valvulaire lors d'un scanner cardiaque non injecté permet de mesurer la charge calcique et est ainsi un indice important de sévérité de la sténose. Bien que contre-indiqués chez le patient symptomatique, les tests fonctionnels (test d'effort) sont très utiles chez la personne asymptomatique pour détecter les faux patients asymptomatiques qui vont nécessiter une prise en charge rapide. L'échodoppler cardiaque sous faible dose de dobutamine permet de distinguer une pseudosténose d'une vraie sténose chez les patients en bas débit avec dysfonction ventriculaire gauche. Aucun traitement médical n'influence l'histoire naturelle de la maladie. La prise en charge thérapeutique du RAO a été révolutionnée durant ces deux dernières décennies par le développement du TAVI (transcatheter aortic valve implantation - implantation d'une bioprothèse aortique percutanée par voie transcathéter) et représente désormais une alternative à la chirurgie conventionnelle de remplacement valvulaire aortique chez les patients à risque élevé, intermédiaire ou fragiles. Les indications du TAVI évolueront probablement dans un avenir proche vers un glissement chez les patients à plus faible risque, dès que les données de durabilité à long terme des prothèses TAVI seront disponibles et que les prothèses seront mieux adaptées à l'ensemble des bicuspidies.

Modalités de traitement
[…]

Modalité de remplacement valvulaire aortique à retenir et substitut

La décision d'intervenir quelle que soit la modalité doit être réalisée dans des centres spécialisés dans le domaine des valvulopathies avec une collaboration structurée entre chirurgiens cardiaques et cardiologues. Le niveau d'expertise locale doit entrer en ligne de compte. La procédure TAVI est pour l'instant réservée en France aux centres disposant d'une chirurgie cardiaque sur site, mais ces conditions sont susceptibles d'évoluer très prochainement.

Les patients asymptomatiques ou à risque chirurgical faible (STS-PROM/Euroscore II < 4 %, pas de fragilité perçue, d'aorte porcelaine ou de séquelle d'irradiation médiastinale ou de pontages coronaires perméables), de moins de 75 ans, ou opérables et non éligibles à un TAVI transfémoral doivent bénéficier d'un RVA [remplacement valvulaire aortique] chirurgical si indiqué. À l'inverse, les patients contre-indiqués par la heart team à la chirurgie peuvent bénéficier du TAVI ; l'absence de toute procédure est parfois la meilleure décision.

Les patients âgés (≥ 75 ans), ou ceux à haut risque (STS-PROM/Euroscore II > 8 %) ou non éligibles à un RVA chirurgical peuvent bénéficier d'un TAVI.
[…]

La valvuloplastie aortique au ballonnet « en bridge » éventuel vers une procédure TAVI devient de plus en plus rare ; une procédure TAVI étant réalisée souvent d'emblée. Elle n'est discutée que dans l'attente d'un remplacement valvulaire (TAVI ou chirurgical) chez un patient hémodynamiquement instable ou en cas de nécessité de chirurgie non cardiaque urgente (indication de classe IIb).

https://www.em-consulte.com/article/1665577/retrecissement-aortique-orificiel

Enfin à toutes fins utiles, le CHU de Bordeaux consacre une page à Le TAVI et le MitraClip : pour quoi, pour qui ?

Les valves « antiretour » à l'entrée (mitrale) et à la sortie (aortique) du ventricule gauche sont fondamentales pour assurer un bon fonctionnement de la pompe cardiaque. 

En cas de rétrécissement (défaut à l'ouverture) ou de fuite (défaut d'étanchéité en fermeture), le patient ressent un essoufflement pendant les efforts. 

Avant, seule la chirurgie pouvait être proposée. 

Aujourd'hui, des techniques percutanées, c'est-à-dire sans nécessité d'ouvrir le thorax, sont disponibles. Pour la valve aortique, le TAVI consiste à positionner une nouvelle valve à la sortie du cœur, en se servant de l'ancienne comme point d'ancrage. 

Environ 600 TAVI vont être réalisés cette année dans notre unité. 

Pour la valve mitrale, la réparation la plus fréquente est le positionnement d'un MitraClip.

https://www.chu-bordeaux.fr/Espace-m%C3%A9dia/Ces-innovations-qui-r%C3%A9parent-le-c%C5%93ur-!-Zoom-sur-les-valves-cardiaques/Le-TAVI-et-le-MitraClip-:-pour-quoi,-pour-qui-%3F/

En tant que service documentaire, nous ne pouvons aller plus loin dans notre réponse. Nous vous conseillons d’interroger le spécialiste qui vous suit, ou le service dans lequel vous devez être opéré, afin qu’il puisse vous donner un avis concernant les délais en toute connaissance de votre dossier médical.

Nous restons bien entendu à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, 
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.
Service Questions-santé
http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/

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