Samedi 19 janvier 2019

L’amour traverse et gouverne nos vies. Il oriente nos choix, infléchit le cours de notre existence. Certains le cherchent, d’autres succombent à sa toute-puissance. Il est à la fois source de délectations, d’enchantements, d’extases, et la cause des pires tourments. De l’amour courtois à l’amour romantique, en passant par l’hédonisme amoureux promu par certains discours contemporains, l’amour a ses codes, ses convenances, ses configurations. Il y a toutefois, dans la passion amoureuse, quelque chose qui semble résister à tout effort de conceptualisation. Parce que l’amour est à la fois charnel et spirituel, une expérience de la finitude et de la contingence en même temps qu’une ouverture vers l’absolu, un désir de proximité, de fusion, et, tout à la fois, ce qui nous rappelle l’altérité de l’autre. Le détour par le mythe et la fiction est parfois nécessaire pour comprendre ce que signifie aimer et en quoi consiste réellement l’objet de l’amour.

C’est à partir de la généalogie d’Eros, fils de Poros et de Pénia, que Platon (Le Banquet) met en évidence les tensions immanentes au désir amoureux qui emporte l’âme vers la contemplation du Beau. La scène de théâtre permet à Shakespeare de décliner les ruses, les illusions, les mirages de l’amour qui, comme un enfant, se leurre souvent dans ses choix (Songe d’une nuit d’été, Acte I, scène 1). L’amour-passion dépeint dans la Chartreuse de Parme nous livre l’image de ce que peut être un amour total, absolu, et des épreuves auxquelles il soumet les amants.

Avec : Fabienne Bercegol, professeure de littérature française du XIXe siècle, université Jean-Jaurès, Toulouse. Anne-Marie Miller-Blaise, maître de conférences HDR (habilitée à diriger des recherches), université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Marion Pollaert, enseignante en philosophie à l'Université Paris Sciences & Lettres et à l'Ecole Normale Supérieure. Modération : Catherine Portevin, chef de la rubrique Livres de Philosophie Magazine.