La sociabilité a une histoire. Interroger cette histoire dans toute sa profondeur avec l’anthropologie et l’archéologie, en chercher les racines dans l’évolution du vivant, c’est questionner à nouveau l’opposition trop familière entre « nature » et « société ». La recherche scientifique apporte ici des contributions essentielles.

 

Les sociétés de chasseurs-cueilleurs

On appelle « chasseurs-cueilleurs» les peuples qui tirent leur subsistance exclusivement de ressources  sauvages, par le moyen de la chasse, de la cueillette, de la pêche ou du ramassage de coquillages. C’était, avant la colonisation, le cas de nombreux peuples, les Aborigènes australiens, les San (anciennement appelés Bochimans), les Pygmées, les Inuit, etc. Par delà leur diversité culturelle, l’anthropologie sociale cherche quels sont les points communs de leurs sociétés. Quels types de structure économique ? Quelles formes d’organisation sociale ? Quelles religions ?

Alain Testart, anthropologue, directeur de recherche au CNRS, membre du laboratoire d'anthropologie sociale

 

La révolution néolithique

L'invention de la domestication des animaux et des plantes représente certainement la révolution technique, sociale, économique, mais aussi idéologique, la plus importante de l'histoire humaine. On s'interrogera ici sur les causes, toujours en débat, de cette révolution, mais aussi sur ses conséquences, puisque le contrôle des ressources alimentaires va mener l'humanité à une explosion démographique qui reste hors de contrôle, et à des transformations sociales essentielles, telles que l'apparition de la hiérarchie ou encore l'usage systématique de la guerre.

Jean-Paul Demoule, archéologue et ancien président de l'INRAP, professeur à l'université de Paris I - Sorbonne

 

Evolution de la socialité dans le règne animal

L’apparition de la coopération et de la socialité dans le règne animal est considérée comme une transition majeure de l’Evolution biologique. Plusieurs théories permettent d’expliquer le passage du mode de vie solitaire à la vie sociale. Les progrès les plus récents dans le domaine de l’écologie comportementale illustrent comment la sélection directe et indirecte ont favorisé la vie coopérative chez les animaux, et plus largement, l’influence de l’expression génétique sur les comportements.

Serge Aron, maître de recherches au Fonds national de la recherche scientifique (Bruxelles), service d'éco-éthologie évolutive, université Libre de Bruxelles

 

Les fourmis : un modèle extraordinaire

Les fourmis sont une des réussites les plus spectaculaires du monde animal. Avec près de 11.000 espèces recensées à ce jour, soit plus d’un million de milliards d’individus, elles ont colonisé l’ensemble du globe. Les progrès considérables de la biologie moléculaire participent largement à la compréhension fine des mécanismes physiologiques, comportementaux et évolutifs ayant permis à ces insectes d’accéder à l’un des sommets de la socialité animale.

Serge Aron: maître de recherches au Fonds national de la recherche scientifique (Bruxelles), service d'éco-éthologie évolutive, université Libre de Bruxelles